Sylvie Layec, Stellantis : « Notre philosophie ? Le client d’abord ! »
La stratégie mondiale Dare Forward 2030 de Stellantis avance méthodiquement ses pions et casse les codes à chaque strate de son organisation. Le pragmatisme avant le dogmatisme et le client d’abord, quel qu’il soit ! La rechange constructeur et indépendante est l’un des bras armés de cette politique qui se nourrit de ce mantra constant du “Think global, Act local”. Un fil d’Ariane qui doit imposer Stellantis Parts & Services comme acteur majeur de la distribution de pièces. Explications de Sylvie Layec, Senior Vice-Présidente Parts & Services Global Sales & Marketing.
Pouvez-vous détailler votre stratégie ultraciblée par typologie de clients (BtoC et BtoB) à l’échelle internationale ?
Sylvie Layec : En effet, nous élargissons encore notre dispositif 360° déjà bien calibré pour répondre aux besoins du marché de la distribution PR et de la réparation. L’évolution majeure concerne l’intégration de Category Managers (CatMan) vers qui remontent toutes les attentes clients en produits et services via une multitude de canaux d’information. Nous avons démarré par un pilote européen pour valider et enrichir le concept, désormais effectif aussi au niveau global, avant un déploiement en Amérique du Nord et dans toutes les régions dès 2024. L’objectif reste le même : le client d’abord et toujours ! Tout part de leurs besoins, sachant que ceux-ci peuvent être très variables selon leur nature : consommateur final, client professionnel (distributeur, réparateur agréé comme indépendant, flotte) … En restant résolument “Customer Centric”, nous avons associé à chaque segment de produits des Category Managers chargés de construire les offres les plus adaptées pour chaque segment de clients. L’objectif est commun à tous : une offre complète de pièces, de services et solutions, tout au long du cycle de vie du véhicule et, bien sûr, la disponibilité ! Nous sommes plus que jamais dans la stratégie du “one stop-shop” !
Comment se décompose cette évolution stratégique ?
S. L. : Il y a cinq piliers essentiels : une couverture produits et services très complète pour le réparateur, basée sur le “good-better best” pour accompagner le véhicule tout au long de son cycle de vie, y compris avec des pièces relevant de l’offre d’économie circulaire. Ce qui implique un positionnement tarifaire adapté donc compétitif, c’est le “price for value driven”, des gammes ad hoc et une logistique garantissant la disponibilité et la livraison de proximité. Viennent ensuite les animations commerciales et “go-to-market” proposées à chaque typologie de client par région du monde, selon qu’il soit distributeur ou réparateur, avec entre autres des programmes de fidélité, du marketing, de la formation, d’intelligence marché…
L’organisation de nos CatMan est mondiale, mais tout part du besoin du client. Le one-stop-shop reste le fil conducteur
Les CatMan existent déjà par ailleurs…
S. L. : Leur fonction est unique chez Stellantis, dans la mesure où ils embarquent aussi bien les pièces OE qu’équipementières et nos MDD et pièces issues de l’économie circulaire. Il n’y a aucune équivalence aussi transversale et complète pour assurer la distribution des pièces de rechange des quatorze marques du groupe, nos programmes MDD, notamment Eurorepar, bproauto® et nos gammes multimarques équipementières. Ce dispositif consolide encore notre ancrage sur un parc circulant vieillissant partout dans le monde (plus de 11 ans), hormis la Chine qui annonce 6,8 ans en moyenne.
Comment bâtir une stratégie IAM durable lorsque l’on parle d’un parc de plus en plus électrique ?
S. L. : Le marché de la distribution de pièces devrait être de 603 Md$ à l’horizon 2027, selon Frost & Sullivan [N.DL.R.: prix distributeur], ce qui signifie une croissance de 38% par rapport à 2022, soit +7,6% de croissance annuelle. Et dans cette croissance, la Chine est le premier levier : en 2027, elle pèsera 21% de l’aftermarket mondial ! Nous suivons plusieurs axes pour servir un parc qui se diversifie en âge, en nombre, en marques et en types de véhicules circulants. Dans le cadre de notre offre 360° calibrée en temps réel, nous avons déjà intégré une économie circulaire complète des batteries (réparation, remanufacturing, réutilisation ou recyclage des batteries en fin de vie). D’ailleurs, nous avons ouvert notre premier hub d’économie circulaire à Turin, et lancé notre label hybride et électrique dans le réseau Eurorepar Car Service. Nous avons présenté à Solutrans récemment et en exclusivité un véhicule 100% retrofité. Dans le même temps, nous assistons à une croissance fulgurante de moteurs dits propres, comprenant les hybrides et les full electric. Sur ce dernier point, le parc BEV mondial devrait ainsi atteindre 6% à l’horizon 2030, avec d’énormes disparités selon les régions : en Europe, il sera de 20%, et de 22 % en Chine ! L’urbanisation galopante concernera 60% de la population mondiale en 2030 et 68% en 2050. Les demandes en mobilités évoluent donc radicalement : transfert de la propriété vers l’usage ou consommation à la demande du véhicule induisent la croissance des parts de marché des flottes. Et ce sont bien elles qui accélèrent le tempo de l’électrification et/ou de l’hybridation. Nous pensons que les 22% estimés du parc roulant électrique en 2030 en Europe pourraient fort bien accélérer vers les 30% ! Car à tous ces facteurs sociaux et économiques, il faut ajouter d’autres pressions : les réglementations ou les fiscalités imposent de nouveaux standards d’émissions. Pour toutes ces raisons, nous devons ajuster nos offres quasiment en temps réel, car encore une fois, tout part du client et de ses besoins. Notre philosophie est simple : le client d’abord, quoiqu’il arrive !
Pouvez-vous préciser les fortes disparités par région pour l’électrique et l’hybride ?
S. L. : Le poids de ces véhicules dans le parc devrait en effet tripler d’ici 2026 : 20% en Chine, 18% en Europe… mais 1% au Mexique ! Aux États-Unis, l’Inflation Reduction Act voté en août dernier redope les crédits pour l’achat de véhicules propres fabriqués sur le sol américain. Sur le sol européen, la part des BEV dans les immatriculations est de 26%, mais elle pourrait atteindre 75% en 2026. Bruxelles impose la fin de la production de véhicules thermiques en 2035.Mais tout peut encore changer selon chaque législation locale !
Le rachat de Norauto en Argentine va-t-il être suivi d’autres acquisitions ?
S. L. : Ce récent rachat concrétise parfaitement le pragmatisme et l’agilité de nos ambitions de conquête ! Norauto Argentine est présent sur le sol sud-américain depuis 1998 avec treize centres et leurs ateliers situés dans la province de Buenos Aires. Nous allons poursuivre notre croissance sur le sol argentin, tout comme nous allons continuer cette vaste conquête ailleurs, dans tous les segments de l’après-vente. Rappelons que nous avons fait l’acquisition de distributeurs chinois qui nous positionne aujourd’hui comme le quatrième acteur mondial du marché de l’aftermarket. Notre joint-venture avec la marque chinoise électrique Leapmotor pour la déployer à l’international est l’illustration de notre dynamique dans le cadre du plan stratégique Dare Forward 2030. La Chine témoigne d’une accélération vers le 100% électrique sans passer par l’hybride, alimentée par 150 constructeurs majoritairement locaux. Pour nous, c’est un véritable cluster à ciel ouvert !
Chiffres
• En Europe : 147 Distrigo Hubs (+19 vs 2022), 520 Distrigo Relay et Markets (dont 170 Distrigo Relay, 350 Distrigo Market), soit +133 vs 2022.
• 6192 Eurorepar Car Service dans 30 pays (+ 423 vs 2022) à fin novembre 2023
Lire l'édition 2024 de l'Atlas de la distribution PR internationale by Zepros