Très chère mobilité : les automobilistes (bientôt) face à un dilemme ?

Publié le 15/12/2022 à 12h30

, mis à jour le 15/12/2022 à 13h57

« La voiture, quoi qu’il vous en coûte ? » L’Observatoire Cetelem 2023* décrypte l’impact sur la consommation automobile du conflit russo-ukrainien et de la crise économique et énergétique qui en découle.

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L’étude compare les coûts dans dix-huit pays à travers le monde et décortique l’impact de l’inflation sur le prix d’achat et le coût d’utilisation d’un véhicule. Si 72 % des automobilistes ne se voient pas vivre sans voiture, les questions liées au budget alloué les font sérieusement s’interroger ! Et chercher des alternatives…
Car le cadre réglementaire toujours plus contraignant menant au tout électrique – avec la rupture technologique induite que doit affronter l’industrie automobile – ne risque-t-il pas de faire de l’auto un produit de luxe ? Ou de voir l’industrie européenne se faire dépasser par de nouveaux mais déjà puissants acteurs asiatiques (chinois essentiellement), bientôt capables de proposer des véhicules électriques low cost ? C’est bien le secteur auto dans son ensemble, de l’industriel jusqu’au consommateur, qui se repense actuellement, et doit composer avec de nouvelles formes de mobilités alternatives…

* Étude menée dans dix-huit pays : principaux marchés européens, Turquie, États-Unis, Japon, Chine, Afrique du Sud. Enquête consommateur quantitative menée par Harris Interactive auprès d’un panel de 16600 personnes, du 23 juin au 8 juillet 2022.

Le prix d’achat moyen d’un véhicule présente de fortes disparités. Entre la Pologne, le Brésil, le Mexique ou la Turquie, frappée de plein fouet par l’inflation et la baisse de la livre turque, et la Chine, pays où le poids de ventes de ventes de véhicules neufs est particulièrement marqué car portées par la classe moyenne émergente, c’est le grand écart !

Il n’y a pas match : aux yeux des répondants à cette enquête, la voiture reste indispensable. Et ce, quel que soit le marché considéré. Cette homogénéité n’est toutefois que de façade : dans un même pays, des disparités existent entre urbains et ruraux. Ces derniers sont 77 % à ne pas pouvoir s’imaginer sans voiture lorsque la proportion atteint 70 % pour les premiers. Autre scission, celle de la segmentation générationnelle : 34 % des moins de 35 ans seraient prêts à ne plus posséder de véhicule, contre 26 % seulement pour les plus de 35 ans.

Si le prix d’achat – en hausse – est globalement accepté par les automobilistes, il n’en va pas de même pour ce qui est de son coût d’utilisation ! « Non seulement une voiture coûte cher à l’usage, mais elle coûte de plus en plus cher. Plus de 8 personnes interrogées sur 10 le pensent », note en effet l’Observatoire Cetelem 2023. Toutefois, il convient de souligner dans la ventilation du coût d’usage que le carburant pèse à lui seul environ trois fois le budget alloué à l’entretien-réparation ou à l’assurance…

La mobilité a un coût, dopé par l’envolée des cours du pétrole… Si près de 60 % des personnes interrogées répondent à cette question par l’affirmative, cette proportion passe à près de 8 personnes sur 10 dans les pays aux économies plus fragiles : Turquie, Afrique du Sud, Brésil et, dans une moindre mesure, Portugal et Mexique. Pour contenir le coût d’utilisation du véhicule, quelque 60 % des répondants ont déclaré moins rouler pour moins consommer. Japon excepté, où la hausse du prix des carburants a été limitée, c’est LA principale préoccupation des automobilistes…

Avec une moyenne de 583 € pour l’ensemble des dix-huit marchés analysés, et 563 € au niveau européen, le coût d’entretien du véhicule est mieux accepté. La hausse du prix des pièces ne semble pas – encore ? – avoir impacté la perception des consommateurs. Attaqués au portefeuille sur ce poste de dépense, les Japonais trouvent logiquement l’entretien onéreux (1re place du classement avec 901 € par an) ; pour les raisons économiques précédemment évoquées, les automobilistes turques et brésiliens se montrent eux aussi passablement agacés...

S’il est globalement accepté des automobilistes, le poste entretien-réparation du véhicule cherche lui aussi à être jugulé. Dans cette chasse aux coûts, faire entretenir son véhicule par un réparateur indépendant est l’option choisie par 4 répondants sur 10. Espagne et Portugal sont en tête dans ce domaine. L’étape suivante est de réaliser soi-même l’entretien : Chine et États-Unis se hissent alors en tête du classement du do-it-yourself. Étape ultime, plus radicale : limiter la maintenance. « Plus de 40 % des Turcs se disent alors tentés par l’expérience », souligne Cetelem…

Que reste-t-il donc comme alternatives à la voiture ? Les mobilités douces – vélos à assistance électrique, scooters et motos électriques – se hissent au rang de complément naturel à l’automobile. Reste que le phénomène demeure très urbain, et très européen (50 %). Si 85 % des répondants néerlandais disent avoir intégré les mobilités douces dans leurs modes de déplacement, à l’opposé, respectivement 73 % et 70 % des Sud-Africains et des Américains utilisent exclusivement une voiture pour se déplacer.

Jérémie Morvan

Jérémie, avec 20 ans d’expérience, suit chez Zepros Auto les réseaux multimarque et véhicule industriel, décryptant mutations, enjeux technos et transition énergétique du secteur automobile.

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