La carrosserie au cœur du TCI imaginé par Hubeecar
Promoteur de la notion de "total cost of immobility", le réseau de sites multiservices dédiés aux flottes, aux spécialistes VO et autres loueurs a fait de la carrosserie l’une des clés de voûte de son concept.
Si à peu près tout le monde – jusqu’aux usagers eux-mêmes – est sensibilité au TCO, fameux "total cost of ownership" (coût total de détention) dans l’automobile, il faut être spécialiste des flottes pour connaître le TCM, alias "total cost of mobility". Hubeecar, qui connait bien le monde des flottes depuis sa création en 2020, rappelle que « combiné au TCO, le TCM permet d'identifier des leviers d'optimisation supplémentaires en prenant en compte, non seulement les coûts de gestion des véhicules professionnels, mais aussi ceux liés à la mobilité des collaborateurs ».
Coûts d’immobilité à optimiser
Mais intervenant pour gérer tout ce qui a trait à l’immobilisation d’un véhicule dans le cadre de sa préparation avant-vente, de sa restitution avant relocation ou de son reconditionnement VO, entre autres, Hubeecar avait besoin d’un indicateur plus précis pour prouver son expertise sur le sujet. Aussi le TCI – "total cost of immobility" – a-t-il été conçu. « L’immobilité d’un véhicule, même temporaire, représente un coût conséquent et pèse sur la rentabilité globale de l’entreprise. Chaque période de non-exploitation peut impacter négativement la rentabilité de l’entreprise », poursuit-on chez Hubeecar. Dans cette optique, le TCI permet d’identifier plusieurs leviers afin d’optimiser les coûts induits.
Primo : réduire les flux logistiques. Ce qui passe par limiter le nombre d’intermédiaires sur la supply chain qui recouvre le transport, le stockage, le "refueling", la télématique, le convoyage, l’entretien, la carrosserie, le lavage, etc., et par limiter le nombre de trajets entre les intermédiaires. Secundo : piloter les opérations en temps réel. Ce qui exige d’avoir une connaissance précise des actions en cours et/ou à venir sur un même parc automobile pour anticiper la date de remise en circulation des véhicules. Tertio : avertir les conducteurs, en les sensibilisant et en les formant à l’éco conduite pour limiter sinistres et frais associés (primes, accidents du travail, réparation carrosserie et/ou mécanique, mise à disposition des véhicules relais…).
Une logique de "hub"
Afin de se poser en partenaire préférentiel des gestionnaires de flottes, loueurs, concessionnaires et pros du VO, Hubeecar a donc bâti son offre autour de sites multiservices : des one-stop-shop incluant les fameux hubs logistiques et des ateliers de réparation mécanique et carrosserie, coordonnés depuis un hub digital. Avec ses huit pôles d’expertise destinés à piloter, transporter, stocker, préparer, entretenir, restituer, reconditionner et revendre, la société couvre l’ensemble des besoins des acteurs de l’automobile.
Ses hubs réunissent en effet les expertises de ses différents adhérents. A savoir Happy Driver, l’expert des technologies de l’information et de l’édition de logiciel (SaaS), Wash&Check, spécialiste de la propreté écologique et de l’inspection, Tekcar pour la télématique, l’autopartage et la sécurité, Baloo pour la maîtrise du transport multimodal, de la logistique et de l’immobilier automobile… Et enfin BRS France, expert de la carrosserie et du reconditionnement de véhicule d’occasion. Dans l’écosystème Hubeecar, la société présidée par Christophe Quey est une composante-clef.
Anticiper au maximum
« Réduire le lead time en carrosserie exige d’anticiper le plus possible : plus on a d’informations avant, plus on peut réaliser le bon chiffrage et appliquer le bon barème. Et communiquer auprès du client pour le prévenir de ce qu’on va faire. Mais pour cela, il faut avoir plus de photos dès la fin de contrat : bas de caisse, pare-brise, etc. Ce qui va aider les estimations », détaille Christophe Quey, dirigeant de BRS et associé d’Hubeecar. Les KPIs développés par et pour Hubeecar aident énormément a réduire ce fameux temps. Un maîtrise temporelle devenue prépondérante sur les utilitaires, notamment électriques. « D’autant que ce sont des véhicules qui ont beaucoup de tôle ! Or, si un VO n’est pas mieux placé qu’un VN, il ne repartira pas en location. La chance du VU est que la disponibilité des véhicules sur le marché du neuf est plus faible », ajoute-t-il.
Côté carrosserie, afin de réduire au maximum le temps d’immobilisation, il est toutefois nécessaire de dissocier deux types d’événements : d’un côté le sinistre, de l’autre le remarketing au moment de préparer le véhicule pour la vente. « Le premier a lieu en cours de vie du véhicule et exige de la planification, de la prise de RDV, de l’anticipation de commande de pièces pour prendre en charge tout de suite le véhicule dès son entrée-atelier et préparer le passage des experts. Car les experts sont tous les jours chez BRS/Hubeecar et nous pouvons réduire énormément ce délai-là », témoigne Christophe Quey. Dans le cadre des procédures véhicule endommagé, Hubeecar peut tout coordonner : géométrie, contrôle technique partiel, etc., pour éviter que l’expert n’ait besoin de passer plusieurs fois. « Certes, un accident arrive subitement et le marché est en proie à une pénurie de pièces de rechange, mais nous savons anticiper un peu. Notamment la fin de vie, grâce à notre expérience du reconditionnement et un schéma d’optimisation des process et des outils digitaux pour ce faire », poursuit-il.
Limiter les échanges
Dans ce cadre-là, le client peut ainsi remettre le véhicule sur le marché plus rapidement. Cela passe par l’expertise du véhicule, le déclenchement de la commande de pièces détachées (particulièrement mécaniques), qui a lieu dès l’expertise du véhicule sans attendre l’accord du client, BRS/Hubeecar préférant gérer le retour de pièces plutôt que de faire attendre le client. « Nous gagnons ainsi des journées précieuses. Dans cette situation, nous limitons les échanges informatiques avec notre client ou donneur d’ordres, en lui mettant à disposition notre chiffrage et en attendant son accord ou non, ce qui évite les allers-retours trop fréquents. Le client a donc la main car il a le montant des travaux ligne par ligne, avec photos, et peut prendre toutes les décisions, y compris supprimer les travaux s’il estime que telle ligne de coût n’impactera pas le résultat de sa vente. Et nous récupérons ensuite une liste de travaux mise à jour », explique Christophe Quey.
De manière générale, lorsqu’une réparation carrosserie est en jeu, sa part dans le TCI grimpe très vite. « Cela peut monter à 30-40 % si le client veut du reconditionnement. Mais si nous travaillons correctement le lead time en carrosserie avec nos business models, nous pouvons faire gagner 10 à 15 % au client. Et cela monte vite lorsqu’un acteur fait du VO. Avec un loueur, sur toute la chaîne de la restitution jusqu’à la remise en location, nous pouvons annoncer 20 % d’économie car nous ne proposons qu’une seule logistique, une seule facturation, un seul outil informatique pour suivre l’ensemble des prestations », précise Jean-Loup Savigny, directeur du commerce et du marketing chez Hubeecar. « Le guichet unique Hubeecar permet de gérer le transport amont et aval : nous n’attendons pas de donner notre blanc-seing au client une fois son véhicule terminé pour qu’il se décide à venir le chercher. Nous, notre intérêt est que les véhicules tournent le plus possible. L’inflation générale fait qu’on ne sera peut-être pas moins chers qu’avant, ou moins cher que le voisin, mais nous pouvons promettre des temps de traitement plus courts », confirme Christophe Quey.
Un développement réfléchi
Parmi l’ensemble des sites Hubeecar intégrant une unité de carrosserie aujourd’hui, quatre sont opérationnels auxquels s’ajoutent la carrosserie BRS en implant de la succursale BMW de Vélizy (78). « Mais la carrosserie est le cœur du réacteur pour nous. Cela peut aller du smart repair à la carrosserie lourde, et nous le proposons pour couvrir l'ensemble des besoins de nos clients », confirme Jean-Loup Savigny. La carrosserie génère un chiffre d’affaires important et permet de fidéliser le client. Ne pas en faire dans un site multiservice interrompt la logistique et donc la promesse client. « Les équipes de Christophe ont un savoir-faire extraordinaire. Il est certes contraignant de faire de la carrosserie, car cela demande des investissements lourds et réclame de former, de recruter… Mais nous visons le développement de la carrosserie, même si nous aurons aussi des sites 100 % dédiés au stockage de véhicules, qui seront hors de nos hubs multiservices. Les appels d’offres auxquels nous avons répondu réclament tous de la carrosserie », reconnaît le directeur commerce & marketing. Principal écueil de la recherche de sites capables d’accueillir un hub multiservices ? La surface de stockage, car l’activité d’Hubeecar nécessite de pouvoir stocker 1 000 à 2 000 voitures.
« L’endroit où l’on installe l’atelier, en revanche, est un savant mélange entre le bassin d’emploi, les compétences souhaitées du site, le type de services proposés, les compétences disponibles. Nous avons aussi une réflexion autour d’unités mobiles pour de la maintenance mécanique de premier niveau et dans une logique RSE, car il est plus simple et vertueux de bouger un seul véhicule que deux dans ce cas de figure », confesse Christophe Quey. Après le site multiservices de Dammarie-les-Lys (77) en 2024, qui s’ajoute à celui de Saint-Ouen-l’Aumône (95), Hubeecar vise l’ouverture d’un hub dans l’Oise en 2025, capable d’accueillir 1 500 voitures le long de l’autoroute A1 et à même d’intéresser les loueurs LLD et les constructeurs. « Nous avons pris conscience de ce que cela nécessitait d’accompagner les grands loueurs et les constructeurs, notamment Stellantis cet été suite à la campagne de rappel liée aux défaillances d’airbags Takata, qui nécessitait des véhicules de remplacement. Ils ont aussi besoin de mettre au même endroit du reconditionnement, de la vente VO, du stockage, etc. La nécessité d’optimiser le lead time se renforce. Et avec le phénomène de revente de VE qui est très difficile, il faut absolument relouer ces véhicules car le marché n’offre pas beaucoup d'alternatives », ajoute Jean-Loup Savigny.