David Loy, Niterra : « Nous avons fait le choix de livrer l’aftermarket ! »

Jérémie Morvan
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Si l’équipementier se prépare à la transition énergétique, il entend profiter encore d’un marché dynamique en rechange, avec des relais de croissance sur des régions à fort potentiel. Entretien avec David Loy, directeur général aftermarket monde de Niterra.

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Comment analysez-vous l’année 2023 ?

David Loy : Le parc vieillit, ce qui est favorable à la rechange indépendante. La demande reste forte et l’exercice 2023 [a été] bon, même si nous avons dû composer avec des hausses importantes des coûts des métaux précieux (iridium, platinium, etc.)… et ce n’est pas fini ! Le Moyen-Orient et l’Afrique sont des marchés en croissance, avec des parcs qui augmentent. La situation a été plus hétérogène sur le marché asiatique : la dynamique est bonne au Japon, très bonne en Inde, tandis que le marché chinois, avec l’explosion des ventes de véhicules neufs électriques, est plus compliqué pour la rechange indépendante.

Comment négociez-vous le virage de l’électrification ?

D. L. : : Nous sommes un groupe diversifié, avec 15% du CA réalisé hors auto via le domaine médical. Une business unit en croissance. Sur l’automobile, si l’on doit s’attendre à voir baisser les volumes sur nos gammes historiques, ce sera en Europe principalement (qui ne représente ‘que’ 30% du CA du groupe). Nous avons des relais de croissance sur les marchés émergents et la part de l’aftermarket est forte chez Niterra. Le groupe est aussi spécialiste en matière de céramiques techniques – également utilisées dans les VE – et a développé en parallèle des partenariats avec des start-up pour mener divers projets. À long terme l’Afrique, l’Inde et le Brésil devraient jouer les principaux relais de croissance sur nos gammes historiques, avec des parcs en hausse : l’électrification est déjà amorcée en Europe, au Japon ou en Chine. Les projections indiquent par ailleurs que le Moyen-Orient devrait lui aussi s’électrifier. Dans les pays où le VE n’est pas d’actualité, des normes de plus en plus strictes en matière d’émissions devraient apparaître, au bénéfice de moteurs thermiques de technologie récente, ce qui est favorable aux équipementiers premium.

La consolidation du marché va-t-elle continuer selon vous ?

D. L. : Des équipementiers font des choix stratégiques et, au regard des investissements que cela représente, peuvent se recentrer sur le véhicule électrique ; d’autres au contraire vont peut-être se spécialiser dans la rechange. Concernant Niterra, si des solutions pour répondre à l’électrification du parc sont en cours de développement, le groupe a fait le choix de continuer à livrer le marché de l’aftermarket en bougies et en capteurs le plus longtemps possible. La concentration va aussi continuer chez les distributeurs. Les gros acteurs vont sûrement chercher des relais de croissance en s’implantant sur de nouveaux marchés. Il est également intéressant d’observer ce qui se passe chez ces derniers : en Chine par exemple, certains sont rapidement passés d’un mode de distribution très traditionnel au digital. Quitte à court-circuiter certains échelons ! Mais ceux-là également vont vraisemblablement devoir se réinventer face à l’électrification du parc et pourraient chercher de nouveaux débouchés… en Europe par exemple.

Comment anticipez-vous l’exercice 2024 ?

D. L. : Certaines matières premières subissent encore l’inflation et des tensions géopolitiques restent à craindre. Mais le marché est porteur, avec un parc qui continue de vieillir au niveau mondial, ce qui ouvre des perspectives nouvelles pour certains produits qui ne se changeaient pas jusqu’ici, ou très peu…

Jérémie Morvan
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