
L’alternance toujours tendance
La forte attractivité auprès des jeunes et l’appétence des entreprises à former la future génération de salariés, font progresser l’alternance depuis 10 ans. La tendance se poursuit sur 2024 avec 41 850 jeunes alternants recensés. Pour cette dixième rentrée les chiffres ont plus que doublés, mais cela pourrait changer avec les nouvelles réglementations. Qu’est-ce qui attire les jeunes vers l’automobile ? Zepros est allé leur poser la question.
« Nous sommes passés de 22 000 jeunes à près de 42 000, soit un quasi doublement des effectifs en dix ans. », commente Philippe Le Gall, responsable de projet à l’ANFA, suite à la publication récente du dernier Observatoire ANFA. C’est 73 221 jeunes en formation initiale, dont 41 850 en alternance, qui ont fait leur rentrée en 2024. Cette dixième année marque une rupture avec les précédentes, car désormais l’apprentissage progresse uniquement au sein des CFA et peu dans les lycées professionnels. Les professionnels recrutant des alternants semblent privilégier les formations plus courte dispensées dans un CFA.
De même, les certifications de branche (CQP et TFP) forment et insèrent de plus en plus de jeunes via l’alternance. En 2024 ils étaient près de 5 000 élèves à suivre cette formation dispensée dans un CFA. Avantages : un cursus d’un an permettant d’alimenter régulièrement le marché en nouveaux salariés qualifiés.
Cependant, certaines filières ont plus séduit les jeunes que d’autres. Le top 3 : maintenance VP, carrosserie-peinture et maintenance VI (voir tableau). Autre indicateur fourni par l’ANFA : les jeunes en alternance sont rapidement employables, avec un taux record de 73% d’insertion professionnelle 6 mois après leur sortie de formation, contre 43% pour les lycéens professionnels.
Un avenir incertain ?
Après trois ans de progression permanente, la rentrée 2024 a été marquée par une stabilité (+14%). Est-ce un signe avant-coureur de la réforme attendue pour la rentrée 2025 ?
Dès le 1er mai, le gouvernement prévoit de supprimer la prime de 6 000€ maximum pour toute embauche en contrat de professionnalisation des jeunes de moins de 30 ans. Ces aides avaient été mises en place pendant la crise sanitaire, pour inciter à l’emploi des jeunes. Ainsi le projet de loi de finances (PLF) 2025 envisage une économie de 1,2 Md€. Désormais la prime à l’embauche pour un apprenti versée la première année passera de 6 000€ à 4 500€. Est-ce que cela va changer le paradigme pour les entreprises ? Zepros a interrogé les professionnels.
Philippe Le Gall, responsable de projet à l’ANFA confie : « Les aides sont un facteur qui permet à l'alternance de bien se porter. La modification de ces aides aura forcément un impact, mais nous estimons qu’il sera mineur. Les entreprises de plus de 250 salariés seront impactées. Et la branche des services d'automobile est constituée à 95% d'entreprises de moins de 10 salariés. Cela fait dix ans que l’alternance progresse dans notre branche, et nous ne pourrons pas progresser éternellement. La hausse s’arrêtera. »
Sur les métiers de la carrosserie, l’alternance est une part importante, avec 61% des effectifs. Est-ce que ces restrictions pourraient avoir un impact ? « Pour notre groupe cela ne changera rien. Par contre cela sera un frein pour la profession et les petites structures, et c’est tout le contraire de ce qu’il faut faire. Des profils seront moins recrutés par rapport à leur âge, leur cursus, le type de contrat en apprentissage ou en professionnalisation. Tous ces critères font que les subventions varient d’un profil à un autre », commente Thomas Alunni, gérant de la Carrosserie Lecoq (Groupe Albax).
Pas de frein anticipé non plus du côté des distributeurs de pièces de rechange. « Non cela n’impactera pas le nombre d’alternants dans l’entreprise, bien sûr les aides ont encouragé à recruter. Si nous avons un besoin en alternants, nous ne ferrons pas une croix dessus. La réflexion vient plutôt du besoin que des financements », ajoute Stéphanie Lagoute, DRH du Groupe IDLP.
L’alternance reste, malgré tout, un levier indéniable favorisant l’entrée dans le monde professionnel.
L’alternance vue par les étudiants
Même engouement pour l’alternance chez les jeunes de la planète automobile.
« J’ai souhaité suivre ce cursus dans le monde de l’automobile pour l’aspect pratique en atelier les stages et autres projets qui nous amènent plus rapidement vers le monde professionnel », raconte Jennyfer Louis. La lycéenne en terminale Bac Pro réparation des carrosseries poursuit : « Les relations que j’ai tissées pendant mes stages m’ont permis de gagner en assurance et m’aider à trouver un employeur pour les formations que j’envisage après mon Bac Pro : d’abord un CQP peinture, puis un CQP restauration des véhicules historiques. »
Même position pour Maxence Martin, lycéen en terminal Bac Pro carrosserie : « Avec l’alternance nous rentrons dans la vie professionnelle, et nous nous préparons pour notre futur. C’est en étant au sein d’une entreprise que nous apprenons réellement le métier. »
Les femmes gagnent du terrain
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En 2024/2025 c’est 4 250 jeunes femmes en formation (6%).
- +23% par rapport à 2023, soit 800 femmes supplémentaires.
- Leur part varie entre 4 et 9% selon les filières.
- La filière carrosserie-peinture est passé de 540 femmes en 2021 à 1 200 en 2024.
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