Un marché VN stabilisé, en voie d’électrification (CSIAM VI)
Dans un marché VN de haute tenue en 2024 mais attendu en baisse cette année, les membres de la CSIAM VI affichent leur pleine mobilisation pour négocier au mieux un exercice 2025 synonyme de réduction des émissions de CO2. Selon eux, le marché de l'électrique, embryonnaire, pourrait toutefois rapidement décoller...
La branche VI de la CSIAM a fait le bilan du marché VN 2024 pour les segments VU/VUL, camions, cars et bus. L’exercice 2024 s’est révélé globalement stable. Le marché VN des utilitaires a ainsi enregistré une hausse de 0,8 % avec, dans le détail, des VUL qui continuent de progresser (+1,1 %) avec 379 746 immatriculations. Et si le segment des utilitaires compris entre 3,5 et 7,5 t. décroche de -28,4 % (3 447 unités), Athina Argyriou, présidente déléguée de la CSIAM, remet cette performance dans son contexte : « L’exercice 2023 était anormalement haut du fait de bonus qui ont cessé en 2024. Malgré cela, le dernier exercice reste le deuxième meilleur sur les dix dernières années ! »
« Le marché est là »
Pour les poids lourds (plus de 7,5 t.), les volumes sont restés sur un haut niveau d'immatriculations, résultant de carnets de commandes solides sur 2023 et le début 2024. Avec 47 201 unités, il ressort ainsi à -0,3 % par rapport à 2023. Les porteurs continuent de tirer le marché avec 21 689 immatriculations (14,9 % vs 2023 !) ; les tracteurs sont eux rentrés dans le rang (-10,3 % à 25 512 unités).
Autre salle, autre ambiance pour 2025 : l’instabilité politique liée à la morosité économique rend les transporteurs frileux en matière d’investissement. Si la faiblesse des commandes a été perceptible sur le second semestre 2024 – la CSIAM s’alignant sur les projections récemment éditées par l’OVI – les constructeurs adhérents de l’organisation professionnelle se veulent toutefois optimistes. Le secteur du transport manque certes de lisibilité avec une loi de finances qui tarde à venir, mais « le besoin de renouvellement du parc soutient mécaniquement la demande », analyse Stéphane Espinasse, président d’Iveco France. « Le marché est là : il s’est assaini avec des délais de livraison et des niveaux de stock revenus à la normale, semblables à la période ante-Covid », ajoute Franck Rondot, directeur général de DAF Trucks France.
Des raisons d’espérer
Au-delà des volumes, les constructeurs s’attèlent à négocier 2025 autrement qu’à travers le seul prisme des volumes de vente avec l’arrivée des normes Vecto pour les VI et Cafe pour les VUL. Année clé pour la transition énergétique, la marche semble (très) haute au regard du mix énergétique des ventes VN de 2024 : si pour la première fois les énergies alternatives ont dépassé 10 % des volumes de ventes, seulement 1,4 % (soit 653 immatriculations) ont porté sur des véhicules 100 % électriques… soit quatre fois moins que le ventes de véhicules au B100 qui ont à eux seuls représenté la moitié des volumes de ventes en matière d’énergies alternatives au gazole ! Premier constat de Benoit Tanguy, président directeur général de Scania France également président de la CSIAM VI : « Il y aura nécessairement un mix de solutions dans la transition énergétique ; la voie unique n’existe pas ! »
Le segment des camions est loin des performances enregistrées sur celui des bus, où 80 % des ventes est réalisé via des énergies alternatives, le gazole ne représentant plus que 17,9 % des immatriculations. Jean-Yves Kerbrat, directeur général de Man Truck & Bus France, préfère cependant voir le verre à moitié plein : « Le marché de l’électrification a décollé. Grâce aux aides publiques via l’Ademe, plus de 2 100 camions 100 % électriques ont été cofinancés sur 2024 grâce à un appel à projets plus conséquent qu’en 2023 (1 911 véhicules contre 862 un an plus tôt) mais aussi l’ouverture d’un guichet pour les PME qui a aidé à l’achat ou la location de 251 véhicules. » La dynamique électrique pourra donc s’appuyer sur ce ‘réservoir’ de VE devant être mis à la route cette année, la chambre syndicale anticipant une part de marché de l’électrique comprise entre 3 et 5 % des ventes dès cette année. En attendant les effets de la mise en place des certificats d’économie d’énergie, un mécanisme plus simple, plus lisible et plus stable (pluriannuel) pour des transporteurs qui ne sont plus mis en concurrence à travers leur dossier d’appel à projets.
Pleinement concentrés sur l’atteinte des objectifs de réduction des émissions de CO2, les membres de la CSIAM appellent néanmoins à ne pas négliger l’apport des biocarburants dans la décarbonation du transport. Reste aussi à emmener les autres acteurs de l’écosystème que sont les énergéticiens afin de proposer une infrastructure à même de convaincre les clients de sauter le pas.