[Atlas] Marché en mutation : faites vos jeux pour 2030

Caroline Ridet
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Les jeux vont se faire sur la décennie pour la planète auto. Le parc devrait grossir de 16 %, l’après-vente tutoyer les + 20 % à l’échelle mondiale. Sauf qu’il faut se réinventer pour ne pas passer à côté d’un business de l’après-vente en pleine transformation.

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À l’horizon 2030, le marché européen de la pièce de rechange – terrain d’action solide avec ses belles marges, ses croissances régulières et son environnement stable – va se transformer considérablement. En cause : un parc en cours d’électrification et des habitudes de consommation en mutation accélérée. C’est ce qui ressort notamment de l’étude prospective-collaborative par le cabinet Boston Consulting Group , le CLEPA et Wolk After Sales Experts .

Les défis à relever ne sont pas nouveaux : numérisation du secteur, électrification des véhicules et concurrence croissante de l’ensemble des canaux de distribution incluant les nouveaux acteurs du digital… Une urgence à la transformation qui fait l’unanimité chez les vigies du secteur.

Croissance de + ou - 2 % par an sur dix ans

La croissance annuelle du marché de l’après-vente de + 2 % depuis 2011 et prévue jusqu’en 2025 devrait passer sous la barre des 1 % sur les cinq dernières années de la décennie. De quoi attiser la guerre de positions entre rechange indépendante et constructeurs. Ces derniers reprendront la main via l’exploitation des données liée à la connectivité, avec une prévision de croissance d’environ 3,5 % par an entre 2025 à 2030 pour capturer environ 40  % du marché, laissant 60 % du business à la rechange indépendante.

Moins de pièces mais plus chères..

Si les analystes anticipent une baisse des ventes de pièces en volume à mesure que l’électrification progresse, elle sera en partie compensée par une hausse de leur valeur et des coûts de maintenance en raison de la complexité technique croissante. En clair, si le gâteau va se réduire, il sera plus valorisé. Cependant, l’effet sera atténué par l’impact des ADAS qui réduiront le marché, en particulier à partir de 2025, en abaissant le nombre et l’intensité des accidents de 15 % par rapport aux niveaux de 2019.

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... Mais aussi changer de nature

Reste que cette électrification finira tout de même par modifier le panier des composants automobiles et donc perturber l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, selon une étude McKinsey présentée en septembre 2021 (cf. graphique).

Les composants d’électrification (batteries, capteurs de détection, LiDAR, radars et autres caméras) représenteront environ 52 % de la taille totale du marché à l’horizon 2030. A contrario, aujourd’hui largement dominants, les volumes des organes dédiés aux véhicules thermiques (moteur, systèmes d’injection de carburant) auront reculé de moitié par rapport à 2019, pour ne représenter plus que 11 % des ventes. La connectivité – 50 % du parc d’ici 2030 – va également modifier le jeu de la prestation. Les possibilités de diagnostic à distance et de services de maintenance préventive bénéficieront – au moins dans un premier temps – aux constructeurs et à leur(s) réseau(x). Sauf que la recherche d’un meilleur coût de détention va finir par ouvrir des opportunités aux réseaux multimarques, du moins ceux capables de proposer une offre intégrée et un maillage au moins nationaux voire supranationaux suffisants. Une course engagée depuis quelques années par les leaders de la distribution indépendante.

Le digital au cœur des mutations

Dans ce paysage décrit par l’attelage BCG-Clepa-Wolk, les grossistes consolidés subiront des pressions pour réduire les coûts logistiques. Il faudra aussi de plus en plus compter avec les e-commerçants qui devraient doubler leur part de marché (de 5 à 10 % du total des ventes de pièces) d’ici 2030. Même position porteuse pour les « agrégateurs de services », générateurs de trafic, qui devront cependant ajouter des briques technologiques, notamment pour affiner leur diagnostic des besoins et attirer les flottes.

Caroline Ridet

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Monde : vers un parc de 1,6 milliard de VP + VUL

En 2021, il roule dans le monde un peu plus de 1,4 milliard de véhicules (VP et VUL). En 2030, ce parc planétaire aura progressé de 16 % à 1,6 milliard d’unités, mais de façon inégale selon les régions. Seuls les marchés émergents vont s’offrir l’essentiel de cette progression. Chine en tête évidemment, puisqu’elle va voir son parc progresser au rythme d’au moins 5 % par an quand l’Europe continentale, l’Amérique du Nord ou même du Sud n’évolueront guère que d’environ un point par an… L’Afrique, le Moyen-Orient ou l’Inde ne feront que légèrement mieux : entre + 1,5 % et + 2 % par an. L’électrification et ses impacts négatifs sur les volumes après-vente (on estime à - 30 % les besoins en après-vente d’un véhicule full électrique) s’annoncent importants en Chine (30 % du parc électrifié en 2030) ou en Europe (22 %). Mais ils deviennent bien plus relatifs à l’échelle de la planète entière. Le total de véhicules hybrides, hybrides rechargeables et full-électriques passera de 2 % (2019) à 4 % du parc mondial en 2025… et 6 % « seulement » en 2030. Soit une centaine de millions de véhicules comparé aux 1,5 milliard de véhicules qui demeureront totalement thermiques

Jean-Marc Pierret

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