100 millions d’euros de perdus pour les experts à cause du Covid-19
Qui dit confinement dit baisse drastique de la circulation automobile. Et dit, par conséquent, chute radicale de la sinistralité. Un paramètre qui a impacté les carrossiers, bien évidemment, mais aussi les experts. L'Alliance nationale des experts en automobile (ANEA) vient en effet de révéler, dans un communiqué, que le confinement destiné à lutter contre la propagation du Covid-19 avait eu des conséquences financières importantes pour la profession. 30 jours après l'entrée en vigueur des mesures de restriction de circulation, les cabinets et entreprises de la profession accusent une perte cumulée de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires. «Et cette situation va s'accentuer jusqu'au 11 mai, à raison de 25 millions d'euros par semaine », précise l'ANEA.
Pour des cabinets et des entreprises qui ont recouru, pour 100% d'entre eux, au chômage partiel mais conservant toutefois « un nombre incompressible de salariés pour assurer, dans la continuité du service d'expertise, les nombreuses tâches de gestion liées aux dossiers déjà ouverts avant le 17 mars et ceux qui méritaient une expertise de terrain », c'est un coup dur. Le recours à l'expertise à distance (EAD), encouragé par la Confédération française de l'expertise automobile (CFEA) mais dénoncé par de nombreux réparateurs, ne suffit pas à résorber le manque à gagner lié au recul du nombre de missions ainsi qu'à la baisse soudaine du marché des véhicules d'occasion ou des expertises judiciaires, deux des nombreuses activités dont sont chargés les experts.
Une hausse du prix de revient des expertises à prévoir
Si la fin du confinement, annoncée pour le 11 mai prochain, pourrait apparaître comme l'espoir d'une reprise, l'ANEA tempère toutefois tout optimisme. Selon elle, le trafic routier ne reprendra que progressivement et les cabinets, dont l'activité moyenne a reculé de 85% ces dernières semaines, ne devraient pas retrouver une pleine activité avant six mois. De plus, l'organisation professionnelle explique que « les conditions singulières dans lesquelles les missions sont désormais accomplies, ainsi que les frais inhérents au respect des recommandations des autorités sanitaires et du Ministère du travail, ont pour effet de complexifier les opérations et d’allonger inévitablement le temps passé, avec pour conséquence directe une augmentation de 35 à 45 % du prix de revient d’une expertise ».
Les experts iront-ils jusqu'à exiger une revalorisation de leurs propres tarifs dans ces conditions, au risque de se brouiller avec leurs donneurs d'ordres habituels, compagnies et mutuelles d'assurance ? Rien n'est moins sûr, même si « l’ANEA en appelle aux pouvoirs publics ainsi qu’aux assureurs automobiles, principaux clients des cabinets et entreprises, pour le développement et la mise en place d’un plan de relance stratégique ». Il serait étonnant, si les donneurs d'ordres acceptent de revaloriser les tarifs, que les experts qui refusent encore l'augmentation des taux horaires des carrossiers ou la facturation des opérations de désinfection et de décontamination des véhicules restent rigides sur ce point...
Vers un grand nombre de cessations d'activité ?
Néanmoins, et parce que justement, rien n'est moins sûr que de voir les compagnies et mutuelles d'assurance offrir un véritable coup de pouce à leurs prestataires habituels, l'ANEA affirme-t-elle que « dans de telles conditions, un grand nombre [de cabinets et d'entreprises du secteur] seront économiquement contraints de cesser leur activité si rien n’est mis en œuvre pour les accompagner efficacement sur cette période ». Dans une profession qui voit ses acteurs se concentrer chaque année un peu plus, toutefois, la cessation d'activité des uns profitera certainement à d'autres, plus gros et mieux armés pour récupérer les portefeuilles de missions adressées par telle mutuelle ou tel assureur...