Ralentissement annoncé sur les ventes VN 2025
Avec un repli des volumes d’immatriculations estimés entre 9 et 16 %, le marché français des véhicules industriels neufs devrait subir un très net coup de frein en 2025. Entre indicateurs macroéconomiques à l’orange – voire au rouge – et des ventes de véhicules électriques qui ne décollent pas, les objectifs de verdissement du parc semblent de moins en moins tenables…
L’Observatoire du Véhicule Industriel (OVI) a dévoilé ses prévisions pour le marché 2025 des poids lourds neufs. Si le marché VI semble a priori bien se porter puisque affichant une progression de 1,8 % par rapport à 2023, avec un total de 45 375 immatriculations sur les onze premiers mois de l’année, l’exercice 2024 est en trompe-l’œil. Le segment des porteurs a enregistré 21 768 immatriculations sur les onze premiers mois de l’année, soit une hausse de 16,6 %, quand les tracteurs ont accusé un repli de 8,9 %, avec 23 606 immatriculations. Derniers effets des queues de commandes antérieures car actuellement, les carnets sont désespérément vides…
Les prévisions de l’OVI pour cette année sont autrement moins optimistes. Si sa fourchette haute envisage 44 500 immatriculations, soit une baisse de 9,1 % (dont 25 500 tracteurs et 19 000 porteurs), la fourchette basse proposée par l’OVI ressort à 41 000 (23 000 tracteurs et 18 000 porteurs), soit un repli de 16,2 % du marché.
Année de tous les dangers ?
Et le nouvel exercice pourrait être semé d'embûches. D’abord sur le plan réglementaire, avec la mise en place de Crit’Air 3 dans la ZFE du Grand Paris (les poids lourds étant déjà interdits à Lyon depuis l’année dernière) mais surtout, celle des normes CAFE pour les utilitaires, et Vecto et Vecto Trailer pour les véhicules lourds (les efforts demandés par Bruxelles en matière de réduction des émissions de CO2 portant également sur les remorques et semi)… Dans cet environnement particulièrement contraignant pour les constructeurs et les carrossiers-constructeurs, les transporteurs sont fortement incités à envisager le verdissement de leur flotte dans le cadre de la stratégie nationale bas-carbone 3. Problème : l’an dernier, sur les plus de 45 000 immatriculations, 90 % l’ont été avec des motorisations diesel contre seulement 670 unités en électrique à batterie. Le verdissement des flottes s’opère actuellement essentiellement au travers de véhicules fonctionnant au B100 ou au GNV !
Et le climat des affaires se dégrade sérieusement depuis juin 2024. Selon le dernier rapport de l’Insee (octobre 2024), 53 % des dirigeants du TRM déplorent une demande insuffisante. Si ce n’est “que“ 6 points de plus par rapport à octobre 2023, c’est 33 points supérieur à la même veille en octobre 2022 ! « Entre quatre gouvernements successifs en 2024, deux mois de vacance du pouvoir, des défaillances d’entreprises et des indicateurs économiques peu engageants comme une dette française au plus haut, les dirigeants du secteur du transport ne voient pas l’avenir avec optimisme. Avec une visibilité quasi-nulle et une demande atone, les investissements pour renouveler une flotte apparaissent comme un coup de poker d’autant plus risqués », résume Arnaud Villéger, directeur de l’OVI.
Incitations au renouvellement
Les indices du Comité National Routier (CNR) vont dans le même sens : à la faiblesse de la demande de transport s’ajoute une hausse généralisée des coûts sur les matériels, les salaires, la maintenance, le gazole, les infrastructures...
Il y a cependant des signes positifs. D’abord une part grandissante des transporteurs sautant le pas pour l’acquisition de véhicules bas-carbone : lors de sa dernière enquête « Distribution VI », l’OVI notait que sur les 8 % de clients montrant de l’intérêt pour les nouvelles énergies, deux tiers n’en étaient qu’au stade de la prise d’information, contre un tiers de commandes fermes. Le dernier observatoire montre que si cette part ne bouge pas réellement (9 %), le taux de transformation est quant à lui orienté à la hausse, passant à 50 %.
Cette dynamique – certes naissante – pourrait être amplifiée par des taux d’emprunt en baisse ainsi qu’avec la mise en place des certificats d’économie d’énergie (CEE). Ce dispositif de primes, délivrées par les fournisseurs d’énergie, peut permettre aux transporteurs de renouveler leur flotte avec des véhicules zéro émission en leur octroyant des aides parfois supérieures à ce que les appels à projets de l’Ademe pouvaient potentiellement leur accorder ces deux dernières années : lorsque ces deniers pouvaient aller jusqu’à 50 000 €, les CEE peuvent dépasser ce montant pour l’achat (ou la location) d’un tracteur routier ! « Avec le nouveau dispositif, on entre dans une logique d’examen après une logique de concours », résume Arnaud Villéger.
L’après-vente solide
Après une année de baisse en 2023, la part de la réparation et de l’entretien revient à son niveau dans la norme, à 39 %, selon la dernière enquête « Distribution VI » menée par l’OVI auprès d’un panel de concessionnaires. 71 % des professionnels interrogés la déclarent en hausse, 21 % stable et 7 % en baisse. Quant aux contrats d’entretien, ils concernent 38 % des véhicules vendus ou loués par les concessionnaires. Cette proportion apparaît plus élevée que lors des précédentes enquêtes : en juin dernier, elle n’était que de 33 %, et 29,5 % il y a douze mois.