La location longue durée en zone d’attente
L’attentisme règne sur le marché de la location longue durée. Au cœur des préoccupations des loueurs, l’instabilité fiscale actuelle venant percuter le verdissement pourtant acté des flottes.
La stabilité a toujours été la promesse de la location longue durée pour le client BtoB comme BtoC : un coût de détention et des loyers lissés ne venant pas affecter la trésorerie. Sans oublier une infusion de véhicules récents jouant mécaniquement sur le levier de l’électrification du parc donc sa décarbonation. Or, la période que traverse le secteur de la LLD n’est pas propice à rassurer ses acteurs, représenté par le SesamLLD (85 % du marché avec 2 millions de véhicules gérés*). Une instabilité due à un cadre législatif et fiscal général en attente d’un nouveau projet de loi de finances 2025 (PLF), censuré en décembre, et actuellement (re)débattu par les sénateurs. Un statu quo déstabilisant et une période étrange puisque les loueurs fonctionnent encore avec le PLF 2024. « Les barèmes du malus écologique font partie des débats. Mais nous n’avons aucune information sur le malus au poids pour les SUV et les durcissements programmés sur les hybrides, déjà initiés en 2024 avec la fin des faveurs fiscales sur ces véhicules. Idem sur la taxe des émissions de CO2 et les polluants atmosphériques… », égrène Alexandre Proux, responsable de la Commission Économique et Fiscale du SesamLLD. Ce manque de visibilité « notoire » freine les clients qui ne renouvellement plus leurs parcs mais prolongent les contrats. « Le VHR est bien dans le viseur des pouvoirs publics avec une réforme en vue sur le grammage de CO2, qui le sortirait de facto des véhicules dits propres », ajoute le responsable, soulignant un verdissement du secteur ralenti par ce manque de visibilité. Cet attentisme du marché inquiète d’autant plus les loueurs dans le cadre de la loi LOM (loi d’orientation des mobilités) qui prévoit une amende (2000 € par véhicule) en cas de non-respect des quotas de véhicules à faibles émissions (50 g de CO2 au maximum) renouvelés dans les entreprises. Une « double peine » si l’amende concerne à la fois le non-respect des quotas par les clients et par les loueurs à qui appartiennent les véhicules.
* 1,6 million du parc roulant / 300 000 en fleet management.
Les avantages en nature en question
Fin 2024, l’abattement de 50 % sur les avantages en nature pour les véhicules 100 % électriques a été prorogé pour 2025. Mais c’est bien la seule information dont disposent les loueurs pour rassurer leurs clients BtoB. Quid à présent des avantages en nature (AEN) soumis à cotisations et pouvant passer de 30 à 50 %, voire 60 % pour les véhicules thermiques (comprenant hybrides et hybrides rechargeables). « Nous serions sur une variation assez brutale avec une multiplication par deux du coût de ces AEN. Mais sur quel périmètre ? L’ensemble du parc à la route ou les nouveaux véhicules ? », demande Régis Masera. Le président de la commission Affaires Publiques du SesamLLD n’hésite pas non plus à parler d’injustice sociale avec des utilisateurs majorés « de plein fouet, dont une grande partie vit en province, sans solution pour accéder à l’électrique ou autres modes de transport. Cela pourrait être perçu comme un impôt supplémentaire et pourrait désorganiser l’entreprise dans son fonctionnement », indique Régis Masera. Sa crainte ? Un désengagement des entreprises dans le renouvellement de leurs flottes – et donc la fin des contrats avec les loueurs - entraînant une baisse de l’électrification dans le parc roulant, « puisque les véhicules sont ensuite remis sur le marché du VO. Nous demandons un temps fiscal long d’au moins dix ans pour permettre au marché de se fixer un cap et aux entreprises de s’adapter plus sereinement vis-à-vis de leurs collaborateurs », lance le président de la commission.
Autant de facteurs anxiogènes qui viennent se superposer à des normes en cours (CAFE comprenant Euro7, doublement de la WLTP pour les PHEV, certificat d'économie d'énergie, reporting environnemental (CSRD)…) et intensifient l’attentisme ambiant.
2024 en peine
Des immatriculations 2024 en repli de 2,6 % à presque 2 millions d’unités mais un financement en location longue durée en légère croissance (+ 0,4 % à 621 921 de véhicules neufs en VP/VU et VS). Résultat : le leasing représente 30 % des immatriculations globales et tient le coup malgré les aléas d’un marché toujours déprimé. Le cœur du business des loueurs reste celui des entreprises (453 856 unités enregistrées en LLD en 2024), même si ce dernier est en peine au niveau général avec - 4,6 %. Dans ce dernier chiffre, notons la contre-performance des véhicules à particuliers (- 7,5 %). Car même si la longue durée a traversé une période effervescente avec 832 200 VP enregistrés dont 81 150 unités en LLD (13 % soit + 47 % vs 2023), il s’agit d’un dopage artificiel dû au leasing social sur le véhicule électrique.
Enfin, le VUL (+ 3,2 % des immatriculations globales à 330 000 unités) a bénéficié de ce type de financement qui représente désormais un tiers de ces immatriculations (+ 10,6 %).
À noter que 17,8 % des immatriculations des flottes ont été réalisées en électrique (+ 45 %) en 2024, contre - 20 % chez les particuliers.
La répartition des motorisations montre une prédominance de l’Essence (26,5 % des véhicules loués) pour 164 600 unités, suivie par les hybrides (23,7 %), le Diesel (21 %), l’hybride rechargeable (10 %) et le 100 % électrique (18 %).