Andy Hamilton (LKQ Europe) : « Malgré le léger recul de notre CA, nos activités restent solides »

, mis à jour le 18/12/2025 à 11h18
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PRZP EUROPE_HAMILTON Andy LKQ Europe

Chantier de consolidation, ajustement d’empreinte, plan de réduction des coûts et une rumeur sur son possible délestage par sa maison-mère US : le leader européen est bousculé par une stratégie impactant ses revenus à la baisse dans une conjoncture tendue… mais garde son cap.

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« Notre stratégie reste inchangée : offrir une excellente disponibilité et un excellent service, tout en préparant nos clients, et nous-mêmes, pour demain. »

Quelles sont vos perspectives pour 2025 ?

Andy Hamilton : Les défis rencontrés en Europe affectent l'ensemble du secteur. Malgré le léger recul de notre CA [N.D.L.R. : qui devrait rester autour des 5 Md€], nos activités restent solides, rentables et résilientes. Nous continuons à nous concentrer sur ce que nous faisons le mieux : offrir la disponibilité et les services fiables dont nos clients ont besoin pour assurer la continuité de leurs activités.

Quelles sont les priorités stratégiques pour 2026 ?

A. H. : Nous poursuivons notre démarche d'intégration de nos activités européennes, en remplaçant les anciens systèmes et en réduisant la complexité afin de mieux servir nos clients. Parallèlement, nous développons de nouveaux canaux et des solutions de mobilité tels que LKQ Synetiq (économie circulaire) et LKQ Electriq (réparation des batteries et composants haute tension des véhicules électriques), conçus pour soutenir l'évolution future du marché des pièces de rechange.

Sur quels marchés conservez-vous votre place de n°1 ?

A. H. : LKQ Europe est présent sur dix-huit marchés et occupe une position de leader sur bon nombre d'entre eux, tout en conservant une position solide sur l'ensemble du marché européen des pièces de rechange.

Des financiers exhortent votre maison-mère US à céder sa division européenne, qui parallèlement se sépare d’activités aux États-Unis. Que se passe-t-il chez LKQ ?

A. H. : Nous pouvons confirmer que l'activité spécialisée aux États-Unis, y compris Keystone, est à vendre et, comme vous l'avez mentionné, l'activité en libre-service, y compris Pick Your Part, a été vendue. Il s'agissait de décisions stratégiques à long terme spécifiques à ces activités américaines et sans rapport avec LKQ Europe. Concernant les spéculations du marché sur la cession de LKQ Europe : nous ne spéculons pas sur les rumeurs ou les scénarios hypothétiques. LKQ reste confiant dans ses activités européennes et engagé dans le travail de transformation en cours.

Dans quelle mesure l’instabilité géopolitique européenne vous affecte-t-elle?

A. H. : Nous avons tous été confrontés à une série de chocs majeurs au cours des six dernières années, de la pandémie au Brexit en passant par l'Ukraine. À chaque fois, nous avons travaillé d'arrache-pied pour minimiser les perturbations dans la disponibilité des pièces détachées en Europe, au Royaume-Uni et en Irlande, et nous sommes convaincus que la solidité de nos infrastructures et de nos systèmes nous permettra de résister à toute turbulence future. Notre programme de transformation renforcera encore notre résilience.

Quid de la pression renouvelée des États-Unis à travers les “droits de douane Trump” ?

A. H. : La situation a évolué constamment tout au long de l'année et nous continuons à suivre de près les développements du commerce mondial, non seulement entre l'Europe et les États-Unis – où nous ne sommes pas particulièrement exposés –, mais aussi dans d'autres régions, où le protectionnisme se renforce de manière plus générale, ainsi que l'impact total de toutes les barrières sur les chaînes d'approvisionnement interconnectées à l'échelle mondiale. Jusqu'à présent, nous avons réussi à protéger nos clients de tout choc majeur et nous ferons de notre mieux pour continuer à le faire.

Quelles sont vos perspectives pour le marché en 2026 ?

A. H. : L'année 2025 a été difficile pour le marché des pièces de rechange et nous prévoyons que ces pressions se poursuivront en 2026, qu'il s'agisse des vents contraires économiques ou du rythme des changements technologiques. Mais il s'agit d'un secteur fondamentalement résilient, qui a prouvé sa capacité à innover et à s'adapter. L'industrie continuera d'évoluer et les opérateurs bien gérés trouveront des opportunités même dans des conditions difficiles.

Que pensez-vous de la possibilité que la Commission européenne recule l’échéance 2035 de fin de production des véhicules thermiques ?

A. H. : La composition future des moteurs est importante pour notre entreprise. Comprendre comment elle évoluera et sur quelle période nous permet de nous préparer à ces changements futurs. Mais quelle que soit la composition du parc automobile de l'UE en termes de motorisation, en tant qu'opérateur indépendant nous devons avoir pleinement accès aux pièces détachées, aux outils, aux données et à la formation, dans des conditions équitables et sur la base d'une concurrence loyale, afin de maintenir les véhicules en état de marche et de garantir la mobilité des citoyens européens.

Les équipementiers appellent à un renforcement des exigences européennes en matière de contenu local, avec pour objectif que 80 % des composants soient produits dans la région. Une réaction ?

A. H. : Une industrie européenne des pièces détachées forte profite à tous les acteurs du marché des pièces de rechange. Mais le choix et la compétitivité des prix sont tout aussi importants, en particulier pour les opérateurs indépendants. Nous devons comprendre les implications pratiques – en termes de coût, de chaîne d'approvisionnement et de disponibilité des pièces – avant de prendre position sur des objectifs spécifiques en matière de contenu local.

Caroline, directrice des rédactions Auto chez Zepros, décrypte mutations et enjeux de l’après-vente auto : transition énergétique, réglementations, logistique, métiers et acteurs du secteur.
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