ProGRESS : l’ozone pour décontaminer les véhicules à réparer
Parmi les impératifs liés à la reprise d'activité dans les garages automobiles dans le cadre du déconfinement figure la désinfection des surfaces à l'intérieur des véhicules, où le coronavirus SARS-Cov-2, responsable de la pandémie de Covid-19, peut rester longtemps actif. Mais alors que bon nombre de procédés s'appuient sur des produits plus ou moins chimiques, un nouveau protocole conçu en Gironde (33) par un carrossier Five Star de Saint-Médard-en-Jalles, Alexandre Xavier, et une petite équipe réunie autour de lui, promeut l'ozone, molécule reconnue pour ses propriétés antibactériennes et virucides.
ProGRESS (Protocole de Gestion Rapide pour un Environnement Sanitaire Sécurisé), ainsi qu'a été dénommé le protocole, est présenté comme une solution permettant aux réparateurs auto de reprendre leur activité professionnelle dans les meilleures conditions en toute sécurité et de pérenniser leur activité. Objet d'un brevet, déposé nous le n° FR2004147, il est mis à disposition gratuitement des pros de l'auto pour une période de 12 mois et établit une série d'étapes à effectuer pour une désinfection efficace des véhicules. Il vient ainsi en complément des gestes barrière conformes aux consignes édictées par le Gouvernement, puisqu'il est en lien avec les recommandations du Ministère du Travail et des fiches Conseils Métiers.
Sécuriser les clients et les collaborateurs
Le principal argument de la décontamination à l'ozone de ProGRESS réside dans la sécurité qu'il confère aux clients et aux collaborateurs de la carrosserie, amenés à intervenir sur le véhicule. Parce qu'il s'agit d'abord d'un protocole validé par des médecins. « Dans notre famille, nous sommes déjà particulièrement méticuleux sur le plan de l'hygiène, témoigne Alexandre Xavier, patron de la carrosserie DK'Boss. Mais c'est lorsque les médias ont annoncé que le bilan de l'épidémie de Covid-19 était passé à 30 morts en une seule journée que mes enfants m'ont fait remarquer que cela représentait l'équivalent du nombre d'élèves de leur classe et qu'il fallait absolument faire quelque chose pour protéger les voitures des clients, d'autant plus qu'il a été prouvé que le virus pouvait rester actif plusieurs jours sur les surfaces plastiques de l'habitacle des véhicules. »
D'où l'idée d'un procédé appuyé sur des données scientifiques et médicales. « Lorsque j'ai créé le protocole, je l'ai d'abord présenté à mon médecin traitant qui l'a trouvé pertinent et a écrit une lettre pour le recommander, précise Alexandre Xavier. Puis, je l'ai présenté à la médecine du travail, qui a confirmé son intérêt. Le protocole a été ensuite transmis à un laboratoire où il est en cours d'étude. » L'Autorité régionale de santé (ARS) a également eu son mot à dire. Le carrossier rappelle qu'il n'a pas choisi l'ozone pour rien : celle-ci est notoirement utilisée dans le traitement des circuits d'eau potable, entre autres. Avec ce type de validations de la part de professionnels de santé, ProGRESS permet au chef d'entreprise de sécuriser les employés et leurs familles, de limiter l’absentéisme, les conflits au sein de l’entreprise et d'éviter les fermetures sanitaires.
Dix étapes incontournables
Afin de se préparer à recevoir au mieux les clients dans sa carrosserie, Alexandre Xavier a formé l'ensemble de son équipe, soient 3 personnes, au protocole. ProGRESS peut être adopté par l'ensemble des réparateurs à raison d'une demi-journée de formation, comme le souligne l'entrepreneur. « Les carrossiers ont l'habitude d'une certaine précision dans le geste, une méticulosité qui leur permet de maîtriser rapidement les différentes étapes du protocole », affirme-t-il. Après la réception du véhicule, la deuxième étape implique l'habillage du compagnon en équipements de protection individuelle (EPI) : combinaisons de type 5 et 6, gants en latex, surchaussures et masque complet, le tout aux normes CE et EN.
Suivent deux étapes de nettoyage mécanique, une de nettoyage thermique en cabine par étuvage, une d'entretien du circuit de climatisation, une de nettoyage extérieur du véhicule par shampooinage et une de nettoyage moléculaire avant remise du véhicule au client. La procédure finale, elle, concerne uniquement l'intervenant et s'attarde sur le nettoyage et la désinfection de tous les équipements non jetables qu'il a utilisés, sans oublier le lavage de ses mains. « Grâce à toutes ces étapes, si le véhicule arrive infecté, le compagnon ne risque plus d'être lui-même contaminé, souligne Alexandre Xavier. Et s'il est lui-même infecté, le protocole permet d'éviter qu'il ne dissémine le virus dans le véhicule. »
Quand la concurrence ne tient plus
Le carrossier de métier, qui est particulièrement sollicité ces derniers temps pour partager le protocole ProGRESS, assume pleinement de le mettre à disposition de l'ensemble des pros de la réparation-collision gratuitement pour 12 mois. « Dans une situation comme celle que nous vivons actuellement, il n'y a plus de concurrence : j'ai d'ailleurs transmis ProGRESS à mes concurrents locaux habituels », affirme-t-il.
L'homme a également proposé la diffusion de son protocole via la Fédération française de la carrosserie (FFC), dont il est adhérent. « Un important fournisseur de peinture a également commencé à stocker le matériel et les équipements nécessaires pour le distribuer, ajoute Alexandre Xavier. Le protocole est amené à évoluer légèrement, notamment sur les taux horaires. » En attendant, ProGRESS devrait permettre à bon nombre d'ateliers de carrosserie de reprendre le travail plus sereinement et de rassurer leur clientèle
Une petite équipe riche de talents
Pour créer le protocole ProGRESS, Alexandre Xavier précise qu'il ne pouvait « le mettre sur pied tout seul ». L'homme a été suivi par six personnes très impliquées ainsi qu'un petit pool d'autres intervenants. « Il a fallu trouver le nom, qui a été suggéré par un militaire de l'armée de terre, souligne-t-il, comme pour relever la polyvalence des personnes l'ayant accompagné dans ce projet. Il en va de même pour le scellé que l'on place sur les portières du véhicule une fois la procédure achevée : c'est une assistante sociale qui en a eu l'idée. » Comme quoi, en temps de pandémie menaçant l'ensemble des secteurs d'activité, la solidarité interprofessionnelle reste plus que jamais d'actualité.