ZFEm : assèchement du parc ancien à l’horizon

Caroline Ridet
Avant même la théorique électrification du parc, la généralisation des ZFE-m pourrait bien dangereusement déstabiliser la mobilité hexagonale. L’écosystème auto s’émeut certes des risques de fractures sociales mais également d'assèchement du parc ancien traité par les MRA.
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L’échéance du déploiement à plus grande échelle des ZFE-m (Zone à Faibles Émissions - Mobilité) inquiète. Un an après Paris intra-muros, c’est au tour des 77 communes de la métropole du Grand Paris de bannir les véhicules classés Crit’Air 4 et plus dès le 1er juin.

En 2022, les porteurs de la vignette Crit’Air 3 seront à leur tour “persona non grata”, puis les Crit’Air 2 en 2024. « En région parisienne, ce sont 75 % des véhicules qui seront bannis, soit près de deux millions de véhicules particuliers d’ici 2024 ! », s’alarme la FEDA qui a envoyé un courrier d'alerte à la présidence de la région Ile-de-France.

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Soutenir l'effort des primes à la conversion

Même émoi du côté de la FNA. Avec la multiplication des zones à faibles émissions métropolitaines (ZFE-m) dès 2024, qui « devrait toucher 30 % du parc roulant », l’organisation estime urgent de redonner un coup de booster au bonus écologique. Mais il devra être « ciblé, en adéquation avec les réalités du quotidien des consommateurs et des entreprises », pour rendre supportable le verdissement du parc. Elle demande notamment que la prime à la conversion soit au moins équivalente à celle mise en œuvre après le premier confinement.

Autres attentes : des dispositifs incitatifs pour les personnes qui s’équipent d’un kit E85 ou encore un renforcement des aides au rétrofit.

Et nous n’en sommes qu’au début du déploiement des ZFE. Fin 2021, onze territoires(*) passeront en ZFE-m, soit 6 millions de véhicules pesant 15,8 % du parc roulant. Les deux fédérations ont axé leur plaidoirie sur l’intérêt des consommateurs et de la paix sociale, plus à même d’être entendus par les politiques, encore marqués par la crise des gilets jaunes.

(*)Les métropoles d’Aix-Marseille-Provence, de Nice-Côte d’Azur, de Toulon-Provence-Méditerranée, de Toulouse, de Montpellier-Méditerranée, de Rouen Normandie et de Strasbourg, en plus de celles parisiennes et des deux métropoles du Grand Lyon et de Grenoble-Alpes.

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Assèchement du parc ancien

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Mais une autre réalité sous-tend l’inquiétude autour des ZFE-m : la suppression d’un parc ancien traité par les garagistes multimarques. « On parle ici d’emplois non délocalisables », s’exaspère Fabrice Godefroy. Le DG d’IDLP et d’Alternative Autoparts est aussi grand avocat de la cause thermique notamment dans le cadre de sa mission d’experts de l’association 40 millions d’automobilistes.

Sauver le parc ancien par l’entretien

Sa démonstration de l’irrationalité des politiques actuelles anti-auto fait mouche. La résilience des ateliers multimarques est patente (+ 26,4 % d’activité depuis janvier dernier après le trou d’air de 2020).  « C'est la preuve que la mobilité est indispensable aux Français. L’activité des ateliers a d’ailleurs été reconnue essentielle pendant les confinements. » Fabrice Godefroy rappelle qu’un véhicule bien entretenu pollue peu.

C’est d’ailleurs l’un des leviers actionnés par l’Association Eco Entretien. Elle s'est récemment lancée dans une action de lobbying auprès des politiques locaux. Objectif  :  faire de la prestation de dépollution un véritable “pass écolo” et ainsi sauver des modèles voués à l’exclusion voire à la casse ! Le chèque entretien porté par le CNPA va également dans ce sens… « Détruire pour ensuite reconstruire avec la masse de pollution bien peu durable que cela génère ! » Ne vaudrait-il pas mieux entretenir pour rendre le véhicule éco-compatible avec notre environnement ?

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ZFE-m : dispositif d’obsolescence programmée des véhicules

« Une voiture n’est pas un stupéfiant interdit à la vente. Et pourtant aujourd’hui, l’écosystème est pris en étau par la loi Climat. » Avec la mort chronique des moteurs thermiques annoncée d’abord en 2030 par l’interdiction de vente de modèles essence et diesel rejetant plus 123 g/km de CO2, puis avec la fin totale de ces technologies en 2040. « On murmure même que cela pourrait être avancé à 2035 ! »

Mais avant cela, place au dispositif des ZFE-m. « Les consommateurs n’ont aucune conscience du calendrier accéléré, ni des conséquences concrètes sur leur mobilité du dispositif ». Après la carotte, le bâton ! « Ce que la prime à la conversion n’a pas réussi à faire, puisque le parc continue de vieillir, les ZFE-m pourraient y parvenir : verdir le parc… de force. Mais c’est oublier que quelques centimes de plus sur le litre de carburant ont débouché sur le mouvement des gilets jaunes. »

Absurde pour ce militant du mix énergétique : « L'entretien du parc est une solution durable, contrairement aux ZFE qui correspondent plus certainement à une obsolescence programmée ». Et que dire, selon Fabrice Godefroy, de « l’absurdité d’offrir des primes de conversion pour des modèles qui ne pourront plus rouler demain ? On ajoute une date de péremption aux véhicules. »

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Le 100 % électrique : miroir aux alouettes

Outre "insulter le mix énergétique", la posture autour du 100 % élecrtrique fait l'impasse sur des plans industriels qui, pour des raisons de compétitivité, ne devraient pas rapatrier la production des plus petits véhicules - les plus accessibles pour les consommateurs - en France

« Ni l’après-vente, ni le sauvetage du thermique ne semblent au programme des politiques. Ils misent tout sur le 100 % électrique. J’espère qu’à terme, on ne regrettera pas ce choix. Comme l’État le fait aujourd’hui sur le diesel, après l'avoir poussé, même à contre-emploi. » Fabrice Godefroy regrette également que les biocarburants alternatifs ne soient pas au programme des pouvoirs publics.

L’aspect durable de la mobilité, avec un après-vente rédempteur du parc reconnu, est un combat que l’écosystème va vraiment devoir mener...

Caroline Ridet

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Caroline Ridet
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