Solutrans : quand un salon se fait lobbyiste

Un troisième mandat et quatre ans de plus pour Patrick Cholton à la tête de la fédération (avec ses trois branches : Carrossiers-Constructeurs, Équipementiers et Mobilité Réparation et Services) pour poursuivre la transformation du salon Solutrans. Une mission qu’il a pris à bras-le-corps il y a dix ans avec l’objectif dans faire le « carrefour du véhicule industriel et urbain ».  Et même plus largement encore, devenir le porte-voix de l’ensemble de la filière pour contrebalancer le « camion bashing ». « Il est nécessaire d’apporter notre expertise aux hauts fonctionnaires bruxellois ou parisiens sur les dossiers extrêmement impactants pour la filière, comme les réglementations CO₂ concoctées à Bruxelles, ou encore commencer à peser sur le prochain chantier européen de l’Euro 7. Faire contre-poids au lobbying négatif des ONG, très entendus. » Une position vitale qu’il expose avec passion dans le cadre des rencontres organisées par l’AJTE (Association des journalistes techniques et économiques), dans un contexte où « une bonne partie des salons de niche vont disparaître au profit d’événements de plus en plus digitaux ». La crise Covid et l’avènement d’une distanciation digitalisée aujourd’hui structurelle ont fragilisé ces événements jusque-là super-fédérateurs. Pour asseoir l’avenir de ce salon bien installé, « et même l'un des rares événements internationaux qui subsistent sur le secteur VI avec Hanovre » pour ce militant acharné de la filière, il n’y a qu’une voie : en faire le représentant incontestable de la filière. 

En portant haut les couleurs de Solutrans, c’est bien la visibilité de la filière que vise Patrick Cholton. Son plan d’action faire perdurer la dynamique (appel d’air) du succès grandissant de l’événement lyonnais devenu au fil des éditions international : l’enrichir de nouvelles briques en phase avec l’évolution de l’écosystème et, entre chaque édition de ce salon biennal, démultiplier les événements mobilisant les acteurs de la filière. Le rassemblement biennal, « incontournable », insiste le président, est au cœur du dispositif. Malgré les incertitudes générées par une crise Covid étirée, l’édition 2021 s’est bouclée sur un bilan en phase avec l’année record 2019: 55 000 visiteurs dont 27 % d’internationaux, un millier d’exposants. Les clés du succès: un fil rouge  « transition énergétique et la réduction de l’empreinte carbone » collant à l’actualité s’appuyant sur les nouveautés comme Solutrans 4.0 (innovations de rupture et nouveaux acteurs de la filière),  un espace pneumatique élargi, une piste d’essai repensée (3 000 essais sur les cinq jours)… Et une multitude d’événements dans l’événement: remise des Awards internationaux au cours d’un dîner de gala « exceptionnel » dixit Patrick Cholton, remise des Hommes de l’Année, présentation des résultats de l’étude Vision’Air (réalisée par le BiPE et BDO Advisory pour le compte de la FFC), les traditionnels I-nnovation Awards… 

Courroie de transmission entre deux dates: la Fédération française de carrosserie a lancé en 2018 les Rencontres de la Filière du véhicule industriel et urbain , dont la prochaine édition aura lieu le 17 novembre à Lyon.  Une journée de piqûre de rappel avec exposition d’une vingtaine de véhicules, « parce que l’on n’achète pas son VI en ligne ! », présentées par les constructeurs encouragés à inviter leurs clients transporteurs… mais aussi table rondes et conférences sur le thème super-polémique des ZFE-m permettant l’échange entre toutes les parties prenantes, et notamment les présidents des métropoles concernées par la limitation d’accès aux centres-villes. Et bien sûr, la signature Solutrans avec un dîner convivial. L’occasion pour les constructeurs présents de se rôder avant l’édition 2023 du salon. 

Car pour Solutrans 2023, Patrick Cholton veut enfoncer le clou. Il promet de nouveaux constructeurs, à l’instar des Irizar où Volta Trucks arrivés déjà exposants cette année. Promise depuis une décennie, la montée en puissance des VUL devrait enfin se concrétiser. « Nous avons rationalisé les espaces pour pouvoir multiplier les exposants et ainsi mieux couvrir l’offre du marché en utilitaires. Car nous ne vendons pas des mètres carrés, mais des thématiques ! », martèle le président. Assurer l’animation, voire le buzz en couvrant tous les besoins « d’une clientèle Solutrans à part et exigeante ». Et bien sûr 2023 verra le retour de la formule digitale du salon, une extension de l’espace pneumatique « avec Michelin qui a déjà réservé quatre fois sa surface 2021 ». 
Un programme qui a déjà séduit 144 grosses entreprises qui ont signé « et payé » pour réserver leur place en 2023. Un véritable appel d’air pour les autres, « du jamais vu » qui donne le sourire au président. Rendez-vous du 21 au 25 novembre 2023 à Lyon Eurexpo.