Oscaro est de retour malgré les humeurs et les rumeurs…

Jean-Marc Pierret
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Bien des rumeurs circulent sur une année 2019 difficile pour les sites de vente de pièces en ligne. Il ne se passe pas un jour sans que ne soit évoqué pour celui-ci ou celui-là des pertes accrues, souvent doublées de recul de chiffre d'affaires. A commencer par Oscaro qui demeurerait loin de ses objectifs de CA et de rentabilité, voire aurait encore reculé. Et pourtant...
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On l'a souvent dit ici : l'époque de la folle croissance conquérante des sites de vente en ligne cède la place à une bien moins flamboyante maturité faite de lourds investissements et de gestion serrée. Dans ce contexte et à en croire plusieurs de nos divers et réputés informés interlocuteurs, les chiffres les plus inquiétants s'échangent de bouche à oreille sur Oscaro. Lui que certains confrères voyaient proche de la déroute il y a encore quelques mois serait au moins en recul par rapport aux 278 millions de chiffre d'affaires affichés en 2018 (-14,22% sur 2017).  Et ce, alors même qu'Oscaro communiquait récemment sur son retour aux 300 millions et à ladite profitabilité dès 2019.

Ne pas confondre tendance et résultat

Alors, qui croire ? Avant de trancher, il faut s'attacher à ne surtout pas confondre tendance et valeur absolue. C'est ce que nous rappelait Stéphane Antiglio, le président de PHE, rencontré il y a quelques semaines en marge d'un événement professionnel. «Oscaro a vécu la difficile année 2018 que vous connaissez, jusqu'à notre rachat. Il nous a alors fallu travailler une multitude d'axes pour à la fois redresser l'entreprise et restaurer la confiance des consommateurs. Dans ce contexte, le premier semestre 2019 a été logiquement difficile puisque dans la continuité de 2018. Mais depuis l'été 2019, l'entreprise atteint la tendance visée : le cap vers les 300 millions est effectivement retrouvé, et le troisième trimestre confirme que nous atteignons structurellement la rentabilité».

C'est donc d'une tendance qu'Oscaro parle. Pas d'un bilan 2019 certifié. Comprendre qu'effectivement, l'année de retournement qu'a été 2019 n'aura sûrement pas atteint les 300 millions au terme des 12 derniers mois. Comme probablement l'entreprise n'aura pas non plus renoué avec la rentabilité aussi vite. Mais comprendre surtout qu'en revanche, si bien sûr ce cap vertueux est maintenu, la perspective d'un retour à 300 millions en année pleine, comme à la rentabilité, s'est bien confirmée fin 2019. Stéphane Antiglio nous avait d'ailleurs confié sa ferme volonté de trouver le juste équilibre entre leadership assumé et rentabilité restaurée.

Retour aux grands équilibres

En creux, on devine qu'Oscaro a rompu avec son passé. Quand il lui fallait vitalement appuyer son besoin de cash sur une croissance impérativement soutenue de ses ventes au risque sinon d'être rattrapé, comme cela a été finalement le cas, par d'abyssaux besoins de trésorerie.

Sous le nouveau règne de PHE, cette fuite en avant s'est arrêtée. L'inversion de tendance a sûrement été couteuse. Parallèlement aux considérables et urgentes injections d'argent frais réalisées (26 millions pour rembourser les consommateurs maltraités et à peu près l'équivalent pour solder les dettes fournisseurs), PHE a aussi dû soutenir financièrement l'entreprise pour la remettre avant tout dans le sens de la piste que doit suivre une entreprise “normale”, c'est à dire pérenne.

En même temps que PHE restaurait les fondamentaux de l'entreprise, l'actionnaire aura sûrement permis au leader français de la pièce en ligne de réconcilier enfin ses trois priorités : arrêter l'hémorragie du CA, se mettre en situation de le reconquérir, le tout en prouvant sa capacité à atteindre enfin un équilibre structurel.

Fournisseurs : des gagnants et des perdants

On devine bien sûr les moyens utilisés. Trivialement mais pragmatiquement, Oscaro a pu bénéficier d'achats “groupe”, consolidant ainsi sa marge par de meilleures conditions. En piochant chez PHE dans le large vivier de pièces et de gammes équipementières, Oscaro a en outre pu redéployer une variété d'offres qui lui a manqué pendant sa crise. Il a aussi bénéficié du retour de fournisseurs échaudés -et depuis rassurés car payés- qui ne livraient plus par peur d'accroître de dangereux encours.

Le tout était nécessaire pour restaurer cette variété essentielle de gammes et de marques à même de satisfaire les internautes-automobilistes. Car ils visitent le site comme ils fréquentent un supermarché : pour le prix, mais aussi pour le choix.

 

Mauvaise humeur = mauvaises rumeurs?

Mais alors, pourquoi cette persistance de rumeurs catastrophistes ? Peut-être bien parce tous les fournisseurs n'ont pas bénéficié de l'effet relance. Et possiblement pour plusieurs raisons. Quand l'Oscaro “pré-PHE” avait été forcé de se replier sur une variété réduite de marques, certains fournisseurs avaient pu bénéficier d'un effet d'aubaine que l'ère “post-PHE” et son référencement plus vaste ont pu contrarier. Pour d'autres, la simple approche de massification des achats logiquement voulue par PHE a pu provoquer une vilaine revisite des volumes. Bref, le mix des ventes des uns et des autres a pu parfois basculer dans un sens ou dans l'autre depuis fin 2018. Dans ces périodes de refonte, il y a inévitablement des gagnants et des perdants.

Doit-on comprendre que ces mauvaises rumeurs sur la santé d'Oscaro rimeraient d'abord avec mauvaise humeur ? Trouveraient-elles leur source dans des confusions de bonne ou mauvaise foi entre le destin des ventes de fournisseurs contrariés et celui d'Oscaro lui-même ?

Jean-Marc Pierret
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