Prix fous sur internet: comment Norauto.fr a fait moins cher que moins cher…

Jean-Marc Pierret
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Des essuie-glaces Bosch qui débarquent de nulle part «à partir de 4,50 €» sur Norauto.fr : même les pure players comme Oscaro n’y arrivent pas. Bosch l'a mauvaise. Comment est-ce possible ? Autopsie d'une pratique de grand distributeur…
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lecteur 110Comme c'est instructif de s’en aller de temps en temps traquer les prix sur Internet. C'est comme ça que l’on découvre que Norauto.fr propose du balai Bosch… à partir de 4,50 € en «Exclusivité Web». Quelques relevés de prix sur des véhicules courants comme des Clio III ou des Peugeot 207 et le constat s'impose : le site de Norauto est visiblement moins cher qu’Oscaro ou ses challengers Mister-auto, Yakarouler et consorts. Voilà qui va sûrement encore détendre la distribution et la réparation traditionnelles...Diable... Comment fait le géant des centres auto pour “sortir” de tels prix, même si la référence-plancher à 4,50 € semble n’être qu’un essuie-glace arrière peu répandu ? Comment surtout est-ce possible, quand on connaît la “tarifo-rigidité” toute germanique de Bosch France qui n’aime guère voir ses prix ainsi maltraités et s’organise généralement pour qu’ils soient respectés ? Pourtant, le fait est : beaucoup de références Bosch s'affichent à moins de 5 euros sur Norauto.fr, des prix qui sont du coup souvent plus séduisants que... la propre MDD de Norauto !
Stocks Bosch voyageurs
Ce n'est évidemment pas Bosch qui a donné les moyens aux acheteurs de Mobivia Groupe de financer cette «Exclusivité Web». Du moins, pas volontairement. Ces moyens, ils viennent tout simplement du fait que Norauto s’appelle Auto 5 en Belgique. Et que des stocks Bosch chez cet Auto 5 d’outre-Quiévrain, destinés à des promos physiques dans les centres auto belges, s’en sont semble-t-il allés discrètement remplir les linéaires virtuels de Norauto.fr.C'est là une vieille habitude de la distribution qui date de bien avant la digitalisation de la distribution de pièces : on reçoit des palettes entières à des prix promotionnels inédits dans le cadre d’une opération bien définie, mais on les réassigne unilatéralement à d’autres actions sans aucun rapport avec la stratégie initiale. Avant, il s'agissait principalement d'acheter à prix promo cassé en revendant à prix normal ; maintenant, l'achat à bas prix sert à financer une offensive internet à prix broyé... C’est devenu si logique en ces temps où les frontières commerciales s'effacent : si l’on n’obtient pas les prix désirés sur un marché et que l’on est un tantinet multinational, on trouve toujours un endroit pour que ce qui n’est pas tarifairement accessible ici le devienne là. Du boneteau transfrontalier en somme : c'était là et hop, c'est déjà ailleurs... Au fournisseur qui se montre un peu trop indocile, la petite leçon logistico-tarifaire lui aura montré en passant qui est le patron.
Les prix, c'est comme les puits...
Est-ce le cas en l’occurrence ? Peut-être pas car le jeu n'en vaut apparemment pas la chandelle : les si avantageuses références en ligne sur Norauto.fr ne sont pas celles, à quelques exceptions près, distribuées par les centres auto français du groupe. Reste que Bosch ne décolère pas. On le sait peu ouvert aux expérimentations internet depuis son bras de fer avec Oscaro. Il n'apprécie évidemment pas devoir se préparer à s'expliquer moult fois pour ces dysfonctionnements dont il n'a ni la maîtrise, ni la paternité. Et il sait surtout que les prix, c'est comme les puits : plus on les creuse, plus ils prennent l'eau...On peut du coup se demander à quoi cela peut bien servir d’aller ainsi agacer tout le monde pour rien de bien concret au final, sinon pour fabriquer une campagne d'appel en lisière des bonnes pratiques. Feu Vert avait déjà en son temps testé ce genre de complémentarités web/linéaires, pour finalement conclure que ça ne marche pas. A l’époque déjà, le web2store (choix sur le web, achat en magasin) pointait son nez. Il s’est depuis considérablement développé, rendant encore plus improbable ce genre de stratégie aléatoire de “pêche en ligne dérivante”...Mais quoi, on ne se refait pas : pour la grande distribution, même à la marge de la marge, ce qui est pri(x)s n’est plus à (p)rendre…Retrouvez les principaux témoignages sur le sujet en cliquant ici
Jean-Marc Pierret
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