PHE sur la route d’une décarbonation « pragmatique »

« Chez PHE, il y aura alignement entre le poids de l’investissement et le retour sur investissement (économie à terme) et pas opposition. Nous ne voulions pas d’un cheminement dogmatique, mais pragmatique : aller vers l’opérationnel. Notre plan de décarbonation a donc été construit avec pragmatisme sur un axe sobriété-efficacité énergétique », contextualise Jeremy de Brabant, directeur général du groupe. C’est donc un plan d’action en plusieurs axes qui a été déclenché en 2024 suite au recrutement d’un directeur Environnement, Jean-Baptiste Labilloy, dont la mission était de définir et mettre en œuvre une politique environnementale pragmatique visant à évaluer et réduire l’empreinte du groupe PHE. 

Premier levier actionné : un plan de sobriété des sites logistiques enclenché au moment de la flambée inflationniste de l’énergie. Le distributeur a lancé une campagne de passage des systèmes d’éclairage en LED et d'équiper les locaux de capteurs pilotant l’éclairage. En parallèle, PHE s’est attelé à réduire la facture de chauffage en baissant drastiquement la consommation, en isolant les bâtiments « où cela a été possible » et en équipant les collaborateurs travaillant en entrepôt pour mieux résister à une température réduite. Outre ces investissements, les collaborateurs ont été sensibilisés pour installer des routines de sobriété en mode bon sens : moins chauffer et surveiller l’éclairage. Résultat en deux ans, cette approche sobre a eu un impact positif notable : baisse de 60 % de la consommation de gaz et jusqu’à 30 % de celle d’électricité. Enfin, ont été visés les emballages (palettes, cartons et plastiques) avec une meilleure gestion des déchets en intensifiant le tri et la valorisation. 

Second levier : sobriété du transport. Première action avec la rationalisation pilotée des plans de tournées de livraison et des process de chargement des véhicules. « Notamment, un travail important d’optimisation des emballages des pièces de carrosserie a permis de réduire l’utilisation de cartons et le volume utile nécessaire dans les véhicules de livraison », explique le directeur de l’Environnement. Deuxième étape de ce volet, le groupe a engagé un plan de décarbonation de la flotte. « Le groupe déploie des solutions de transport à moindre impact carbone. Sur le périmètre France, Autodistribution a identifié qu’environ 40 % des tournées de livraison pourraient être effectuées en véhicule utilitaire électrique. Mais convertir la flotte est un sujet de transformation global. Amortir le coût de véhicules plus chers à l’achat mais moins à l’usage, changer les habitudes des chauffeurs, mais aussi installer des bornes de recharge, ce qui est complexifié pour ul'entreprise du fait des normes de sécurité imposées par l’État », décrit Jean-Baptiste Labilloy. « Un plan de renouvellement de la flotte est en cours avec l’intégration d’une cinquantaine de véhicules propres de livraison en 2024.  Aller jusqu’à 100 % d’électrification nécessiterait de doubler notre flotte de véhicules. Économiquement, cela n’a pas de sens à date. Mais l’évolution technologique le permettra peut-être dans les prochaines années », complète Jeremy de Brabant. Le directeur général du groupe note également qu’organiser des transports efficaces sur un plan environnemental débouche à terme sur des économies ! 

« Notre empreinte carbone est générée à hauteur de 5 % par nos propres opérations, les 95 % restants le sont par l’impact des pièces chez nos fournisseurs. Nous devons donc également minimiser l’empreinte environnementale de l’ensemble de la chaîne de valeur », rappelle le directeur Environnement. D’où la nécessité évidente d’agir sur ce qui reste le cœur du métier de distributeur : la pièce et son économie circulaire ! Le Reman est le premier levier actionné de longue date par le groupe. Il s’appuie sur les offres des équipementiers et les spécialistes, mais aussi de son propre atelier de remanufacturing de pompes et d’injecteurs de Montajault  (29 000 pompes et injecteurs rénovés en 2023) ou encore des adhérents Autodistribution, comme le groupe Niort et sa filiale de rénovation DPAN. Si le Reman ne pèse aujourd’hui que 4-5 % du total du business de PHE, « il peut dépasser 45 % sur les organes concernés ». Et pour que la chaîne ne soit pas rompue, le groupe a intégré à son process de distribution (reverse logistique) des pièces avec consigne, gérées via la plateforme "retour" d’ACR Villefranche. Et depuis plusieurs années, PHE travaille avec Cotrolia, spécialiste de l’échange-réparation d’organes électroniques, et a passé un accord avec le pure-player PRE Opisto. 

Une démarche en cours qui s’intègre dans l’injonction faite aux entreprises de mesurer leur impact sur l’environnement – par la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) – et de le déclarer dans le cadre d’un rapport ESG, intégrant le "sacro-saint" bilan carbone. « Nous avons récolté les différentes données nécessaires pour élaborer ce bilan carbone pour 2024 sur nos opérations en propre. Si le travail est conséquent, mesurer notre niveau d’empreinte environnementale permet de se fixer des objectifs et de les piloter pour la suite. En récoltant les données sur tous nos sites, nous allons pouvoir les comparer, voir les anomalies et surtout les bonnes pratiques de certains à déployer », analyse le directeur de l’environnement.

Au total, le travail de fond a été réalisé en France « avec un dossier Environnement bien enclenché sur notre activité VL. En 2025, nous étendons l’exercice du bilan carbone au PL et à toutes nos filiales européennes. Le but est d'infuser la démarche sur le terrain, auprès des équipes et des distributeurs », conclut Jean-Baptiste Labilloy.