Brembo : « Les fondamentaux du marché de l’après-vente sont bons »

Avec cinq gammes IAM – Essential, Prime, Beyond, Xtra et la nouvelle ligne Upgrade orientée tuning –, Brembo accélère sur le marché de la rechange. Fort de ses 3,85 Md$ de CA en 2024, l'équipementier italien multiplie les lancements, à l'image du disque CCM en carbone céramique composite ou de la gamme Beyond Greenance conforme à la norme Euro 7, réduisant de 80 % les émissions de particules fines. « Le marché des pièces de rechange n'est pas flamboyant, mais nous parvenons à croître », résume Roberto Caravati. Et ce, malgré six premiers mois compliqués en 2025. « Le premier semestre n'a pas été très bon sur le marché du freinage, avec des signes de déclin entre mars et juillet, pourtant la pleine saison. Mais au second semestre, il a de nouveau progressé. »

Cette volatilité s'explique par une gestion prudente des approvisionnements dans toute la chaîne de valeur. « Tous les acteurs du secteur gèrent leur trésorerie avec beaucoup de prudence, en particulier les stocks, et il était nécessaire de nettoyer la chaîne de valeur avant de passer de nouvelles commandes auprès des fabricants de pièces. » Pour 2025, au niveau groupe, Brembo table sur une baisse de 2 % de son CA global, OEM inclus, mais avec un EBITDA maintenu à 16 %. « Les perspectives restent complexes. L'industrie automobile traverse une période de transformation majeure, ce qui rend la situation difficile pour tout le monde », reconnaît Roberto Caravati, qui anticipe néanmoins une croissance continue sur l'aftermarket.

La géographie des performances révèle des disparités importantes. L'Amérique du Nord affiche une croissance « très bonne » portée par les partenariats avec tous les grands groupes de distribution. La Chine représente également un potentiel majeur : « Le parc automobile y vieillit de manière favorable pour le marché des pièces de rechange, atteignant désormais 6 à 7 ans, et nous sommes en mesure de présenter nos produits dans le segment haut de gamme. Les consommateurs finaux sont prêts à payer pour cela. » L'Amérique du Sud, quant à elle, constitue une belle surprise.

« Nous avons participé pour la première fois cette année au salon Automec de São Paulo, dédié au marché des pièces de rechange, et nous avons été agréablement surpris. Nous pensons qu'il existe une dynamique intéressante et une place pour une marque haut de gamme comme la nôtre. » En Europe, Brembo se déclare « plutôt satisfait » de sa progression. « Au cours des deux dernières années, nous avons enregistré une bonne croissance en Scandinavie, en Allemagne, au Benelux et également en France, qui n'était pas un marché facile pour nous. » Seule la région Moyen-Orient-Afrique reste difficile en raison des conflits.

Pourtant, l'offensive douanière américaine impacte directement Brembo. Les droits de douane sur les pièces en provenance de Chine ont bondi à 72,5 %. Un coût forcément répercuté sur les distributeurs. Cette guerre commerciale pousse la Chine à chercher des débouchés alternatifs. Pour maîtriser davantage son destin dans cette situation, Brembo a créé une coentreprise avec l’équipementier chinois Gold Phoenix il y a deux ans et demi pour les plaquettes, garantissant un contrôle total de la qualité.

« Les tarifs douaniers facilitent l'arrivée des fabricants de pièces chinois en Europe. Mais si vous avez des produits haut de gamme et une marque puissante, vous pouvez prospérer », estime le dirigeant. Celui-ci se réjouit de la polarisation importante entre les marques privées et les marques haut de gamme. « Nous ne constatons pas de difficultés sur le marché haut de gamme. C'est le segment moyen qui souffre le plus. » Cette polarisation structure désormais le paysage mondial de l'IAM. « Tout le monde veut se lancer dans les freins car c'est le segment le plus attractif dans la vie d'une voiture », observe Roberto Caravati.

Sur le front de l'électrification, Brembo plaide pour une approche pragmatique. « L'Europe ne peut pas se contenter d'une approche entièrement électrique. Les constructeurs automobiles européens ne produisent pas la quantité nécessaire de véhicules électriques pour survivre. Il doit y avoir d'autres options. Nous pensons qu'il est très important que la Commission européenne comprenne que 2035, c'est demain », martèle le COO. Le fabricant italien, membre du Clepa, insiste sur l'importance d'une voix unifiée de l'industrie automobile, en incluant l’ACEA.

« Il est très important que les discussions sur ce sujet soient très ciblées. » Malgré les incertitudes, Roberto Caravati affiche sa confiance : « Dans le secteur des pièces de rechange, les conditions sont réunies pour la croissance, tous les fondamentaux sont bons. Chez Brembo, nous devons continuer à offrir ce dont le consommateur a besoin et, en matière de freinage, nous mettons l'accent sur la sécurité, car les gens ne veulent pas faire de compromis sur la qualité et les performances. »