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A. Landec, Feda : « Le maintien d’un système concurrentiel est le moteur qui nous a toujours fait avancer »
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Président jusqu’en 2027, Alain Landec croit en la force du collectif pour faire entendre la voix des grossistes et plus largement des acteurs de l’après-vente. Il détaille à Zepros la feuille de route des actions 2025 de la fédération des distributeurs hexagonaux de pièces de rechange.
Alain Landec : La Feda a milité pour la libéralisation de la pièce de carrosserie, avec un certain succès. Nous continuons d’œuvrer sur la défense des systèmes concurrentiels, levier fondamental pour parer à la possible mainmise des constructeurs sur l’après-vente automobile, aidés par les innovations. Ma conviction est que le maintien d’un système concurrentiel est le moteur qui nous a toujours fait avancer sur les dossiers (PQE, garantie constructeur préservée…) et qui retient l’attention des politiques ! Nous allons donc continuer nos actions. En ce début d’année, nous nous mobilisons sur les difficultés du passage à l’électrique. Aurons-nous un peu de répit en termes de calendrier : maintien de la butoir de 2035 pour l’arrêt de fabrication de véhicules thermiques, déploiement des ZFE freiné ou reporté à l’instar de la Métropole de Montpellier ou Strasbourg (report à 2027) ? Même incertitude sur l’injonction de verdissement des flottes. Malgré les actions que nous avons menées, les 21 propositions qui ont été faites par les parlementaires dans le cadre d’une mission flash ne nous satisfont pas. Non seulement les sanctions sont durcies, mais les véhicules utilitaires pourraient entrer dans le dispositif. Cela alors que ni l’offre, ni les prix ne permettent aux PME de jouer la transition ! Avec la CGF (Confédération des Grossistes de France), nous allons expliquer aux parlementaires que les grossistes ont besoin d’un aménagement de calendrier.
A. L. : Face à des constructeurs qui disposent de la menace de fermeture d’usines synonyme de millions d’emplois perdus, notre filière fait difficilement le poids. Car si nous pesons également énormément d’emplois en Europe, nos entreprises sont de plus petite taille, très dispersées et donc à moindre impact facilement visible ! C’est aussi pourquoi dans l'Hexagone nous nous rapprochons de la Confédération des Grossistes de France [N.D.L.R. : présidée par Stéphane Antiglio, président de PHE], qui représente un million d'emplois et 160 000 entreprises. L’addition de nos forces permet de présenter un discours homogène et cohérent face aux pouvoirs publics. Si avec la CGF nous avons obtenu la reconnaissance du statut de grossiste dans la législation du Code du commerce, il reste encore beaucoup à faire pour que les politiques mesurent notre importance dans la chaîne de valeur.
A. L. : D’une façon générale, les politiques sont mobilisés sur un unique sujet : sauver les constructeurs automobiles. Alors évidemment, l’écoute reste faible lorsque nous arrivons avec notre sujet "entretenons le parc pour le rendre plus vertueux et répondre aux besoins de mobilité économique des consommateurs" ! Car les 340 millions de véhicules qui roulent en Europe (42 millions en France) ne pourront pas être remplacés par un coup de baguette magique… électrique. Entretenir le parc est clairement une démarche écologique. C’est imparable ! Sauf qu’en le disant, on défend aussi la voiture thermique, alors même que les politiques ne voient que par l’électrification. Deux messages qui s’entrechoquent et perturbent la compréhension du grand public, estiment les politiques ! C’est aussi le frein que rencontre depuis des années – et aujourd’hui encore – la démarche particulièrement vertueuse de l’éco-entretien.
A. L. : C'est un sujet à deux niveaux : la réparabilité du parc actuel et celle du parc futur. Actuellement, la commission Feda « Diesel et nouvelles technologiques » nous fait remonter des manques de certaines références de pièces en Diesel, qui ne sont plus fabriquées. C’est un problème, car si l’on comprend l’équation économique des équipementiers, les modèles diesel représentent encore la moitié du parc roulant. Nos adhérents nous demandent d’intervenir sur le sujet pour que la fabrication de certaines références soit prolongée.
Et puis, il y a la question de réparabilité des véhicules du futur qui nous inquiète également : gigacasting, batteries irréparables… Autant d’innovations qui vont augmenter drastiquement le coût d’une réparation. Un exemple type : la valeur de réparation d’une Tesla est égale à la valeur de la voiture ! En militant pour la réparabilité, ce ne sont pas les intérêts d’une corporation que l’on défend, mais ceux du pouvoir d’achat des consommateurs.
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La Fédération de la distribution automobile renouvelle son identité visuelle, via un nouveau logo symbolisant solidarité, cohésion, solidité du maillage du réseau de la distribution indépendante. Mais pas question d’abandonner le slogan historique : La Feda est là !
A. L. : Bertrand Védrine prend en charge l’animation de nos quatre groupes métiers (VL, diesel, nouvelles technologies, et peinture-carrosserie) portés chacun par deux distributeurs qui définissent leurs feuilles de route. Ces actions métiers complètent nos missions d’assurer un service juridique et social, ainsi que la formation, en association avec la FNA et l'AFORPA.
A. L. : Nous en avons fait un en novembre à Nantes, et un fin janvier à Toulouse. Nous en faisons un le 13 mars à Avignon et nous en avons prévu trois autres (Dijon, Beauvais et Bourges). Cela nous permet d’échanger avec nos adhérents, mais aussi de rencontrer des non-adhérents. Sur les deux premières réunions, nous en avons convaincu une dizaine de nous rejoindre.
A. L. : Notre baromètre de la distribution, qui est aujourd’hui une référence, passe cette année d’une périodicité trimestrielle à mensuelle. Cela à la demande des distributeurs qui ont besoin d’un marqueur permettant de comparer mensuellement leurs performances à celles du marché. Nous devions donc coller au plus près de la mutation de notre société vers le « tout data ». Nous lançons également un baromètre social annuel pour répondre aux exigences RH et RSE. Enfin, avec SRA et AAA Data, nous sortirons un baromètre affiné du parc automobile qui sera réservé à nos adhérents. Au total, nous avons besoin d’arguments chiffrés pour obtenir une meilleure écoute des pouvoirs publics.
A. L. : Je suis président jusqu’en 2027. Et le conseil d'administration sera renouvelé en juillet 2025. Ce décalage permet de garder une continuité et une stabilité dans la gouvernance. Je ne sais pas encore si je me représenterai, car il faut aussi laisser la place aux jeunes. Même si c'est une fonction assez passionnante, parce qu'on est à la fois plongé dans l’action tout en prenant de la hauteur.
Léa Cuissard et Caroline Ridet
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