Encore une spectaculaire concentration entre équipementiers, probablement la plus importante depuis
le rachat de TRW par ZF en septembre 2014. Cette fois, c'est Tenneco (8,9 milliards de dollars) qui vient de s'offrir les 7,8 milliards de CA de Federal Mogul dans l'optique de se renforcer sur les marchés asiatiques à forte croissance, a justifié l'équipementier dans un communiqué.Chiffrée à quelque 5,4 milliards de dollars (4,4 milliards d'euros), l'opération se financera par 800 millions de dollars en cash, le reste par l'émission de 29,5 millions d'actions Tenneco et par de l'endettement. Le rachat devrait être finalisé au second semestre 2018. Tenneco annonce que les activités combinées seront ensuite scindées en deux entités distinctes en vue d'une introduction en Bourse au second semestre 2019 :
Futur physionomie du groupe Tenneco
Voilà comment Tenneco imagine l'ensemble après le rachat et comment il prévoit la scission en deux activités qui seront introduites en Bourse courant 2019. A gauche, l'essentiel de l'activité aftermarket; à droite, les principaux bijoux de première monte...
Des nominations prémonitoires ?
Martin HendricksA bien y réfléchir, l'histoire récente des mouvements à la tête de Tenneco était-elle prémonitoire ? Deux importants transfuges de Federal Mogul ont en effet rejoint Tenneco depuis une grosse année.Le 1
er février 2017, Martin Hendricks devenait vice-président exécutif de la division Ride Performance (suspension) chez Tenneco. Chez Federal Mogul Corp., il occupait précédemment le poste de président chargé des activités mondiales des systèmes de freins et dirigeait les activités de l'équipementier en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique (EMEA).
Neville RuddFin mars dernier, nouveau mouvement similaire. Cette fois, c'est Neville Rudd qui quittait son poste de vice-président en charge du freinage mondial de Federal Mogul.Il s'installait alors dans le fauteuil de vice-président pour diriger chez Tenneco l'activité mondiale d'équipement d'origine pour le contrôle de la suspension, partie intégrante de la même division Ride Performance.
Et demain?
Il s'agit évidemment d'une belle opération pour le vendeur Icahn Enterprises et son propriétaire éponyme Carl Icahn qui avait pris le contrôle de Federal Mogul en 2008. Et une opportunité probable pour Federal Mogul, même s'il faut évidemment prédire de probables économies d'échelle structurelles dans les outils de production comme parmi les 87 000 emplois que cumulent maintenant les deux entités. En tout cas, les portefeuilles de produits des deux équipementiers sont totalement complémentaires, à de rares et marginales exceptions près dans les gammes aftermarket de pièces de train avant.Côté distribution, c'est peut-être même une bonne nouvelle pour Federal Mogul. On se souvient qu'en 2015, au terme d'un long bras de fer financier avec Bridgestone, Carl Icahn avait racheté Pep Boys, le réseau de centres auto américain aux 800 implantations.
Vers la fin de l’ambiguïté Pep Boys ?
En bonne logique d'optimisation verticale, le milliardaire avait alors décidé de mettre ce débouché commercial fraîchement acquis au service des gammes équipementières de Federal Mogul... mais en court-circuitant son réseau historique de distributeurs, à commencer par le puissant
GPC (Genuine Parts Company). Le même
qui, fin 2017, a racheté Alliance Automotive Group en Europe sans rien oublier en franchissant l'Atlantique...Il sera probablement plus facile à Tenneco d'arrondir les angles pour restaurer un dialogue transatlantique plus orthodoxe avec GPC. Sauf bien sûr si Carl Icahn, qui a déclaré avoir bien l'intention de rester un actionnaire important de l'ensemble, peut
in fine maintenir la même stratégie...
Siège de Federal Mogul
