La filière detailing en mode structuration
L’esthétique automobile, et particulièrement le detailing, affichent une belle dynamique en 2025. Entre structuration, essor de produits phares et impact de la restitution de véhicules de LOA, de LLD et le remarketing VO, le secteur est optimiste.
« Nous sommes la troisième branche la plus représentée au sein de la FFC Mobilité Réparation & Services », annonce Bruno Serna, directeur du développement de la société Addict Auto et cheville ouvrière de la FFC Detailing. Avec depuis début 2025 un nouveau président, Fabrice Bonin, patron de ByFab, premier centre de formation dédié au detailing en France fondé en 2013, la branche multiplie les initiatives.
Réunions mensuelles, travail sur les conditions générales de vente, développement d'un contrat d'assurance spécifique… La branche a même établi trois niveaux de tarification, comme en carrosserie. Un T1 relatif à la préparation extérieure et habitacle ; un T2 lié au polissage et à la pose de céramique ; un T3 incluant le poli-lustré, le covering et la pose de film PPF. Un outil de calcul du "bon prix", intégrant les coûts produits et énergie, a même été imaginé.
La restitution en one-step
L'explosion du marché de la restitution booste le secteur. Les pros se tournent principalement vers le one-step, permettant de rendre son lustre à un véhicule en une seule passe.
« Certaines marques ont sorti des pads thermo qui permettent d'accélérer les process et de faire plus rapide, moins cher », ajoute B. Serna. Les innovations accompagnent cette montée en puissance, y compris dans l’habitacle. « Nous travaillons de plus en plus avec des tanneries pour traiter le cuir sans démonter les intérieurs, avec des produits organiques qui permettent des repigmentations authentiques », ajoute-t-il.
De son côté, Carpolish a remis en avant son Top’Tincture pour renoircir les plastiques extérieurs. « Un produit dont l’effet peut tenir jusqu'à six mois. Il était presque désuet mais aujourd'hui, il redevient un produit d'appel », se réjouit Arnaud Bachelet, directeur commercial.
Les carrossiers à la marge
Malgré ce dynamisme, les carrossiers traditionnels demeurent frileux. « Il faut aider le carrossier sur le plan du geste car il ne maîtrise pas le lustrage à la base », regrette Libero Mazzone, président fondateur de PadXpress, fournisseur de pads de lustrage intégrant des crèmes. Le dirigeant pointe un blocage culturel : « Le carrossier aime peindre et non lustrer, et il ne sait pas trop comment facturer. Le temps dont il dispose est généralement entièrement centré sur la réparation-collision. »
Céramique et PPF : pas si concurrents
« Malgré une conjoncture automobile 2025 compliquée, la protection carrosserie se porte bien », confirme Libero Mazzone (PadXpress). En témoigne le succès de son éponge céramique, distribuée notamment par SGI. « Les clients sont souvent de gros rouleurs qui veulent protéger le véhicule du gravillonnage et des insectes, ou les propriétaires de véhicules haut de gamme », précise-t-il.
Chez Carpolish, Arnaud Bachelet observe la même tendance : « Nous avions lancé la céramique il y a une quinzaine d'années et ce type de traitement reste très demandé, avec beaucoup de diversification et démocratisation. Aujourd'hui, les centres de préparation esthétique font quasiment tous de la pose de céramique. » Du côté d’Addict Auto, Bruno Serna observe l'émergence de traitements céramiques avec traceur UV, permettant de certifier la prestation auprès du client.
Le PPF en structuration
Le film de protection carrosserie (PPF) connaît une croissance spectaculaire. « Le PPF représente 60 % de l'activité des pros de la filière », ajoute-t-il. Le centre de formation FMD d’Addict Auto a d'ailleurs obtenu la certification Certifpro pour former au covering-wrapping, avec un démarrage prévu en janvier 2026.
Spécialiste du film pour vitrage et du film PPF, Glastint a structuré son offre en quatre niveaux : entrée de gamme XS (7000 microns, garantie un an), milieu de gamme Prestige (8000 microns, trois ans), Ultra (8000+ microns, cinq ans) et Track (10000 microns, trois ans). « Nous pouvons ainsi structurer le marché et nous adresser à une grande diversité de clientèle », se félicite Nicolas Guiselin, directeur général de l’enseigne, qui a créé des packs démarrant à moins de 1000 €. La formation reste toutefois un enjeu majeur. « Il faut une semaine pleine pour former un seul poseur de PPF, c’est un vrai savoir-faire qui exige beaucoup de pratique », insiste-t-il.
Complémentarité assumée
Loin de se concurrencer, céramique et PPF se complètent. « On pourrait croire que le PPF freine le marché de la céramique, or pas du tout, car le PPF est souvent appliqué principalement à la face avant. Et on peut passer une céramique sur du PPF, afin de durcir considérablement le film », ajoute-t-il. Cette double approche séduit une clientèle élargie, des passionnés aux gestionnaires de flotte. Un marché qui attire même d'anciens carrossiers : Valentin Yon, ex-vice-champion de France "Peinture automobile" aux WorldSkills, a ainsi créé son centre de pose de PPF à Saint-Lô (50).