Quand M6 épingle centres auto et pneumaticiens…

Romain Thirion
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Intitulée «Fourrières, dépanneurs, garagistes : halte aux arnaques !», l’Enquête Exclusive de M6 de ce dimanche 12 janvier s’est longuement attardée sur la notion de vente additionnelle des enseignes de centres auto et pneumaticiens. En révélant une tendance relativement généralisée sur le terrain : celle consistant à pousser à la consommation, à travers un discours anxiogène fondé sur des éléments de langage assez troublants...
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L’alarmisme comme argumentLe centre auto suivant est l’occasion pour les deux enquêteurs mystère d’entendre la même chanson… en plus alarmiste, cette fois. Après contrôle du véhicule, puis vérification auprès du mécanicien, le vendeur de la boutique affirme clairement que «l’amortisseur et la tête sont morts» avant d’ajouter, pour légitimer son discours, que «si ça casse et que vous êtes sur l’autoroute, attention ! Je ne veux pas vous inquiéter mais… Si ça tape [avec la semelle usée] il ne faudrait pas que ça passe au travers…»Et la tournée des journalistes continue hélas sur le même topo : 3 autres établissements vont chercher à vendre le même package. Le bilan est triste : un seul garage a établi un devis en conformité avec la réalité de la "panne". Et entre une semelle à remplacer pour 61 euros, pièce et main d’œuvre, et un lot de deux kits de suspension + un réglage de parallélisme grimpant jusqu’à 406,60 euros, l’écart est assez dur à avaler...Ce type de discours préconisant des ventes supplémentaires en jouant sur les craintes d’un ou d’une automobiliste ignorant tout de la mécanique semble bien trop répandu pour être le simple fait de quelques garagistes. Formés à vendre toujours plus de prestation, «Les employés sont intéressés sur les ventes de pièces», souligne B. Lyonnet.  Fort de documents confidentiels à l’appui provenant d’une enseigne de pneumaticien, le journaliste prouve que l'argumentation poussant à la vente est prémâchée, voire entièrement formalisé par la tête de réseau. Certes, les documents technico-commerciaux  ont leur raison d'être en permettant au réparateur d'avoir les bons arguments pour expliquer clairement la raison d'être d'une prestation.  Mais force est de constater que les phrases extraites de la "méthode de vente" révélée dans ce reportage s'éloignent de l'éthique de la seule information technique : elles mettent en scène une volonté de pousser à la consommation, surtout si le réparateur est effectivement assujetti à à la pression d'objectifs de ventes de pièces...

C'est là que le reportage met un peu plus mal à l'aise. Car on se demande si servir un discours sécuritaire habilement prédéfini pour légitimer des ventes de pièces inutiles n'est pas une pratique répandue chez de grandes enseignes.  Avec ce type d'approche facilement identifiable dans une émission grand public, le cliché du garagiste-voleur a encore de beaux jours devant lui… Au détriment des nombreux réparateurs pour qui l’intérêt de l’automobiliste passe (encore) avant tout.
Romain Thirion
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