La FIEV milite pour la maintenance d'un parc vertueux
Alors que se joue l’avenir européen des industriels de l’auto à Bruxelles avec aux commandes Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, les équipementiers donnent de la voix. Un moment propice pour rappeler que la mobilité auto a aussi à voir avec l’après-vente. Enjeux et défis d’une après-vente abordable et durable sont au calendrier de la Commission aftermarket récemment relancée par la Fiev.
En septembre 2024, par la voix de son président, la FIEV plaidait pour un assouplissement du calendrier des normes de la réglementation CAFE. Jean-Louis Pech était alors alarmiste sur la situation des industriels de la filière auto européenne, avec des volumes de production auto qui avaient chuté de 31 % en France depuis 2019 avec comme effet collatéral un recul de 10 % de l’activité première monte des équipementiers. Six mois plus tard, la FIEV ouvre son chapitre 2 consacré à l’activité après-vente. Et si l’aftermarket pèse souvent moins de 10 % du business global d’un équipementier premium, elle reste une activité générant du profit et donc que ces industriels ne peuvent plus ignorer. Et cela d’autant moins que les équipementiers, qui fournissent pour 70 % des pièces de rechange, détiennent ainsi une partie du levier vital pour l’entretien d’un parc aux 45 millions de VL qui génère une dépense annuelle de 40 Md€ pour les automobilistes.
Soutenir une après-vente abordable et sûr
Un marché qu’il faut donc accompagner « pour assurer une mobilité durable, sûre et abordable », martèle Jean-Louis Pech. Mais derrière ce qui ressemble à un slogan, il y a une vraie réalité économique de consommateurs sous tension, et la nécessité de construire une stratégie en adéquation avec d’autres injonctions qui s’imposent aux équipementiers. Car ils doivent se mettre en position technique et économique d’accompagner la complexification croissante des véhicules en pleine révolution numérique et électrique, tout en fournissant les organes nécessaires à la maintenance d’un parc vieillissant ! « Nous, équipementiers, sommes dans la dualité : à la fois accompagner les constructeurs sur l’électrification, sur les nouveaux véhicules, sur l’innovation… tout en gardant en ligne de mire notre capacité de fournir les pièces permettant aux garagistes d’entretenir les 85 % du parc qui restera encore à l’horizon 2030 constitué de véhicules hybrides », rappelle président Rodrigo Lopes Rocha, le nouveau président de la Commission Aftermarket de la FIEV.
Le parc au cœur de toutes les attentions
Avec un impératif : sortir du débat unique du véhicule électrique, des espoirs et des inquiétudes qu’il nourrit, pour s’occuper du parc, « qui reste un élément clé de la mobilité », insiste J-L. Pech. Car de fait, le parc ne cesse de vieillir avec un âge moyen augmentant en moyenne de trois mois tous les ans pour atteindre 11,2 ans en 2024… et pourrait dépasser les 13 ans d'ici 2030. Il devrait également continuer à grossir avec une projection qui devrait atteindre 47,2 millions d’unités en 2030, dont moins de 14 % de VE.
En parallèle, la FIEV – qui vient de mettre en place un baromètre trimestriel pour suivre l’évolution de ce parc – relève que le prix moyen d’une auto a flambé de 113 % ces vingt dernières années ! Autant dire que son maintien va devenir de plus en plus crucial pour l’automobiliste.
La quadrature du cercle
Par ailleurs, on assiste à une complexification croissante des véhicules avec l’électrification et la révolution numérique (ADAS, véhicule connecté... bientôt le SDV). « La programmation d’un véhicule atteint actuellement 100 millions de lignes de code, soit 15 fois plus que celles d’un Boeing 787 », insiste Jean-Louis Pech. On parle là d’électrification passant par une forte électronique de puissance et un plus grand nombre de fonctions de surveillance de systèmes gérant l’énergie (exemples : superviseur, chargeur, BMS de batterie, onduleur) ; du déploiement de pilotages électroniques dans le châssis, du système d’éclairage matriciel ; d’une connectivité accrue entre véhicules et infrastructures et du développement de nouveaux services…
Dans ces conditions, être en capacité de fournir une après-vente abordable sur un véhicule dont la R&D aura permis d’améliorer sa réparabilité est un sacré défi pour les équipementiers !
Combat à mener à Paris et Bruxelles
Dans ce contexte et face à ces défis technologiques, la FIEV milite pour la défense « d’un marché de l’après-vente libre et ouvert, avec des conditions de concurrence équitables, pour éviter les rentes de situation que les constructeurs pourraient avoir la tentation de se constituer ! Que les nouvelles technologies ne créent pas de nouvelles barrières pour les garages indépendants. » Alors encore et encore, la FIEV – de concert avec l’ensemble de la filière de la rechange indépendante – rappelle la nécessité que tous les acteurs du marché aient accès sans restriction aux pièces de rechange d'origine ou de qualité équivalente, aux outils ainsi qu’aux informations techniques, à la formation et aux données générées par les véhicules. Et si des avancés sont à noter (amorce de libéralisation des pièces captives…), reste une série de blocages à faire sauter, donc un accès transparent et raisonnable aux informations véhicules. La révision d’ici 2028 du cadre réglementaire européen applicable au marché de l’après-vente automobile est le bon moment pour la FIEV pour faire levier et condamner les dysfontionnements de la pratique de certains constructeurs. « C’est le cas par exemple de la pratique dite du brand naming, exigence imposée par certains constructeurs aux équipementiers retenus en première monte d’apposer leur marque / logo sur la partie frontales de certaines pièces visibles, permettant de contourner les dispositions légales adoptées dans la plupart des pays européens – dont la France – visant à libéraliser le marché des pièces de rechange visibles (clause de réparation). »
Enfin, une fois encore, la FIEV appelle de ses vœux la co-construction d’une véritable politique de gestion du parc (éco-entretien…). Un combat de longue haleine que la fédération veut relancer. « Aujourd’hui, chez nos politiques, on est sur du prêt-à-penser ! Parler politique de gestion de parc n’intéresse personne… », alors même que c’est une clé sociale et une solution pour décarboner la mobilité quotidienne.