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F. Bartholomé, Mobilians : « Pour être entendu, nous devons avancer ensemble avec d’autres organisations  »

Caroline Ridet
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BARTHOLOME Francis

Installation à Bruxelles, l’Association Eco-Entretien en stand-by, décarbonation, coopération… L’organisation aux 25 métiers multiplie les actions d’influence pour faire entendre la voix des services de l’automobile tout en avançant vers plus de durabilité. Plan d’actions 2025.

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Vous avez largement étendu votre empreinte pour arriver à la création d’un 25e métier avec la micromobilité... Ne craignez-vous pas d’être taxé d’omnipotence ?

Francis Bartholomé : Les pouvoirs publics reconnaissent les organisations qui sont susceptibles de représenter une famille large. Dans cette logique, en 2017 nous avons intégré les équipes de la FNCRM (Fédération Nationale du Commerce et de la Réparation du Cycle et de la Moto). Puis en 2018 nous avons créé la SMAVA (services multimarques) pour accueillir les enseignes de centre auto, les spécialistes qui pesaient 27 000 salariés que l’on ne pouvait exclure de nos combats. La deuxième étape a été d’étoffer nos équipes en communication et relations publiques. Et de fait, cette organisation structurée a attiré de nouveaux profils d’adhérents. Toujours en 2018, notre organisation a intégré l’incubateur Station F avec le Moove Lab pour préparer la transition numérique, et ainsi se rapprocher du monde des start-up. Enfin, en 2022, nous avons adopté l’identité Mobilians, un changement de nom qui n’a pas été anodin en nous rendant plus “compréhensible“ par les pouvoirs publics en tant qu’organisation représentant toutes les mobilités. Notre organisation a su évoluer avec un écosystème qui a bougé. Alors, est-ce de la boulimie ? Veut-on continuer à étendre notre influence ? C'est une vraie réflexion, mais nous n’avons pas de plan pour un 26e métier ! Aujourd'hui, nous nous mobilisons plutôt pour identifier les organisations avec lesquelles nous pouvons avancer. Nous avons de bonnes relations avec la PFA, la FIEV, la CSIAM… J’échange régulièrement avec la Feda ou encore la FNA. L’idée est de partager sur les sujets que nous pouvons porter ensemble. 

Pourquoi avoir créé en 2023 Movom, un fonds de dotation ?

F. B. :  Toujours la volonté de faire avancer nos branches professionnelles. Cette structure (fonds de dotation alimenté par des donateurs acteurs de la filière) est un préalable à la création future d’une fondation, permettant de recevoir des fonds de l’Etat destinés à investir activement dans des initiatives porteuses. Ainsi, dans le cadre de Movom, Motul, Norauto et le Club Identicar accompagnent la création de garages-écoles portés par des investisseurs locaux afin de former des jeunes dans des situations compliquées. Aujourd’hui, sept garages-écoles sont actifs et une quarantaine est prévue d’ici 2028. Cette structure s’intègre dans notre démarche RSE et de développement durable.

Mobilians est sorti du Cecra il y a deux ans pour se rapprocher de la ZDK allemande, et porter ensemble des combats à l’échelle européenne. Où en êtes-vous ?

F. B. :  Mobilians vient d’ouvrir des locaux à Bruxelles. Elle concrétise une alliance nouée avec l’organisation allemande ZDK, le Belge Traxio, le Néerlandais Bovag. Les Espagnols et Italiens nous rejoindront sous peu. Disposer d’un bureau à proximité de la Commission européenne est nécessaire pour être entendu à l’échelle européenne. Et le timing est bon puisque la Commission vient d’ouvrir son “dialogue stratégique“ pour l’automobile. Et d’ailleurs, nous avons été reçus par le cabinet d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission. Nous sommes intervenus sur la norme CAFE (Corporate Average Fuel Economy). Nos positions sont invariables. Nous ne remettons pas en cause l’échéance 2035 et l’arrêt de la production de véhicules thermiques, mais la capacité de réagir sur un délai qui est trop court. Nous regrettons que les pouvoirs publics à Bruxelles empêchent systématiquement toute réflexion et toute étude d'impact de cette marche forcée vers le tout-électrique. 

Dernièrement, certains constructeurs ont annoncé relancer la production de véhicules thermiques, et même Diesel…

F. B. : Stellantis et Ford aussi… Sauf qu’ils risquent de devoir payer des amendes ou acheter des crédits carbone… à Tesla ou autres sous forme d’accord dit de « pooling ». C’est tout de même un constat d’échec !  

Quelle est la position de Mobilians face la montée des marques chinoises en France ?

F. B. : Les concessionnaires sont des investisseurs privés, donc libres de prendre la décision de vendre ces nouvelles marques. Mobilians a choisi de travailler en coopération avec les constructeurs et les distributeurs chinois plutôt que de se réfugier – et penser protéger notre marché – derrière des surtaxations qui, de toute façon, ne déstabiliseront aucunement les constructeurs chinois qui sont plus avancés que les Européens sur l’électrification. Et cela ne va pas non plus aider nos industriels européens à rattraper leur retard technologique.  

Justement, parlons décarbonation : où en êtes-vous avec l’Association Eco-Entretien, dont vous êtes le président depuis 2022 ?

F. B. :  Lorsque j’ai pris la présidence, il s’agissait de relancer cet excellent concept qui contribue à dépolluer le parc roulant en améliorant l’état sanitaire d’un véhicule par une analyse [N.D.L.R. : avec un analyseur 5 gaz relié à l’outil de diagnostic Ecodiag] des émissions réelles permettant aux ateliers de réaliser un traitement adapté. Et pour que la démarche soit soutenue par les pouvoirs publics, il s’est vite avéré nécessaire de réaliser une étude d’impact dont le coût s’est avéré très élevé. Nous espérions donc obtenir une contribution de l’Etat pour son financement. Les turbulences politiques hexagonales et finalement la dissolution du gouvernement ont débouché sur l’annulation d’un rendez-vous que nous avions obtenu au ministère de l’Environnement ! À date, le conseil d’administration de l’association a donc décidé de geler la structuration à grande échelle comme nous l’envisagions. Bien entendu, nous conservons l’Association Eco-Entretien mais nous suspendons le développement du label. Cependant, nous lançons de nouvelles réflexions pour que la démarche continue d’évoluer, par exemple en actionnant le contrôle technique, à l’instar de ce qu’ont mis en place nos amis belges de Traxio. 

Vos plans pour 2025 ?

F. B. : Nous allons continuer à décliner nos actions, renforcer notre capacité à faire du lobbying sur notre territoire national en renforçant encore nos relations avec nos partenaires principaux : PFA, SCIAM, FNA, Feda… Car vouloir avancer seul est très compliqué. Et bien évidemment, nous allons amplifier notre influence à Bruxelles, et là encore, non pas seul mais avec nos partenaires européens et notamment allemands. Ce sont clairement nos sujets forts pour 2025.  Et en fin d’année, nous allons renouveler les présidents régionaux et de métiers afin de disposer d’une nouvelle assemblée générale début 2026. 

Et pour le président national ?

F. B. : Mon mandat s’arrête en 2026. Et après douze ans à la tête de l’organisation, les statuts font que je ne me représenterai pas.  

Caroline Ridet
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