Sima Holding : le groupe VN/VO ambitionne 50 M€ dans la pièce équipementière
Sima Holding est distributeur automobile Peugeot, Citroën, DS et plus récemment, Fiat et Hyundai. Il n'est pas un petit acteur de la distribution automobile. Fort de 22 points de vente sur la région des Hauts-de-France (et d'une dizaine d'agences en propre), le groupe réalise 400 millions d'euros de CA et vend chaque année quelque 13 000 VN pour 11 000 VO.
Plaque PR XPR Distribution: 5000 m2 pour 30 000 références.En bon porteur des ambitions de PSA, Sima Holding a également sorti de terre en 2017 une plaque PR, XPR Distribution à Estrées-Deniécourt (80), devenue depuis l'une des 39 plaques Distrigo qui couvrent le territoire national pour PSA Aftermarket.
Une aventure qui n'a pas fait peur à Gérard Mariscal, le P-dg du groupe, qui revendique une forte culture pièces pour en avoir piloté en son temps l'avenir au sein du groupement des concessionnaires Citroën...
Se diversifier pour pérenniser
Certes, cette activité PR Distrigo a mis du temps à devenir rentable. « Nous atteignons maintenant un rythme de chiffre d'affaires et de rentabilité correct, se félicite-t-il ; mais il aura fallu passer presque 3 ans très compliqués ».
L'expérience ne l'a pas rendu sceptique pour autant quant aux potentiels du marché de la pièce de rechange. Bien au contraire. il a même décidé d'en faire une diversification stratégique pour le groupe, en s'intéressant plus particulièrement à la rechange indépendante.
Ayant organisé sa succession auprès de ses fils et filles qui pilotent l'entreprise à divers postes, Gérard Mariscal s'est voté un rôle de directeur du développement. Un rôle qui l'amène à ce constat : « Nous réalisons environ 15 % de notre chiffre d'affaires en pièces de rechange constructeurs, calcule-t-il. Dans notre recherche de leviers de croissance, la pièce de rechange au sens plus large m'est apparue porteuse, même si bien évidemment, nous poursuivons activement notre développement en VN, VO et après-vente dans nos ateliers de marque ».
La fin des tabous
Il ne se fait d'ailleurs pas d'illusion sur les tensions qui traversent son métier de distributeur VN/VO. Il sait que les constructeurs font face à des défis économiques inédits et que les coûts de distribution sont plus que jamais dans la ligne de mire. « Dans un contexte où les marges et la rentabilité dans la distribution automobile sont devenues -et demeureront- difficiles même pour un groupe ayant notre assise financière et territoriale, j'ai pensé qu'il fallait utilement explorer d'autres pistes que celles de nos seules activité historiques ».
Et celles menant à la distribution traditionnelle lui semblent pavées de bonnes perspectives. A commencer par les avantages qu'il pressent à allier son approche industrielle de l'organisation d'entreprises avec les marges de manœuvre -comme d'ailleurs financières- que l'on trouve encore dans le business indépendant de la pièce indépendante.
D'autant qu'il en est convaincu : « il n'y a plus de tabou. Je dirais même que les constructeurs nous encouragent à nous diversifier. Ils savent bien que nous le savons : ils nous demanderont toujours plus d'efforts pour représenter leurs marques. Et nous avons aussi compris que le digital leur permet de plus en plus d'envisager la vente directe ».
L'atout API
Son apprentissage en matière de distribution de pièces équipementières, il l'a donc entrepris depuis 2019 avec API, l'enseigne de distribution de pièces déployée par Doyen. Sima Holding rachetait alors Savoie Pièces Auto et ses deux entités de La Roche sur Foron et d'Annecy (74), fortes de 38 collaborateurs, 500 clients et 12 000 références de pièces.
Pourquoi cette entreprise savoyarde, distante de plus de 600 km du siège du groupe à La-Croix-Saint-Oeun (60) ? « Nous avons des attaches familiales dans cette région », clarifie G. Mariscal. En outre, pour lui qui découvre ainsi un univers nouveau, aux codes et aux habitudes différents de la distribution VN/VO, API constitue une idéale première marche pour entreprendre son ascension dans le domaine. « Le concept de franchise dispose d'une informatique dédiée puissante et fonctionnelle, d'une organisation logistique rodée et d'une vision métier claire. En outre, le type d'entreprises API, petites certes mais très bien organisées, est assez simple à piloter depuis notre holding », précise-t-il.
Atteindre vite une taille critique
On comprend dès lors que les 8,5 millions d'euros réalisés par Savoie Pièces Auto ne sont qu'un premier tour de piste. « Nous sommes en train d'acquérir des API à Chambéry et Aix-Les-Bains, complète-t-il ; soit 3,5 à 4 autres millions de CA. Et nous explorons une autre acquisition vers Bourg-en-Bresse ». Sans exclure d'autres cibles sur lesquelles il préfère encore rester discret...
Fort de son expérience d'entreprise multi-sites et des économies d'échelle que l'on peut en espérer, il estime qu'un premier stade satisfaisant sera atteint avec un cumul de 15 millions d'euros concentrés géographiquement sur les deux départements limitrophes du 74 (Haute-Savoie) et du 01 (Ain). « Cela permettra aussi de commencer à mutualiser des locaux, des back-offices tels un call center, la comptabilité ou des postes de direction », énumère-t-il.
Vers les 50 M€ en rechange indépendante
Ce type de chantier n'effraie évidemment pas le P-dg, qui dispose déjà, dans les vastes bureaux de sa holding, de tous les services supports qui permettent de gérer quelque 750 personnes réparties dans plusieurs dizaines de sites au Nord-Est et maintenant au Sud-Est de la France...
Son ambition en pièces de rechange indépendante ne s'arrête donc pas là. « Nous souhaitons atteindre 50 millions d'euros dans cette activité d'ici 3 à 5 ans », prévoit-il. Et le développement est déjà en cours, puisqu'il aura atteint 25 M€ fin 2020 et n'exclut pas 40 M€ dès la fin 2021, avec l'accumulation de points de vente API.
Bientôt parmi les plus gros de la pièce auto
Si le groupe de Gérard Mariscal atteint cet objectif, il comptera rapidement parmi les plus gros acteurs régionaux de la distribution de pièces équipementières en France. D'autant plus qu'il génère déjà quelque 60 millions d'euros en pièces dans le seul cadre de son après-vente constructeur.
« Il n'est bien sûr pas question de mélanger les genres : à chacun son métier, et à chaque métier son circuit de pièces, tempère-t-il. Ces activités resteront bien évidemment séparées ». Il ne s'agit pas d'une marotte d'un P-dg arrivé en âge de pouvoir enfin s'amuser avec ce qu'il a construit, mais bel et bien d'une stratégie mûrement pensée. Et c'est en cela que l'initiative de Sima Holding est symptomatique de temps nouveaux qui n'ont rien à voir avec les rares ponts bricolés jusqu'à maintenant par des concessionnaires entre rechange constructeur et rechange indépendante (voir encadré).
Une réelle ambition
Avec Sima Holding, nous n'en sommes visiblement plus là. Car même ces 50 millions ambitionnés d'ici 2025 ne sont pas une fin en soi : «Nous n'excluons pas d'aller encore plus loin, et d'ailleurs bien évidemment aussi dans nos territoires historiques des Hauts-de-France».
Et d'ailleurs, pourquoi pas hors du réseau API ? Et pourquoi pas 100 millions d'euros en rechange indépendante équipementière ? En réponse, un sourire silencieux et malicieux de Gérard Mariscal. Il est vrai que, quand on pilote déjà 400 millions d'euros dans un marché aussi structuré, complexe et incertain que celui du VN/VO, on n'a guère de problème avec les grands chiffres...
Des temps radicalement nouveaux
Si les marchés de la distribution du VI et de la pièce indépendante sont déjà devenus stratégiquement poreux depuis plusieurs années, il n'en était pas encore de même dans la distribution VN de voitures particulières.
Jusqu'à maintenant, des concessionnaires VP s'essayaient certes ici ou là à la rechange indépendante, comme d'ailleurs certains gros distributeurs-stockistes étaient déjà devenus concessionnaires. Dans le premier cas, il s'agissait souvent et simplement d'opportunités locales, de secourir même un ami entrepreneur du cru, bien plus que de diversification stratégique ; et quand à l'inverse un distributeur-stockiste devenait concessionnaire, c'était souvent plus pour offrir une entreprise à un membre de la famille ou apporter là encore une solution opportuniste à un ami-entrepreneur local. Voire même distribuer la marque de luxe qu'à titre personnelle, le distributeur en question affectionnait.
Ce qu'entreprend Gérard Mariscal et son groupe Sima Holding est hautement symptomatique de la chute du mur qui séparait il y a encore quelques années les univers des réseaux constructeurs et de la rechange indépendante.
Il y a donc fort à parier que l’initiative de conquête entreprise par le distributeur VN/VO traverse bien d’autres têtes parmi ses collègues concessionnaires. Et dans l’ambiance de concentration qui traverse la distribution indépendante de pièces, les distributeurs VN/VO ont des qualités -et des besoins- pour venir y jouer un rôle croissant...