Biocarburant : l’oxygène du transport
La transition énergétique du transport à marche forcée ira dans le mur sans solutions de transition permettant d’atteindre l’objectif du zéro émission. La reconnaissance des véhicules homologués B1 (roulant au biocarburant B100) comme sésame pour lever les barrières des ZFE est une première victoire remportée par la filière camion.
Les constructeurs, la Csiam et l’ensemble des acteurs de la filière commencent à être écoutés. C’est en tout cas une première victoire remportée le 16 avril avec l’éligibilité à la vignette Crit’Air 1 des véhicules roulant exclusivement au B100, leur ouvrant ainsi les portes des ZFE actuelles et futures.
Une bonne nouvelle pour MAN ou Renault Trucks qui disposent d’une offre de véhicules homologués B1, mais pas encore pour ceux ayant misé sur le biogaz ou le diesel synthétique. « MAN espère que cette reconnaissance du B100 exclusif est une première étape et que cela sera généralisé à l'ensemble des biocarburants en usage exclusif », plaide Jean-Yves Kerbrat, directeur général de MAN Truck & Bus France, marque de longue date investie dans les biocarburants.
"L'éligibilité en Crit'Air 1 des véhicules roulant exclusivement au B100, comme transition avant le passage au zéro émission, n'est-elle pas un premier signe que nos politiques, mais aussi l'Union européenne, changent un peu leur vision sur la rupture de la transition énergétique ?" Jean-Yves Kerbrat (MAN).
Les biocarburants comme transition au "zéro émission"
De fait, la Csiam espère que les pouvoirs publics iront plus loin en étendant le sésame de la vignette Crit’Air 1 « aux véhicules fonctionnant exclusivement avec des biocarburants de deuxième génération type HVO, produits à base de déchets ».
L’enjeu est d’autant plus important pour la filière du transport que ces technologies permettraient de monter la marche très haute de l’objectif européen de baisse des émissions de 15 % en 2025 et 30 % supplémentaires en 2030 (comparé aux niveaux de 2019). Une transition vitale avant le "zéro émission". « Si on ne met pas en avant l’impact positif des biocarburants, il y a beaucoup de chance que nous n’y arrivions pas », prévient Clément Chandon (Iveco).
Car si ces industriels ne remettent pas en cause l’objectif, c’est le calendrier qui les inquiète. Et au tout électrique très politique, ils répondent énergies alternatives et surtout neutralité technologique.
« Si nous devions remplacer l’ensemble des camions roulant au diesel en version électrique à l’horizon 2030, pour y parvenir, il faudrait dés maintenant y affecter l’ensemble de nos outils de production. C’est évidemment impensable », précise Henri Paccalin, président de Mercedes-Benz Trucks France et de la branche VI de la Csiam.
ZFE de tous les dangers
Autre timing de tous les dangers, celui des ZFE. « Nous demandons une prolongation de calendrier. Certaines métropoles ont d’ailleurs déjà reporté leur dispositif ZFEm. » L’organisation a d’ailleurs pris le sujet à bras-le-corps depuis déjà de nombreuses années, « car il faut faire valoir les obstacles concrets que génère la fermeture des centres-villes », insiste Thierry Archambault.
Le président-délégué de la Csiam égraine les demandes de la confédération : que soient pris en compte les spécificités de chaque segment de marché avec notamment un parc roulant de VUL d’artisans en grande majorité Crit’Air 2 ou 3, une meilleure visibilité sur les politiques publiques « environnementales » permettant d’anticiper un tant soit peu les évolutions, une harmonisation des critères constitutifs et des dérogations de la ZEFm entre les métropoles concernées voire même en Europe…
« Le sujet de la transition énergétique est clairement en haut de la pile. Nous ne remettons pas en cause l’objectif, mais pour nous il est impossible d’aller aussi vite » et dans le flou le plus complet, conclut-il. Encore beaucoup de dossiers à suivre !
Lire aussi : Marché VI : commandes soutenues mais en souffrance