Business ateliers : certains vacillent, d’autres résistent

, mis à jour le 22/05/2025 à 10h56
Image
AD réparateur situation diag

Stupeur générale à la publication de l’incontestable baromètre Mobilians annonçant une  "dégringolade" du business des réparateurs au premier trimestre ! Alors, premières alertes d’une bérézina promise par les tristes oracles depuis la sortie de crise sanitaire ? Ou plus objectivement, premiers signes d’une mutation de parc doucement mais sûrement en marche ? Pistes d’explications.

Partager sur

Des entrées atelier en repli de 9 % et un CA chutant de 7 %  sur T1 : si les chiffres du business des ateliers relayés par le baromètre Mobilians-Solware ces dernières années n’ont pas brillé comme en 2021 et son atterrissage à + 13 % (+ 0,2 % en 2022, - 0,3 % en 2023 et + 1,2 % en 2024), les acteurs n’ont cependant encore jamais constaté un décrochage aussi spectaculaire. Cette orientation négative est d’autant plus un choc que l’autre outil de mesure de la santé de l’après-vente hexagonale, le baromètre Feda-Xerfi, est loin de refléter ce décrochage même si on sent un ralentissement de la dynamique. Les distributeurs affichent une bonne dynamique avec, certes, un bilan général T1 stable, sauf qu’en zoomant sur les ventes de pièces mécaniques VL, on constate une progression significative de près de 7 % sur T1 et de 1 % pour les ventes d’équipements de garage. Et depuis que Mobilians et la Feda nous offrent cette visibilité sur les tendances du marché, un tel écart n’avait jamais été constaté ! Que se passe-t-il donc au royaume de l’après-vente ? C’est un billard à trois bandes qui se jouent avec trois éléments de réponse pouvant expliquer la situation.

Fin de l’euphorie post-Covid

Certains observateurs y voient un signe de l’épuisement de la manne “rattrapage” de la période post-Covid. Une période qui a largement contribué à remplir des ateliers, de marque comme indépendants… Et si l’on commençait à sentir un ralentissement de l’euphorie en fin d’année 2024, 2025 signe la fin de cette manne de véhicules en souffrance ! Preuve par l’exemple : des rendez-vous accessibles dans la semaine chez un RA2… sur un mois de mai “gruyère” !

Parc vieillissant, MRA gagnant

Certes, mais le cœur de l’explication est ailleurs. Car il convient de prendre en compte le panel Mobilians-Solware constitué à 70 % de RA2 pour 30 % de MRA, avec très peu d’enseignes de spécialistes (fast-fitters, centres autos…). Et ce sont le positionnement de marché de chacun et le poids des RA2 du panel qui font chuter les performances. Car sur un parc toujous plus âgé (11,97 ans à fin 2024 selon AAA Data), les MRA (servis par les distributeurs de la rechange indépendante) sont confortablement installés au cœur du marché porteur de la maintenance du segment des véhicules de 10 ans et plus qui pèse 60 % du parc (74 % pour les plus de 5 ans).
Une manne porteuse qui ne se dérobe pas aux ateliers indépendants, mais qui échappe à ceux portant les couleurs constructeurs pour leur part ancrés sur le parc récent, et jusqu’à 6 ans d’âge en moyenne pour les RA2. Et sur ce segment, l’activité n’est pas à la fête avec la chute des ventes de véhicules neufs depuis 2019, réduisant leur terrain d’action naturel. 

Et, expliquait à Zepros un agent de marque, « même avec nos pièces en MDD dépositionnées, nous sommes hors-jeu sur le parc très ancien (8 à 12 ans), face à des indépendants qui sortent des tarifs de pièces encore 20 à 30 % sous ceux de nos marques privées ». Or, les agents ont urgemment besoin d’aller chercher cette clientèle propriétaire de véhicules de plus de 6-8 ans pour remplir leurs ateliers avec des opérations rémunératrices. Cependant, pour y parvenir, ces entrepreneurs doivent s’armer de pièces de qualité équivalente largement dépositionnées par rapport aux pièces auxquelles ils ont facilement accès, la pièce d’origine constructeur ou encore la MDD maison pour rester dans le match… Mais outre un changement de paradigme énorme pour ces garagistes foncièrement attachés à leur marque, trouver la source d’approvisionnement de pièces de “troisième ligne” reste compliqué.

Électrification à bas-bruit

Enfin, troisième facteur qui fragilise les agents : les premiers effets de l’électrification du parc récent commencent à se faire sentir. Le fossé se creuse entre les MRA, « qui décrochent totalement sur ces véhicules nouvelles générations », nous indique un observateur averti du marché, tandis que les réseaux de marque (RA2 compris) en accueillent de plus en plus dans leurs ateliers. « En moyenne, j’ai 5 véhicules électriques par semaine dans l’atelier… mais je n’ai plus un modèle diesel. Au bout, la facture s’en ressent », note un agent. Sauf que les 30-40 % d’écart de revenu généré par la maintenance sur un thermique vs un électrique ne sont pas (encore) compensés par le volume de véhicules électriques à traiter. L’équation devient donc compliquée !

Finalement, les chiffres caractérisant le T1, que ce soit du côté de Mobilians ou de la Feda, reflètent ce que les analystes anticipaient de (trop) longue date : la mutation du parc, aussi lente soit-elle, va invariablement imposer à chacun des protagonistes – agents de marque comme réparateurs indépendants – de se réinventer...

Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire