La location courte durée dans le tunnel de la fiscalité
Au cœur des préoccupations des loueurs, le verdissement des flottes mais surtout l’alourdissement du malus. Face à l’Etat qui a la main de plus en plus lourde, se dessine la perspective d’une réaction en chaîne insidieuse pour des entreprises dont 90 % sont des PME.
Si le but de ce dernier point est d’obliger les particuliers à se tourner vers des véhicules moins polluants, les loueurs rappellent qu’ils renouvellent leurs flottes jusqu’à huit fois plus vite que les particuliers et les entreprises, puisqu’ils ne conservent leurs véhicules que neuf mois. Ils sont ainsi la source d’un marché VO essentiellement thermique. Les modèles électriques présentent le défaut majeur d’une perte de valeur forte et rapide dès leur première année, qui pour l’instant n’est pas supportable économiquement par les loueurs courte durée dont 90 % sont des PME. « Leur dépréciation se situe autour des 55 % en première année ! Ils ne peuvent pas se retrouver en masse et à court terme sur le marché en ayant été suffisamment exploités par les loueurs de courte durée. Dans le temps et économiquement, c’est impossible », lance Fabrice Gueudet. Le vice-président du métier Mobilité partagée (Mobilians), lui-même franchisé Europcar (50 agences) dans le nord de la France, indique d’ailleurs que le véhicule électrique ne grimpe pas au-delà des 6 % de son parc pour 3,2 % de son chiffre d’affaires. Le VE reste un pari osé, avec un taux d’utilisation autour des 40 % contre 70 % pour les thermiques, « notre seuil minimal de rentabilité, sachant que nous pratiquons des prix similaires sur des catégories équivalentes pour stimuler la demande », évoque-t-il, donnant une suite logique et dans la même veine que Marc Bruschet, le président de la branche Concessionnaires de Mobilians.
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Vers une modification du business model des loueurs
Vient s’ajouter une fiscalité dont le poids depuis cinq ans ne cesse d’étouffer les bilans des loueurs (TVA, impôt sur les sociétés), jusqu’à représenter 30 % des coûts, avec la possibilité dans les nouveaux budgets votés de grimper jusqu’à 50 %. « Nous ne pouvons ni absorber ces coûts ni les reporter sur le prix à client final, à mille lieux d’accepter de payer deux fois plus cher le même service. Que faire ? », demande le vice-président. Modifier la politique d’achat pour lisser le poids des taxes signifierait garder les mêmes modèles jusqu’à quatre ans et se caler sur le rythme des renouvellements des particuliers et des entreprises. « Mécaniquement, cela signifie que la branche des loueurs n’achètera plus aux constructeurs les volumes actuels, estimés autour des 200 000 véhicules annuels », insiste Fabrice Gueudet, qui table sur une réduction de moitié de ces achats, sachant que ce sont autant de véhicules non revendus ensuite aux concessionnaires. N’acheter que des véhicules sans malus – pour ceux qui existent encore – ne répond pas non plus aux besoins et demandes des clients. « La location courte durée a toujours été une variable d’ajustement du marché VN, qui risque bien d’éclater à force de tirer sur l’élastique », regrette Fabrice Gueudet.
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