Carrosserie Gresset : « Si chacun assure sa part, on s’en sortira bien mieux »

Girault Nicolas
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Linda Marguier

« Nous sommes fermés depuis le 17 mars midi. Tout le monde a pris ses congés jusqu’à la fin du mois et j’ai demandé le chômage partiel pour avril. J’organise maintenant une reprise en douceur à partir du 14 avril », annonce Linda Marguier, gérante de la Carrosserie Gresset.

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L’entreprise avait reçu le trophée Coup de cœur du Ze Award du carrossier 2018, à la fois pour son dynamisme commercial, son niveau technique et sa gestion bienveillante du personnel.

La carrosserie compte douze salariés et deux apprentis. « Nous avons les salariés, les voitures et les pièces pour redémarrer. Avec une équipe réduite à quatre réparateurs sur la base du volontariat, nous allons voir comment cela se passe sur une semaine. Nous allons chercher les véhicules directement chez les clients, pour éviter qu’ils viennent jusqu’à l’entreprise. Nous essayons aussi de penser à toutes les précautions pour assurer les meilleures conditions sanitaires », précise Linda Marguier.

Son appartenance à la « tribu » Carflex lui apporte une grande aide. « Nous venons de faire une visioconférence sur le redémarrage : gestes barrières, produits à employer, méthode de prise en charge des véhicules, communication vers les clients… Nous échangeons de nombreuses informations, nous évoluons ensemble, avec les compétences de chacun. » Restent néanmoins des inconnues techniques : faut-il aspirer l’intérieur des véhicules potentiellement contaminés ? Doit-on les passer en cabine à 60°C pendant cinq minutes ?... Néanmoins, la carrossière pense redémarrer en réparant d’abord dix véhicules par semaine, contre cinquante habituellement, équipe réduite et gestes barrières limitant la productivité. Sans oublier la réduction de la sinistralité sur un parc de véhicules roulant très peu.

Cinquante dossiers pendant trois semaines

Mais pour assurer cette activité minimum, elle doit résoudre certains problèmes, à commencer par les masques de protection à trouver. Car « lorsque l’hôpital me les a demandés, je les ai donnés sans penser à la reprise. Mon fournisseur a fait la même chose… Je n’ai retrouvé que dix masques et deux combinaisons dans l’inventaire que j’ai réalisé la semaine dernière. » Par ailleurs, elle remarque que les experts ne jouent globalement pas le jeu de l’expertise à distance (EAD). Confinés dans leurs bureaux depuis le début. « Des gens avec lesquels nous travaillons quotidiennement pinaillent pour 0,30 ou 0,50 €. Lorsque l’on préconise des éléments à changer, ils nous demandent de les redresser, puis d’attendre une expertise de terrain. »

Côté financier, « je n’ai pas demandé de prêt garanti par l’Etat et me débrouille par mes propres moyens. Pour l’instant, la trésorerie me permet d’affronter toutes les charges. Car je sais que l’Etat est bien gentil, mais à un moment donné cela risque de se retourner contre nous. Si chacun peut assurer sa part, on s’en sortira beaucoup mieux. » Elle espère traiter une cinquantaine de dossiers confiés par les apporteurs d’affaires sur trois semaines… Après, si l’activité ne repart pas un minimum, elle pense que la situation deviendra encore plus préoccupante.

Girault Nicolas
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