Gaël Escribe, Nexus Group : « NEXUS représente environ 8 % de l’Aftermarket mondial »
Le groupe concentre 53 Md€ de CA réalisé par 605 membres implantés dans 146 pays et 4000 points de distribution. NEXUS quadrille la planète avec 16 structures régionales et entend bien récolter les fruits de plus de dix années de travail pour s’enraciner dans la distribution, quitte à muter son ADN. Tour d’horizon avec son CEO, Gaël Escribe.
Quel bilan faites-vous de l’année écoulée ?
Gaël Escribe : Après deux années à forte croissante, 2025 est en demi-teinte avec une croissance légèrement supérieure à 5 %. Nous projetons à nouveau un rebond à deux chiffres a minima fin 2026, fruit d’une croissance dynamique. Après douze années de focalisation sur la consolidation de nos achats à travers un nombre limité de fournisseurs, nous allons également tirer parti de notre politique de croissance externe en intégrant de nouveaux distributeurs. C’est inédit et c’est un message fort qui renforce nos positions et notre attractivité. Ces résultats confirment la force de notre équipe agile, entrepreneuriale et portée vers l’innovation.
L’Europe a été légèrement en deçà de nos attentes, dans un contexte où les mastodontes de la distribution ont lourdement chuté. La taille intermédiaire de nos membres nous a permis d’être plus agiles et d’esquiver les difficultés. Aux États-Unis, notre dynamique est exponentielle. Nous avons fait un bond en avant en fédérant 80 % des grossistes. Nous travaillons sur les 20 % restants (lire page US). En Asie du Sud-Est, nous déployons tout notre savoir-faire pour infuser NEXUS sur ce territoire à partir de notre bureau de Singapour. Nous travaillons déjà avec de nombreux acteurs locaux, et depuis l’intégration d’un business developper japonais, le focus portera sur le développement de liens plus étroits avec l’industrie nipponne en 2026.
Vous évoquez un sursaut en Afrique, pourquoi ?
G. E. : Notre organisation locale IAMaga s’est structurée, avec l’appui de la force de vente dédiée BTR, pour accompagner cette conquête. L’intégration d’Amerigo International a évidemment renforcé notre pénétration sur ce continent où la prudence reste de mise, nourrie par des mouvements géopolitiques multiples. Notre croissance à deux chiffres est une bonne nouvelle mais compte tenu du parc chinois au plan local, nous avons commencé à développer des partenariats avec des fournisseurs chinois de premier rang. D’ailleurs, plus largement et dès 2026, nous nous appuierons sur l’expertise de James Zhang, l’actuel dirigeant de Nexmento (Nexus Chine), pour connecter la communauté avec des fournisseurs chinois. L’objectif est de mieux identifier et mieux comprendre l’empreinte chinoise dans l’aftermarket mondial.
Votre évolution d’ITG au statut de groupe est actée depuis 2025. Quelles sont les fondations de NEXUS Group ?
G. E. : Sa mission originelle d’intermédiation entre équipementiers et distributeurs est l’un de nos quatre piliers. Cette activité devrait croître de 50 % par rapport à 2025 d’ici 2028. Vient ensuite son activité transactionnelle, d’une part via SmartParts avec DR!VE+, notre marque privée pour la communauté NEXUS – incluant Stellantis dans le cadre de notre partenariat. D’autre part, avec notre groupement d’achat Partivia, piloté par Roberto Roggeband (ex-LKQ). L’ambition est de consolider les achats autour de treize distributeurs européens.
NEXUS représente environ 8 % de l’aftermarket mondial, soit des millions de données collectées à exploiter. Une manne qui nous a conduit à ériger la data comme troisième pilier. Nous avons recruté un expert du digital (Gijsberg Slob, ex-GPC) pour construire un data center mondial. Cet expert reporte à notre directeur de la stratégie (Ben Spitz, issu du distributeur US Parts Authority), qui est d’ailleurs chargé de la bonne migration de NEXUS vers le statut de groupe.
Enfin, notre fonds d’investissement international Mobilion, créé en 2019 pour soutenir un écosystème de startups dédiées aux nouvelles mobilités, est notre quatrième pilier ! Nous entendons le développer en Europe et il est probable que NEXUS initie un autre fonds axé à 100 % sur l’aftermarket.
Le financement de cette transition peut-il passer par un passage en Bourse ?
G. E. : Rien n’est à exclure. Tout dépendra de nos besoins, selon l’avancée de nos plans de développement, notamment sur les stocks de nos centrales d’achat disséminés sur la planète. Le passage en Bourse est optionnel, tout comme l’entrée d’un nouvel investisseur en tant qu’actionnaire stratégique.
Comment appréhender les décisions américaines sur la hausse des tarifs douaniers ?
G. E. : Personne ne peut changer son outil de production du jour au lendemain ou au gré des décisions de Donald Trump. Donc nous subissons tous l’impact de ses annonces sans pour autant casser notre modèle. Inutile de surréagir, même si cela pose question sur la stratégie à adopter à moyen terme. Qui va payer la note finale : les entreprises en rognant sur leurs marges ou les consommateurs finaux ? Les deux et à quels niveaux ? La situation est trop imprécise et instable pour prendre des décisions.
Va-t-on vers une période de restructurations en Europe pour les modèles trop traditionnels ?
G. E. : Certains acteurs ont eu la vision d’un territoire simple avec la possibilité de s’y implanter avec leurs propres codes, axés autour de la centralisation. Ce schéma ne fonctionne pas malgré les investissements colossaux. Les perspectives de croissance ne sont pas au rendez-vous et c’est une situation regrettable. Des décisions devront être prises…