« Renforcée en 2024, notre organisation est prête pour accélérer sa croissance »
Stratégique depuis 2018, l’activité aftermarket Europe de l’équipementier japonais s’est mise en ordre de marche pour gagner des parts de marché dans les pays où elle est active… et en conquérir de nouveaux.
Jacques Fils : En 2020 est née Aisin Corporation de la fusion entre Aisin et Aisin Warner, co-entreprise créée en 1969 avec BorgWarner autour de la technologie de la boîte de vitesses automatique. Si le principal client d’AW en Asie était Toyota, la joint-venture a été historiquement créée pour Volvo, avec à la clé une importante clientèle européenne (Volvo, BMW, Volkswagen, Stellantis…). Nous sommes donc multimarques en OE. Outre les boîtes de vitesses automatiques, nous fabriquons aussi des embrayages, systèmes de freinage, etc. Sur ces produits, au départ la production était centrée sur les véhicules japonais, mais nous avons aujourd’hui des accords avec des constructeurs européens.
J. F. : Avant la fusion, l’activité aftermarket pesait 1 % du CA total du groupe. Notre objectif à terme est de monter à environ 10 % et cela pour chaque marché couvert. C’est un vrai changement de philosophie pour notre groupe, dont la culture était très axée sur la fourniture OE. Maintenant, la stratégie d’Aisin est d’offrir une solution aftermarket couvrant tout le parc automobile européen, y compris pour la rechange indépendante génératrice de bénéfice, de pénétrer le marché avec une offre très large allant jusqu’au lancement d’une gamme de pneus, de batteries...
J. F. : Oui, mais elle n’est pas encore disponible pour l’Europe, où nous avons déjà beaucoup de potentiel de développement avec notre portefeuille couvrant sept familles de produits [cf. encadré]. Nous ne pouvons pas mettre notre énergie aujourd'hui sur l'ensemble des gammes de la maison mère, dont la marque est très connue au Japon et qui est donc pertinente pour vendre un large échantillon de produits.
J. F. : Oui, en jouant les synergies de marchés. Ainsi, l’Afrique est gérée depuis notre bureau de Dubaï, où il y a de forts besoins en pièces de rechange de transmission – principalement pour les modèles Toyota – car les parcs africains comptent beaucoup de pick-up. De fait, il y a des pays plus demandeurs (Maghreb, Afrique du Sud…), mais nous couvrons l’ensemble du continent africain.
J. F. : C’est en 2018 qu’il a été décidé d’accélérer le développement du marché secondaire en Europe, mais Aisin y était déjà depuis 35 ans. Aujourd’hui, nous proposons en aftermarket sept familles de produits avec actuellement un gros focus sur la transmission, qui jusque-là n’était disponible que pour l’OE. Sur Automechanika, nous avons présenté une offre de kits de réparation de boîte de vitesses estampillée « fabriqué en Europe » et origine OE, qui est d’ailleurs appelée à s’étoffer.
J. F. : La Turquie, la Pologne et la Grèce sont nos trois principaux marchés du fait notamment de l’importance du parc roulant de marques japonaises. Alors effectivement, nous sommes un fournisseur premium, mais nous savons aussi proposer des prix très compétitifs bien positionnés, y compris dans ces pays au pouvoir d'achat plus faible. Aujourd’hui, notre objectif est de continuer à nous développer dans le sud de l'Europe avec la région ibérique, l’Italie et la France qui se situent dans notre Top 4, mais surtout en marques privées. Et enfin, dans le cadre d’un partenariat des grands groupes de distribution, nous espérons progresser principalement au Royaume-Uni et en Espagne, au potentiel de développement important.
J. F. : Nous avons centralisé nos activités IAM sur le site belge de Mons, qui rassemble une usine de production d’équipements d’origine, mais aussi 95 % du stock européen d'Aisin, toutes marques confondues (Aisin, Advics et Art). Ce renforcement des bases européennes doit contribuer à améliorer le taux de disponibilité et les délais de livraison en rechange des technologies produites en première monte. Revoir une chaîne logistique prend du temps, mais nous avons déjà gagné en agilité en passant nos flux internes (de la réception de la marchandise au départ de la commande) de 17 à 6 jours. En 2024, nous avons analysé les familles de produits et les marchés pour renforçer nos process de vente, et ainsi nous concentrer sur le développement en 2025. Nous avons défini les quatre familles de produits sur lesquelles nous voulons augmenter nos parts de marché (freinage, embrayage, système de pompe et boîte de vitesses), avec une approche ciblée par marché et des objectifs de pénétration très précis.
J. F. : Si notre réseau de distribution s’appuie toujours sur des compagnies régionales/nationales, nous sommes maintenant référencés aussi chez des ITG dont Autodistribution International et Temot, ainsi que des distributeurs internationaux comme LKQ Europe et Inter Cars.
J. F. : Nous déployons différentes approches en fonction des pays. Par exemple en Asie, nous ciblons un ou deux distributeurs locaux loyaux qui deviennent responsables du développement de la gamme. Notre engagement dans un pays peut aller jusqu’à une participation au capital d’un distributeur, la création de magasins badgés Aisin et développés en franchise, ou passer par de simples accords d’objectifs de CA. Nous sommes très souples.
J. F. : Nous construisons une usine d'eAxle – donc de moteurs électriques – en République tchèque pour un constructeur européen. Et sur note site Mons, nous allons produire les cartes électroniques pour les pompes à eau électriques (le système de refroidissement des voitures électriques européennes). Cependant, alors que nous pensions pouvoir switcher plus rapidement sur les technologies électriques et ralentir sur le thermique, les hésitations du marché remettent le timing de ce switch en question. Aujourd'hui, nous revoyons des opportunités dans le thermique, avec des constructeurs qui demandent de prolonger certains modèles. Un grand écart compliqué mais porteur.
J. F. : Les difficultés de disponibilité de nos usines sont résolues. Les jalons de notre plan de développement sont très positifs, comme les discussions avec nos clients. 2025 se profile comme une excellente année pour Aisin Aftermarket.
AISIN EN CHIFFRES
32,7 Md$ de CA 2023
7e équipementier mondial
20 pays
200 filiales dans le monde
9 sites de R&D
… et l’aftermarket
10 sites dédiés
7 familles de produits au catalogue (11 400 références)
3 marques (Aisin, Advics et ART) couvrant : embrayage, freinage, système moteur, de refroidissement, de transmission, pièces de suspension, fluides.