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Autodistribution vendu par Towerbrook ? <em>« Rien à l’ordre du jour »</em>

Jean-Marc Pierret
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Après l'effet loupe d'une rumeur de revente entretenue par quelques longs jours de silence, le patron d'Autodistribution a sacrifié à une nécessaire “sortie médiatique”. Stéphane Antiglio est donc venu préciser dans les colonnes d'Autoactu.com que, pour l'heure, «aucun processus de mise en vente n’est engagé» par l'actionnaire Towerbrook. Comme on dit à la télé : vous pouvez reprendre une activité normale...
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Rumeur de revente d’Autodistribution oblige (voir «Autodistribution serait à vendre : quelle surprise ?»), Stéphane Antiglio, le président d’Autodistribution, a fini par accepter une “sortie médiatique” via les colonnes de notre confrère Autoactu.com. Une sortie en forme d’exercice obligé : le «no comment» de rigueur ces derniers jours dans les arcanes du groupement ne pouvait qu'encourager le dicton affirmant qu'il n'y a jamais «fumée sans feu».La réponse du grand patron est donc tombée, claire et précise : «Towerbrook (NdlR : l'actionnaire du groupe) est une société d’investissement et n’a donc pas vocation à rester au capital d’Autodistribution», a-t-il concédé ; mais en précisant immédiatement que «pour le moment rien n’est à l’ordre du jour. Aucun processus de mise en vente n’est engagé». Fin donc de la rumeur venue de milieux financiers nord-américains annonçant une vente imminente.
Savoir donner du temps au temps
Dans sa logique de désamorçage, S. Antiglio a aussi tenu à préciser à notre confrère «qu'une grande confiance s’est établie entre notre actionnaire et le management et je suis convaincu que Towerbrook aura à cœur de céder l’entreprise à quelqu’un qui s’inscrira dans la continuité ou l’accélération des projets que nous avons mis en place.» La phrase a son importance : elle permet d’inscrire l’inéluctable revente par Towerbrook dans un contexte de continuité apaisée et sereine, ce qui ne peut nuire au dégonflement des effets inévitablement perturbateurs de la récente rumeur.Et puis, annoncer officiellement que l’on saura donner du temps au temps est un signal toujours utile : il y a des contextes où la valeur attend le nombre des années. Un éventuel repreneur aura ainsi compris qu'il lui faudrait payer le prix fort s'il ressentait une quelconque  urgence à acquérir le groupement… Car c’est aussi une confortable évidence pour Towerbrook que le chemin parcouru sous son règne par l'Autodistribution tutoie un sans faute qui promet encore de belles potentialités.Dans l'amont de son métier de distributeur tout d’abord : un temps raillée pour ses lourdeurs, la “Nouvelle Gouvernance” instaurée dès son arrivée par Towerbrook, puis savamment déployée par S. Antiglio, a porté tous ses fruit. Elle a su restaurer l'harmonie avec les distributeurs adhérents qui étaient sortis un tantinet agacés, vindicatifs, voire même dangereusement sécessionnistes, de l’aventure précédente avec Investcorp. Elle a su réinstaller un nécessaire équilibre entre ces adhérents-chefs d’entreprise et les filiales de distribution du groupe. Résultat : tout le monde s'est sagement remis dans le sens d'une même piste, celle qui a permis un réel redécollage de l'entreprise vers une belle altitude de croisière (voir «Autodistribution confiant dans l’avenir»).Dans l'aval de son activité de “tête de réseau” ensuite, tout coule pour cette enseigne AD qui, des carrossiers aux réparateurs, se consolide sur tous les fronts. De l’image à la communication en passant par ses divers projets mis en œuvre d'abord par le plan “Excellence 2013” et son actuel successeur, “Référence 2018”, l'évolution de l’enseigne de réparateurs reste aussi exemplaire que prometteuse en bien des points. La voilà qui se prédit même 3ème réseau de réparateur de France à cours terme, juste derrière les constructeurs français !
L'attente fait partie du plaisir...
Ne soyons évidemment pas naïfs : en devenant si positivement visible, harmonieux et séduisant, le couple Autodistribution/AD a fructifié d’autant. Dans ce contexte idéal pour Towerbrook, l’attente peut donc aussi faire partie du plaisir. D’autant qu’il ne lui a sûrement pas échappé que le “cours” de la distribution est élevé, à en croire par exemple les chèques qu’a consentis le conquérant LKQ pour s’adjuger d’abord ECP en Angleterre (au prix de 14 fois le résultat annuel !), puis Sator Holding (dont la pépite Van Heck) aux Pays-Bas : 10 fois le résultat du groupe (voir «LKQ Europe va-t-il révolutionner la distribution européenne ?») ! Dans les deux cas donc, bien au-delà du coefficient 7 communément admis…Ajoutons enfin l'effet bonifiant de la sortie de crise en Europe et ceux, tout aussi valorisants, des grands mouvements de consolidation qui s’accélèrent dans le monde de la pièce. Du coup, pour une fois, un bon “tiens” vaut peut-être moins que deux “tu l’auras”…Pour toutes ces raisons, Towerbrook est effectivement dans la situation rêvée pour choisir, et son moment, et son candidat, pour céder Autodistribution. Quel que sera donc l’éventuel futur repreneur, la valeur théorique du groupement est déjà succulente : avec un «EBITDA»(*) de 68 millions d’euros comme Stéphane Antiglio l’a précisé à notre confrère, cela donne un prix de revente pouvant raisonnablement ambitionner jusqu'à 700 millions d’euros, un chiffre d'ailleurs assez proche de cette rumeur qui donnait récemment Autodistribution en vente pour quelque 600 millions.
La rassérénante promesse d'une belle culbute
Une assurément jolie perspective pour un fonds d’investissement qui avait acheté l’ensemble le 7 avril 2009 à la barre du tribunal de Commerce d’Evry pour seulement 160 millions d’euros (110 millions et 50 autres destinés au financement d’éventuels rachats).D’autant que l'entreprise avait été préalablement “déplombée” d’une dette mortifère issue d’un inextricable LBO souscrit auprès de 38 organismes financiers. Au terme d’une renégociation avec ces derniers d'ailleurs assez inédite, cette dette, héritée en grande partie de la reprise calamiteuse du distributeur britannique Finelist en 2000, avait été miraculeusement ramenée début 2009 de 540 millions d’€ à “seulement” 140 millions… Bref : Towerbrook a déjà gagné dès l'achat ; il peut donc se permettre d'attendre sereinement l'effet “Kiss Cool” de la revente. 160 millions de mise pour une revente potentielle de quelque 600 à 700 millions, il y a effectivement pire perspective....Alors, la revente pour quand ? «Les actionnaires savent que l'attente d'une plus-value rapide n'est pas compatible et ils l’acceptent», affirmait déjà Olivier Roux fin novembre 2009, lui qui venait de prendre, au nom de Towerbrook, la direction d’une Autodistribution fraîchement reprise (voir «Autodistribution : nouveau patron, nouvelle stratégie»). Il évoquait alors un plan de reprise-redressement-revente «de 5 à 7 ans». Le cap des 5 ans est certes déjà franchi de quelques mois, mais celui des 7 ans, lui, nous emmène jusque fin 2016...Et dans l'univers complexe de la finance où excelle Towerbrook, encore deux ans ou presque, c’est déjà l’éternité. Et par définition, il peut encore s'en passer, des choses, pendant l'éternité… (*)EBITDA :  en anglais, «Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortization»,  c’est-à-dire «résultat avant soustraction des intérêts, impôts, dotations aux amortissements et provisions sur immobilisations». Créé aux États-Unis, l'indicateur EBITDA est également connu en France sous le sigle plus dansant de “BAIIA”, mais tout aussi austère sur le fond puisqu'il signifie “Bénéfices Avant Intérêts, Impôts et Amortissements”...
Jean-Marc Pierret
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