Les « tradis » s’emparent du e-commerce

Caroline Ridet
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« La vente en ligne est aujourd’hui incontournable », assène Frédéric Derouck (Atac Pièces Auto), qui vient d’annoncer se lancer dans l’aventure e-commerce. Cela aura mis du temps, mais il semble bien qu’enfin la distribution traditionnelle s’empare de ce levier. Il y a dix ans, Vincent Ferron était seul à oser défier les silos avec Pièces&Pneus.com. Pas bien vu, car le modèle était encore considéré comme l’ennemi à abattre. Il faut dire qu’à l’époque cela faisait presque une décennie qu’Oscaro « sévissait » sur le marché à coup de promos destructrices. Mais tout a changé ! Et ces grands perturbateurs du marché PR, s’ils ne sont pas encore rentrés dans le rang, tombent dans l’escarcelle des organisations « du vieux monde » ! Il y a évidemment Mister-Auto chez PSA, mais aussi et surtout, dans le microcosme des indépendants, la reprise d’Oscaro par Parts Holding Europe (Autodistribution) qui a détendu l’atmosphère avec la fin de prix « incompréhensibles » revus à la hausse. Et puis au printemps Sofidest (Nippon Pièces Services) s’est offert WebDealAuto. Et dans ces deux derniers cas de sauvetage, le discours est le même : pas de mélange des genres, chacun restera autonome et concurrent ! Mais là, on est toujours en mode BtoC.
Commandes digitalisésCôté BtoB, Otop, avec son modèle hybride, est venu « chauffer » encore un cran au-dessus les distributeurs qui commencent à sérieusement réagir. Certains se laissent séduire par les places de marché PR auto initiées par Amazon, eBay…. « Ce sont des opportunités commerciales, des sources d’entrées de commandes potentielles qui méritent de s’y intéresser », estime Laurie de la Motte Collas (Odis). Pour sa part, Stéphane Perronet (Barrault) est plus méfiant. « Ces aspirateurs de données pompent notre carnet d’adresses et notre savoir-faire. Car les algorithmes seront toujours plus forts que nous. C’est un calcul à court terme qui me semble dangereux. » Et puis, de plus en plus, les distributeurs poussent leurs clients réparateurs à digitaliser leurs commandes sur leur propre site. Si la vague n’est pas encore puissante, les pros de la distribution ont changé de logiciel. « Nous sommes déjà à plus de 25 % de nos commandes qui passent par Autossimo, et ce pourcentage augmente tous les mois. C’est une opportunité vitale pour nous. Oscaro, Mister-Auto… font maintenant partie du paysage de la distribution. A nous d’être meilleur et différenciant ! », assène batailleur Gauthier Leroy (Grandblaise-Leroy).
Arrivée des géants du NetHeureusement, car de nouveaux arrivent et des géants menacent. À l’automne dernier, l’Allemand Kfzteile24 a lancé sa version française Carpardoo (lire ci-dessous). On parle également du groupe allemand AutoDoc en mode conquête sur la France (et donc casseur de prix) avec ses sites auto-doc.fr et piècesauto24.fr. eBay a intégré Tecdoc et cherche des partenaires pour livrer la pièce en directe. Même quête d’une logistique européenne pour le chinois Alibaba qui veut réduire ses délais de livraison. « Et Amazon stocke et livre le client, mais laisse également les pros gérer leur webshop avec leurs pricing. C’est la meilleure logistique Web à l’heure actuelle. Il a intégré toutes les références équipementiers », décrypte Serge Falco (AFP). Effectivement, le réveil de la distribution arrive juste à temps.
Caroline Ridet
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