[Atlas] LKQ Europe : « Nous nous concentrons sur notre croissance organique »
LKQ Europe a annoncé un recul de 6 % du CA (4,5 Md€) en 2020, rattrapé sur les neuf premiers mois de 2021 avec une croissance de 12,4 %. Quel devrait être son atterrissage à fin 2021 ?
Arnd Franz : Compte tenu de la bonne performance que nous avons enregistrée au cours des trois premiers trimestres 2021, nous avons réduit la fourchette de la marge d’EBITDA de LKQ Europe au troisième trimestre, comprise entre 9,8 % et 10,3 %, augmentant ainsi le plancher de 30 points de base. Nous continuerons de nous concentrer sur une croissance rentable et une expansion durable des marges.
Êtes-vous impacté par les ruptures d’approvisionnement des équipementiers ?
A. F. : Notre taille a aidé à atténuer les augmentations de coûts et les impacts sur la chaîne d’approvisionnement en activant des mesures proactives pour in fine livrer nos clients à temps. Car s’il est évident que, pour de nombreux équipementiers, fournir l’OE en pièces est souvent prioritaire, nous travaillons en étroite collaboration avec nos principaux fournisseurs pour qu’ils assurent un bon taux de service pour l’IAM.
Avez-vous réalisé des acquisitions en 2021 ?
A. F. : Nous n’avons fait aucune acquisition majeure pour nous mobiliser sur l’expansion de notre réseau européen existant. La France en est un exemple, où nous avons ouvert un nouveau centre logistique à Toulouse qui renforce notre réseau en France avec quatre filiales. Actuellement, LKQ se concentre sur la croissance organique et durable, avec peut-être en 2022 des petites acquisitions intermédiaires.
Où en êtes-vous de la mise en œuvre du plan « 1 LKQ Europe » ?
A. F. : Fin juin 2021, nous avons bouclé la rationalisation de notre organisation pour bénéficier de l’échelle et de l’efficacité d’un travail plus harmonisé, mais avec l’intention claire de maintenir l’esprit d’entreprise locale. Ce n’est que le début de l’aventure.
Quels sont vos projets pour 2022 ?
A. F. : Nous continuerons d’investir dans notre réseau de distribution européen en tirant parti de la consolidation des achats, en poursuivant l’enrichissement du catalogue produits, en déployant notre système ERP commun et notre concept de formation en ligne LKQ Academy. Tout cela combiné avec notre stratégie de numérisation renforcera la compétitivité de LKQ Europe et nous préparera aux défis de l’IAM du futur.
Vision du marché en 2022 ?
A. F. : Le marché secondaire européen devrait dépasser les volumes de 2019, avec une flotte légèrement plus importante et plus ancienne. Mais avec les ruptures de la chaîne d’approvisionnement et la volatilité des prix des matières premières, de nombreuses pièces continueront de fortement influencer le marché, avec à la clé une hausse des prix pour le secteur de la réparation (main-d’œuvre et pièces).
Quels leviers pouvez-vous activer pour contrer ruptures et hausses de prix ?
A. F. : Parce que le principal défi pour assurer notre croissance est la disponibilité des produits, nous augmenterons nos niveaux de stock de sécurité et fournirons plus de prévisions aux fournisseurs. Et concernant les prix, si nous faisons de notre mieux pour les contrôler, il est probable que nous ne pourrons pas éviter des augmentations tarifaires en 2022. Reste que nos fournisseurs mettent tout en œuvre pour maintenir leur compétitivité.
L’accès aux données reste un sujet phare pour vous…
A. F. : Les données sont essentielles pour favoriser une concurrence saine, l’innovation et offrir de meilleurs services. Elles doivent être disponibles pour l’ensemble de l’écosystème avec un accès direct, indépendant, non surveillé et sécurisé. Plus nous pouvons collecter de données sûres et plus nous pouvons nous assurer la mobilité. Cela est crucial pour la rechange indépendante mais aussi pour les consommateurs.
Où en êtes-vous dans la digitalisation de vos services ?
A. F. : Nous créons de nouvelles solutions numériques sur une plateforme technologique commune : les systèmes de gestion de garage, de gestion de l’apprentissage et des portails clients numériques BtoB avancés. Ce dispositif nous aidera à maintenir notre business et à fidéliser la clientèle. Nous envisageons de créer une expérience numérique entièrement intégrée pour nos clients BtoB.
Comment vous positionnez-vous sur l’électrification de la flotte européenne ?
A. F. : Les nouvelles technologies ne toucheront la rechange indépendante qu’à la fin de la décennie. Et même en 2030, les véhicules 100 % électriques ne dépasseront pas les 4 % du parc de plus de cinq ans. Reste que nous voulons être à l’avant-garde de la transition qui augmentera non seulement la complexité de l’atelier, mais aussi le besoin de nouvelles compétences des réparateurs. Nous travaillons donc sur des concepts d’atelier avancés, en intégrant des pièces de rechange et des équipements pour véhicules électriques et hybrides dans notre catalogue.
Nous développons de nouveaux concepts de formation via LKQ Academy. Nous avons également noué un partenariat stratégique avec « Zukunftswerkstatt 4.0 » [Institut allemand de recherche universitaire axé sur l’atelier 4.0 du futur] pour accélérer l’innovation.
Pensez-vous que la notion de mix énergétique a ses chances ?
A. F. : Toutes les technologies disponibles doivent être activées, et pas uniquement l’électrification. Les moteurs thermiques de nouvelle génération et ceux utilisant les carburants alternatifs (e-carburants : hydrogène, biocarburants…) peuvent offrir un potentiel supplément de réduction de CO2 significatif.
Ces e-carburants doivent être disponibles pour les 300 millions de voitures diesel et essence qui seront encore sur les routes européennes d’ici 2030. C’est le seul moyen d’atteindre les objectifs de CO2 de l’UE.