L’ANFA se penche sur le décrochage des lycéens

La branche automobile a historiquement privilégié l’apprentissage en CFA, considéré plus efficace pour l’insertion professionnelle. Toutefois, l’indicateur de la DARES 2023 a révélé les difficultés que connaît le secteur pour recruter de la main-d’œuvre. Les lycéens sont donc revenus des acteurs clés. Entre 2020 et 2023, leur taux d’insertion a ainsi augmenté de 20 %.

Pour mieux comprendre cette filière lycéenne, l’ANFA a établi des profils. Plus des trois quarts des lycéens en première année de formation (76 %) proviennent directement du collège, majoritairement de 3^e générale (72 %). Un quart (24 %) s’est donc réorienté vers les formations automobiles après une première orientation. Un phénomène plus marqué chez les jeunes filles, car seules 58 % d’entre elles sont issues directement du collège. Par ailleurs, 69 % des entrants en lycée professionnel ont obtenu le brevet des collèges, contre 86 % au niveau national, marqué par un écart important entre les établissements privés (84 %) et publics (68 %). Enfin, un lycéen sur deux a un membre de sa famille travaillant dans le commerce ou la réparation automobile.

L’enquête montre que 90 % des jeunes déclarent avoir participé activement à leur choix et 56 % affirment l’avoir fait pour satisfaire une passion. La famille arrive en deuxième position, notamment lorsque l’un des membres de la famille travaille dans l’automobile. D’autres facteurs sont à prendre en compte, notamment la rencontre avec un professionnel de l’automobile lors d’un stage, salon ou journée portes ouvertes, suscite des vocations pour près d’un jeune sur sept, tandis que 12 % reconnaissent l’impact des youtubeurs ou influenceurs dans leurs choix.

Le stage de 3ᵉ joue aussi un rôle décisif. Effectué dans le commerce et la réparation par 62 % des élèves de première année, cela renforce la motivation et la satisfaction vis-à-vis de l’orientation choisie. Enfin, la mécanique de loisir, pratiquée par près de la moitié des lycéens (48 %), et la possession du Brevet de Sécurité Routière, nourrissent également leur passion pour la filière. « Le stage de 3^e apparaît comme un levier essentiel pour consolider les choix d’orientation. La pratique de la mécanique de loisir renforce l’attractivité en cours de formation, tandis que la présence d’un référent familial travaillant dans l’automobile favorise également la motivation », souligne Jocelyn Gombault, responsable de projets au sein de l’Observatoire des métiers des services de l’automobile

Les lycéens se projettent fortement dans le métier. Ainsi, 42 % envisagent la création d’une entreprise et 41 % une carrière salariée dans l’automobile. Des ambitions élevées, avec un tiers (32 %) qui vise le BTS et près d’un quart (23 %) qui désire poursuivre au-delà. Une projection qui comporte toutefois un risque de réorientation vers d’autres filières, faute de places suffisantes dans les formations supérieures des services de l’automobile.

Les 13 % de lycéens indécis reflètent à la fois une forme de désabusement et d’incertitude quant à leur avenir. Ils sont plus nombreux dans les lycées publics (15 %) et dans les bacs pro de carrosserie (21 %). Une population qu’on retrouve essentiellement parmi ceux qui auraient souhaité une autre orientation. Moins investis, ils pratiquent rarement la mécanique de loisir et conduisent peu. Pour finir, un quart des lycéennes interrogées envisage une orientation vers l’armée, un taux nettement plus élevé que chez les garçons (9 %).

Reste à voir ce que déterminera le reste de l’enquête qui sera publié en octobre 2025, puis en octobre 2026, et enfin en octobre 2027.