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Nombre livraisons/jour : et si l'on suivait l'exemple autrichien ?

Jean-Marc Pierret
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Walter Birner

La nécessaire prise de conscience environnementale de l'aftermarket permettrait-elle de réduire intelligemment le nombre de livraisons quotidiennes de pièces sans nuire ni au distributeur, ni au réparateur, ni bien sûr au consommateur ? C'est l'idée que Nexus Automotive International souhaite voir germer en faisant connaître l'expérience autrichienne en la matière. Et il faut bien reconnaître que du point de vue environnementalement altruiste comme plus pragmatiquement économique, c'est le bon moment pour y penser...

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« La question du nombre de livraisons et de l’organisation logistique des distributeurs et des groupes de distribution vers les ateliers est un enjeu clé pour réduire l’empreinte carbone de l’industrie », vient de rappeler Nexus Automotive International dans un communiqué.

Nexus a donc voulu faire connaître l’initiative intéressante de l’association autrichienne des distributeurs (VFT - verband der freien Kfz-Teilehändler Österreich, i.e. Association des distributeurs indépendants de pièces automobiles). Elle vient de recommander à ses membres de collégialement limiter le nombre de livraisons à trois par jour. Bien sûr, souligne Nexus, « ce n’est là qu'une recommandation, pas une règle commune ».

Une nécessaire discipline

Il faut bien sûr que l’organisation professionnelle soit en mesure de peser de tout son poids sur la quasi-totalité des distributeurs autrichiens. Car au risque sinon d’ouvrir un boulevard concurrentiel à de “franc-livreurs” opportunistes, il est évidemment nécessaire que les opérateurs adhèrent massivement à l’idée en même temps, d’une façon aussi volontaire que disciplinée et aussi disciplinée que durable.

C’est apparemment le cas en Autriche où l’idée semble faire son chemin. « Le nombre de livraisons quotidiennes a déjà commencé à diminuer », assure Nexus. Et Walter Birner, le président de l’association autrichienne, semble lui aussi satisfait puisqu'il envisage déjà une seconde étape. « Lorsque tout le monde comprendra qu'il s'agit d'un changement positif pour tous, nous irons de l'avant et recommanderons de réduire à deux livraisons quotidiennes. »

Un gros pas culturel

Reste à savoir si la légendaire discipline austro-allemande qui permet ce changement serait transmissible aux espiègles esprits latins. Peut-on raisonnablement imaginer que les quelque 2500 distributeurs français se coordonnent pour optimiser ainsi leur logistique de proximité ?

Il faudrait bien sûr franchir un sacré pas culturel, sachant que le nombre de livraisons quotidiennement assurées par les distributeurs est consubstantiel à la fidélité de leurs clients réparateurs. Et que ces derniers se sont bien sûr habitués depuis des lustres au confort d’un rythme allant de quatre à cinq livraisons par jour, voire jusqu’à six dans certaines zones hyper-concurrencés.

En outre, cette réduction des livraisons – surtout si elle tend vers deux par jour seulement – suppose aussi une meilleure gestion des plannings atelier en aval. Nexus le reconnaît d’ailleurs volontiers : « Cette initiative [autrichienne] est un accord gagnant-gagnant car elle ne pousse pas les ateliers à créer du stock, mais à accroître le nombre des entrées atelier anticipées. »

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Parc roulant Autrichien en 2019

Garantir le "gagnant-gagnant" au réparateur

Le profil des réparateurs autrichiens semble en tout cas compatible avec celui des ateliers français. L’Autriche compte, explique VFT sur son site, quelque 6000 ateliers dont les deux tiers sont des multimarques indépendants prenant en charge environ la moitié des prestations demandées par un parc de 6 millions de véhicules dont 5,5 millions de VP (voir tableau ci-dessus).

Mais si on comprend qu’une réduction de moitié des livraisons aurait un impact immédiat sur la profitabilité des distributeurs et de leurs groupements, restera encore à convaincre les réparateurs autrement que par un martial « c’est comme ça et pas autrement ». En partageant d’une façon ou d’une autre les gains logistiques réalisés en amont de leurs entreprises, bien sûr ; mais aussi en les accompagnant dans l’organisation de leurs ateliers par des outils digitaux et commerciaux favorisant aussi cette nécessaire planification amont des entrées atelier.

Le bon moment pour y penser

Nexus, tout à son Climat Day planétaire qu’il organise en mars prochain à Montréal, compte bien y valoriser cette initiative autrichienne. Et montrer qu'elle pourrait essaimer mondialement pour matérialiser ainsi l’une des vitrines environnementales d’un aftermarket encore trop peu visible en la matière.

Une chose en tout cas est certaine : à l’heure de l’explosion des coûts énergétiques et logistiques, le moment est plus favorable que jamais à une telle (r)évolution coordonnée côté distributeurs. Et peut-être aussi côté réparateurs. La prise de conscience environnementale des consommateurs allant elle aussi croissant, il est peut-être aussi temps d’expliquer aux automobilistes qu'en acceptant un délai supplémentaire avant sa prise en charge, son auto peut ainsi faire du bien à la planète en réduisant substantiellement l'impact carbone de son entretien...

Jean-Marc Pierret
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