Kairos-LS : l’arme de rentabilité des carrossiers ?

Romain Thirion
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Présenté officiellement sur Equip Auto et candidat aux Grands prix internationaux de l’innovation automobile, le logiciel Kairos-LS, «premier outil de pilotage de carrosserie» selon ses créateurs, pourrait bien rendre aux pros de la réparation-collision leur rentabilité. Et pourquoi pas, rétablir une forme d’équité dans leurs relations avec les donneurs d’ordres.
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A chaque opération, le chef d'atelier assigne une durée

Révolution ? Pas encore, puisque le logiciel va arriver et n'a encore rien prouvé. Evolution ? A n’en pas douter. Et une évolution qui s’annonce positive, quoi qu’il en soit, pour les professionnels de la réparation-collision. Kairos-LS, dernier bébé de la société 3Dsoft, est un logiciel de pilotage de carrosserie, «le premier du genre», selon Richard Bogatzky, son directeur général. Il aura fallu 4 ans de recherche et développement pour sortir un algorithme capable de penser comme un chef d’atelier, mais en beaucoup moins de temps. Concrètement, le programme permet d’organiser au quotidien les tâches de chaque compagnon, et selon les spécialités de chacun, en fonction des dossiers prioritaires.

Comment ça marche ?
D’abord, en fonction du chiffrage de l’expert, et donc du mode opératoire retenu (choc léger, moyen, avec étirage, lourd avant, arrière…), le responsable d’atelier entre dans le système la durée estimée de chaque opération à effectuer sur le véhicule, du démontage au remontage en passant, par exemple, par la préparation, la mécanique, la peinture, l’étuvage, le marouflage, etc. Puis il entre une date idéale de réception et de rendu du véhicule. C’est alors que le moteur du logiciel prend le relais.

De manière entièrement automatique, le moteur d’affectation intègre le dossier à ceux déjà enregistrés, calcule le travail de la journée sur chaque dossier et assigne à chaque compagnon ses éléments de travail du jour, en respectant les durées d’intervention préalablement choisies par le chef d’atelier. Ainsi, chaque ouvrier dispose d’un planning très précis d’intervention sur chaque véhicule, avec un nombre de temps morts extrêmement limité, le turn-over étant automatiquement assuré sur chaque véhicule. Sauf en cas de séchage, bien entendu. «Logiquement, il ne peut y avoir de trous dans le planning que si le chef d’atelier s’est montré trop pointu dans les compétences de ses compagnons, souligne Richard Bogatzky. Mais notre système est pensé pour prendre en compte les capacités principales et secondaires de chaque ouvrier. Notre outil n’a pas d’état d’âme : il saisit ce que chacun sait faire et lui assigne les tâches correspondantes.»

Le moteur du logiciel affecte leurs tâches aux compagnons en 40 millisecondes

Gain de temps assuré
Le logiciel priorise automatiquement les dossiers en retard. Donc il n’est même plus besoin de reprendre son agenda et vérifier chaque jour les véhicules à traiter en urgence. Kairos-LS calcule en 40 millisecondes la production de plusieurs jours, jusqu’à 800 éléments de travail, et ce plusieurs fois dans la journée à la demande du responsable. Ainsi, le temps gagné, une fois traités les dossiers les plus urgents et supprimée l’attente entre chaque poste, permet de gagner en productivité de manière évidente.

«Les essais du logiciel sur nos sites pilotes, comme la concession Citroën de Rezé (44), de Nice (04), de Paris Nation, ou celle de Mercedes Perpignan ont permis d’afficher un gain de productivité de 25 à 30%», affirme Richard Bogatzky. Cependant, le DG confirme n’avoir pas pu faire tester le système chez un carrossier «pure player», dont la réparation-collision est le seul et unique métier. Cerise sur le gâteau : le logiciel gère également l’affectation des véhicules de courtoisie, en lissant automatiquement le kilométrage de chacun : le moins kilométré est toujours priorisé. Même l’envoi de SMS au client, pour la confirmation de rendez-vous et pour le rendu du véhicule, entre autres, est automatisé.

Mais alors, quid du rôle du responsable d’atelier ? Son poste aura-t-il toujours la même valeur, la même importance ? Un arbitrage sera peut-être fait dans certains garages et le chef d’atelier renvoyé à la simple tâche de compagnon, surtout si les ouvriers eux-mêmes s’occupent chacun de récupérer leurs ordres de réparation… Mais il pourra tout aussi bien être décidé de maintenir le poste de chef d’atelier dans sa fonction première, d’où il pourra distribuer efficacement, et selon le planning organisé par Kairos-LS, le travail à chacun. Un atelier sans chef d'atelier, c'est tout de même un peu risqué...

Une véritable approche métier
C’est en partant d’un constat d’échec que 3Dsoft a développé Kairos-LS. Spécialiste de l’organisation d’atelier avec MécaPlanning, son logiciel-phare, l’entreprise a vite constaté les limites de cet outil pour piloter le travail d’une carrosserie. «Notre partenaire Citroën de Saint-Herblain (44) ne l’utilisait que pour les véhicules de courtoisie, confesse Richard Bogatzky. Nous avons donc appelé le GNFA pour obtenir les conseils d’un expert de la carrosserie, qui nous a conseillé de repartir d’une page blanche pour concevoir notre nouveau logiciel.»

Car il s’agissait de répondre aux spécificités d’un atelier de carrosserie : la qualification très précise de chaque compagnon ; la gestion des événements multiples (expertise, contre-expertise, commande de pièces…) très chronophage et nécessitant souvent de revoir les priorités ; la multiplicité des postes de travail pour chaque compagnon ; et la mobilisation de chacun sur un même chantier. «Le chef d’atelier peut généralement se projeter à 2 h devant lui, si la charge de travail est modeste, selon Richard Bogatzky. Mais lorsqu’elle est élevée, il ne peut que distribuer le travail urgent, sans marge de manœuvre. Ce qu’évite Kairos-LS.»

La liste des dossiers et leur état d'avancement est simple à suivre

Faire face aux donneurs d’ordres
Si Kairos-LS a les armes pour séduire les pros de la réparation-collision, il peut aussi plaire aux donneurs d’ordres, assureurs en tête. «Nous avons rencontré Allianz, qui souhaiterait voir fonctionner le logiciel in situ, confirme Richard Bogatzky. Mais on ne sait pas encore quelles réactions il suscitera.» Nul doute que, dans une perspective de réduction des coûts et de "satisfaction" des assurés, le système trouverait grâce sans peine aux yeux des compagnies d’assurance…

Mais Kairos-LS pourrait être également l’argument choc des carrossiers eux-mêmes. Avec lui, ils pourraient ainsi se targuer de mieux maîtriser leur délais, leur service client, et avancer une productivité meilleure voire optimale, argument de poids pour négocier des conditions d’agrément plus généreuses pour leur rentabilité. Conscient de «créer un marché», selon son DG, 3Dsoft compte sur Equip Auto, et la participation de Kairos-LS aux Grands prix de l’innovation, pour communiquer et séduire. A commencer par les têtes de réseaux de réparation indépendants qui, eux aussi, pourraient saisir l’occasion et apporter un coup de pouce à leurs adhérents carrossiers, avec un outil qui, pour l’instant, sur le papier au moins et dans ses multiples tests selon son concepteur, ne semble pas révéler de faille.

A suivre de très près...

Romain Thirion
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