Quand la pression fiscale asphyxie les entreprises

, mis à jour le 20/11/2025 à 18h01
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Mobilians et Fiscalité

Ventes VN en berne, électrification compliquée, clients absents… Autant de facteurs négatifs qui, conjugués à une lourde politique fiscale, rendent nerveux les concessionnaires, dans l’attente du nouveau projet de loi de finances 2026. En quatre ans, la perte de TVA est évaluée à 4 Md€ de TVA et l’Etat cherche de l’argent partout…

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Effet ciseau pour les entreprises de l’auto : sur un marché VN pouvant descendre jusqu’à - 7,5 % cette année, la pression fiscale de l’Etat en manque d’argent s’abat encore plus lourdement sur les pros. Sauf que le marché VN en France oscille entre - 5 % et - 7,5 %, soit 1,6 million d’immatriculations (source : Dataneo), et que la perte de volumes est estimée entre 14 % et 26 % par an depuis 2020, vpar rapport à la période faste 2000/2019. Conséquence : le manque à gagner fiscal depuis le Covid-19 est de 4 Md€ de TVA, avec une crise de l’offre observée de 2020 à 2023 mutée en crise de la demande. « Les problèmes de pénurie se sont résolus, mais le client a disparu ! Constructeurs et concessionnaires subventionnent les mises à la route vers les loueurs courte durée avec les ventes tactiques. C’est d’ailleurs le seul canal en hausse versus celui des sociétés et des particuliers », décrit Thomas Jouanny, directeur des opérations de Dataneo. Or, sur un marché en berne, la fiscalité en place et celle à venir dans le cadre du nouveau plan de finance n’arrange en rien la situation. « La fiscalité automobile a toujours été une vache à lait. La condition impérative est de ne pas tuer la vache ! », lance Marc Bruschet, président de la branche Concessionnaires de Mobilians. 

Chronique d’une mort annoncée du PHEV

Dans l’œil du cyclone, une trajectoire du malus « insoutenable » avec une augmentation prévue de plus de 50 % entre 2025 et 2027, passant de 695 M€ à 1,1 Md€ en 2027. « Des mesures fiscales pénalisant particulièrement les PHEV (véhicules hybrides rechargeables) que nous allons finir d’achever en 2026 et les HEV (véhicules hybrides), avec un effet de seuil de 35 % », rappelle Marc Bruschet. Segments où Stellantis (PHEV), Renault et Toyota-Valenciennes (HEV) sont leaders. « Ce sont nos champions nationaux. Où est la logique, à part celle de tuer nos champions ? », s’indigne le président de la branche Concessionnaires. 
S’ajoute la réforme des AEN (avantages en nature) qui a provoqué l'arrêt des achats début 2025, les entreprises devant revoir leur politique de véhicules. Une taxe sur le verdissement des flottes avec un calcul « opaque » basé sur le stock et non sur les flux, poussant les entreprises soit à réduire leur flotte, soit à acheter uniquement des BEV… et une inédite baisse historique du parc des sociétés en 2025 (six trimestres consécutifs de baisse). Résultat : « Nous sommes en décrochage par rapport aux autres pays européens, du fait du blocage du marché des particuliers (- 10 %) et de celui des entreprises (- 12 %). Quand en France nous sommes à - 6 % sur les PHEV sur neuf mois, l’Europe est à + 31 % ! Avec l’introduction du malus au poids au 1er janvier 2025, la France a perdu 28 % de pdm et est passée derrière l’Italie et l’Espagne. Du jamais vu ! Le mix diesel est à 5 % en France sur neuf mois, contre 9,3 % en moyenne européenne, 10 % en Italie, 15 % en Allemagne. Cherchez l’erreur ! », relève Marc Bruschet, qui pointe du doigt les mesures fiscales coercitives de l’Etat plombant le marché. 

Un leasing social inefficace

Autre facteur plombant, l’inefficacité du leasing social, avec son coût prohibitif en ces temps de vaches déjà maigres. Un coût estimé à 1 Md€ pour les deux années. « Sauf qu’en 2023, sans leasing social donc sans aides de l’Etat, 186 000 VE ont été écoulés vers les particuliers. Le rendement est donc nul et signifie que ce dogme écologique plante le marché avec un produit qui ne répond pas aux besoins, même en élargissant le foyer fiscal à 16 300 €. Les véhicules proposés (segment B, petite batterie, autonomie de 312 km) ne sont pas adaptés aux ménages ciblés qui, pour l’essentiel, n’ont qu’un seul véhicule par foyer et bien souvent pas de possibilité de recharge à domicile », estime Marc Bruschet. Le mix BEV ne devrait donc pas dépasser les 20 % chez les particuliers. Mobilians estime d’ailleurs qu’une prime à la conversion, avec ouverture aux VO récents et aux hybrides, et élargissement du revenu fiscal à 12 000 €, produiraient de meilleurs effets. 

Muriel, rédactrice en chef Zepros Auto, couvre l’après-vente, VO, équipementiers et suit les révolutions auto : électrification, digitalisation, IA. Elle pilote aussi les événements Zepros.
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