VW Group France réinvente sa logistique

Jérémie Morvan
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VW Group France annonce une petite révolution en matière logistique : il lance “R2D”, un projet visant à permettre une disponibilité immédiate des pièces de rechange… dans ses 850 points de services en France !
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Visiblement conscients de la mise en ordre de marche de la concurrence –essentiellement indépendante–, et où la logistique devient une arme concurrentielle, celle-ci reprend droit de cité au sein des départements après-vente chez les constructeurs : après PSA Peugeot-Citroën qui a récemment levé le voile sur sa nouvelle stratégie de plateformes PR, voici en effet la Division Pièces et Service de VW Group France qui annonce faire sa révolution logistique !
Disponibilité immédiate
Et le terme n’est pas galvaudé : dans le souci permanent d’améliorer la qualité de service, la direction Pièces et Services a élaboré un projet baptisé R2D (pour «Regular Day Delivery» ou «livraison régulière quotidienne»), initié il y a près de deux ans et opérationnel depuis le 2 février dernier, dont l’objectif est d’offrir une disponibilité immédiate de la pièce aux clients finaux (particuliers comme MRA). Un objectif ambitieux qui a imposé de revoir les stocks en local et d’accélérer la chaîne logistique…«Dans ce nouveau schéma, nous avons pris le parti de jouer sur la largeur du stock pour mieux répondre à la demande tout en diminuant sa profondeur, explique en synthèse Sylvain Charbonnier, directeur de la division Pièces et Services chez VW Group France, et nous ne modifions en rien sa valeur.» Pour cela, il a fallu travailler sur Autoparts, le système de gestion des commandes ''maison''. Celui-ci a bénéficié d’un important travail d’optimisation afin de pouvoir proposer une automatisation très fine des commandes. Résultat : la phase test où 6 sites pilotes en France ont soumis ce nouveau schéma logistique à l’épreuve du terrain, a vu le mix commandes de stock/commandes en dépannage totalement inversé. «Lorsqu'auparavant 70% des commandes passées auprès du centre logistique national, basé à Villers-Cotterêts, étaient des commandes de dépannage contre 30% de commandes de stock hebdomadaires, le mix chez les sites pilotes a été complètement inversé, avec 70% de commandes de stock et seulement 30% en dépannage !», confirme Jean-Michel Hustache, directeur logistique VW Group France.Quant à la chaîne logistique, elle a été considérablement réduite : les livraisons de stock, quotidiennes donc plus légères, s’opèrent désormais à J+2 tandis que les dépannages sont toujours assurés à J+1. Un gain évident lorsque l’on sait que le schéma logistique précédent, basé sur une livraison de stock hebdomadaire, souffrait de délais variant de 4 à 9 jours…Surtout, le constructeur s’engage auprès des membres du réseau à ce que les livraisons s’opèrent avant 10h et ce quel que soit son éloignement, afin qu’il puisse en aval, s’engager auprès de ses propres clients.
«Avantage concurrentiel»
Désormais, chacun des 850 points de service dispose donc d’un stock à même de couvrir davantage les besoins en atelier. Et les points de services disposent d’un avantage concurrentiel non négligeable : en diminuant le nombre de commandes passées en dépannage, il diminue d’autant les pénalités liées à ce type de livraisons en express (de l’ordre de 10 points)… «Avec ce basculement du mix des commandes, le point de service va être immédiatement plus compétitif», confirme Sylvain Charbonnier.En outre, avec un ''lissage'' qui s’opère sur toute la chaîne logistique, où les volumes de dépannage ont été considérablement réduits, le distributeur en local y trouve économiquement son compte : «Dans le schéma R2D, VW Group France s’engage à reprendre le stock mort trois fois par an contre une seule fois auparavant, précise Jean-Michel Hustache. L’élargissement du stock est donc sans risque pour le point de service.»On perçoit l’importance de la logistique dans la bataille toujours plus frontale que se livrent réseaux – de marque ou indépendants. La récente conférence de presse du groupe Autodistribution a mis en lumière une stratégie analogue à celle de VW Group France, même si les moyens employés diffèrent sensiblement. Et si certains constructeurs délaissent la logistique à des prestataires, Sylvain Charbonnier a une vision opposée : «Les constructeurs ont peut-être un peu trop longtemps cantonné l’après-vente à des considérations marketing, en oubliant la logistique, qui devrait pourtant être une de ses fonctions ''régaliennes''…» Une logistique qui est aujourd’hui indéniablement devenue un des nerfs de la guerre !
Cibler les MRA
Cette arme logistique prend certes sa source dans le souci de répondre aux besoins des ateliers des réseaux du groupe. Reste qu’elle constitue également un levier à actionner pour capter davantage de clients professionnels MRA qui représentent aujourd’hui pas moins de 30% des 550 M€ du CA pièces de rechange annuel chez VW Group France… Annonçant un objectif de croissance de 10% sur cette population de clients, Sylvain Charbonnier met aussi en avant la gamme Economy Parts, destinée à l’entretien des véhicules plus âgés pour les véhicules du groupe (hors Audi).S’il s’agit pour le directeur de la division Pièces et service d’«un outil permettant de casser l’image de cherté qui colle très souvent aux constructeurs, et permet ainsi de capter de nouveaux clients», cette gamme, certes encore jeune, ne comptant que 360 références sur une vingtaine de familles de produits et ne représentant aujourd’hui que 1% du CA pièces de rechange du groupe, doit voir sa croissance s’opérer grâce à son offre entretien-usure auprès desdits MRA…
Jérémie Morvan
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