[Atlas] Stellantis : « L’aftermarket est multiple, notre réponse l’est aussi… »
Sylvie Layec, Senior Vice President Parts&Services, Sales&Marketing, Global de Stellantis, nous a rappelé les lignes fortes de la stratégie mondiale d’ex-PSA Aftermarket, soit quatre piliers forts en offre pièces : origine, MDD Eurorepar, équipementières et pièces issues de l’économie circulaire. Le tout appuyé par un schéma logistique renforcé composé de plaques Distrigo, de Distrigo Relay et de Distrigo Market. La stratégie du groupe Stellantis sera présentée par Carlos Tavares lors du premier trimestre 2022.
Où en est le déploiement de Distrigo dans le monde ?
Sylvie Layec : Nous comptons aujourd’hui 170 master-hubs (plaques Distrigo), pour 145 Distrigo Relay et 35 Distrigo Market. Ce dispositif en trois niveaux est conçu pour nous permettre de distribuer nos pièces à des clients réparateurs dans un rayon de moins de 45 minutes. C’est bien sûr en Europe où Distrigo est né que ce schéma complet est le plus développé avec 134 master-hubs, 115 Distrigo Relay et les 35 premiers Distrigo Market.
En Europe occidentale, il nous reste à massifier le dispositif pour assurer la distribution du dernier kilomètre. Au niveau mondial, nous adaptons notre dispositif avec le même souci de délivrer rapidement notre offre à tout réparateur, dans une démarche pragmatique et adaptée à chaque marché.
Nous reviendrons vers vous courant de la première partie de l’année 2022 dans le détail de la future stratégie du Groupe Stellantis en matière de pièces et services, d’une manière large qui, vous le verrez, profitera des synergies et bonnes pratiques de nos deux ex-groupes.
Quel peut être l’impact de l’électrification du parc sur l’aftermarket mondial ?
S. L. : Il faut se garder de juger l’aftermarket mondial à l’aune de l’Europe et plus largement, des marchés matures en matière d’équipements automobiles. À titre indicatif, le parc roulant mondial VP+VUL (LV+LCV) représentait en 2019 1,4 milliard d’unités en circulation, toutes marques et tous âges confondus. Les véhicules électrifiés, incluant les full-électriques et les hybrides, n’en représentent que 2 %.
Sous la pression des législations, des impératifs environnementaux et des demandes grandissantes des consommateurs, ce chiffre devrait effectivement tripler durant la décennie. Mais cela signifie qu’en 2030, quand le parc mondial aura atteint 1,6 milliard d’unités, cette progression du parc total de +14% se traduirait alors par… 6% seulement de véhicules électrifiés roulants sur la planète ! Vous le dites assez souvent dans vos colonnes: l’inertie du parc est grande. En 2030, le parc mondial comptera certes près de 100 millions de véhicules-full électriques et hybrides, mais pour quinze fois plus de véhicules thermiques. Dans la décennie, le marché va aussi mettre sur la route 100 millions de nouveaux modèles thermiques…
Stellantis Parts&Services veut pouvoir adresser, de manière large, avec une offre pièces et de solutions, véhicules électriques compris, un marché après-vente aujourd’hui estimé à 1000 milliards d’euros HT au niveau mondial (prix consommateurs), dont 50% en pièces et 50% en main-d’œuvre et qui, donc, va encore croître considérablement. Avec les quatre piliers de notre offre en pièces – origine, Eurorepar, équipementières et pièces issues de l’économie circulaire – nous disposons déjà aujourd’hui de 1,2 million de références disponibles.
Votre modèle de déploiement aftermarket est-il applicable partout en l’état ?
S. L. : La nature et le poids relatifs des grands marchés mondiaux de l’aftermarket sont très hétérogènes. En taille et/ou en valeur, l’Europe continentale domine, suivie des États-Unis et, déjà, de la Chine qui atteint près de 50% du marché européen. Les parcs MEA (Middle East & Africa), sud-américain ou indien sont âgés, quand celui de la Chine émerge avec un rythme de croissance élevé de près de 25 millions de VN par an pour un parc qui n’a encore que 7 ans d’âge. Chaque grande région a donc besoin d’une offre complète pouvant s’adapter par briques à ces différences de marchés pour bien sûr tenir compte des attentes et des spécificités locales.
Notre réponse à l’évolution de l’aftermarket se veut à la fois agile et pragmatique. Les besoins d’entretien-réparation en Europe, qui comptera environ 22% de véhicules électriques et hybrides en 2030, ne seront pas les mêmes qu’en Inde ou qu’en Amérique du Sud. Encore moins avec la Chine qui, elle, électrifie son parc rapidement.
Un exemple de cette agilité pragmatique ?
S. L. : Plusieurs me viennent en tête. En Chine, nous avons acquis des distributeurs et noué des partenariats locaux forts, ce qui nous permet déjà de nous positionner sur ce marché qui commence sa consolidation comme le quatrième acteur. En Argentine, nous nous appuyons sur un partenaire reconnu en joint-venture… Face à la demande, nous avons initié un projet pilote en Belgique et en Angleterre avec des plaques Distrigo « Bodyshop » (carrosserie). Dans le cadre du développement de notre réseau multimarque Eurorepar Car Service, nous avons aussi lancé un plan co-branding, comme au Danemark avec le réseau Quick Point, siglé « partenaire d’Eurorepar Car Service ».
À fin octobre, Eurorepar Car Service comptait plus de 5 700 adhérents réparateurs, soit +340 en dix mois, dont près de 4200 en Europe élargie. En Chine, près de 800 Eurorepar Car Service sont déployés, auxquels s’ajoutent plus de 450 garages multimarques de DPCA (Dongfeng Peugeot Citroën Automobiles)… L’aftermarket est multiple ; notre réponse l’est aussi…
Quid de l’impact électrique sur l’aftermarket de Stellantis en particulier ?
S. L. : Au niveau mondial, nos marques s’appuient sur un parc de 140 millions de véhicules d’âges et de natures très différents selon les marchés. Nous sommes, de par l’histoire du groupe, très présents en Europe, en Amérique du Nord et Amérique latine. Mais en tout état de cause, il faut permettre à l’ensemble de nos partenaires d’avoir accès non seulement à tous les âges de ce parc « intra-marques », mais aussi aux autres marques. Surtout sur des marchés de croissance, précisément là où la réparation multimarque est la règle.
Je comprends aussi un autre sens à votre question que j’anticipe donc : les réseaux de distribution VN/VO de Stellantis seront effectivement en première ligne de cette électrification, notamment sur les marchés matures, puisque cette motorisation arrive par les véhicules récents, territoire naturel des ateliers des quatorze marques du groupe Stellantis.
Mais c’est précisément là toute la force aftermarket du groupe : donner les outils et les moyens à l’ensemble de nos partenaires distributeurs et réparateurs, qu’ils soient sur des marchés matures ou en développement. Sur la partie électrique, nos réseaux agréés sont en mesure d’entretenir et réparer nos véhicules électriques et commercialisent de nombreux services associés, de l’installation de stations de recharge chez nos clients et de nombreux services, de financement, de contrats services adaptés, aux services connectés leur permettant de mieux vivre leur expérience électrique. Nous travaillons avec nos réseaux à apporter le meilleur service aux clients professionnels également, en phase avec le développement attendu des ventes BtoB et du développement de l’usage. Nous voulons leur donner les outils pour appréhender toutes les complexités des évolutions de marché, qu’il s’agisse de pièces, de prestations après-vente ou d’attentes consommateurs.
Jean-Marc Pierret