«Pour un garage automobile, Adhérer à la FNA, c’est très inspirant ! » Interview de Christelle Potereau, garage du même nom.
Dynamique, solaire, Christelle Potereau, secrétaire-comptable du garage du même nom, est du genre à ne pas avoir les deux pieds dans le même sabot. Alors que l’activité de son époux, Éric, frôle la banqueroute lors de la crise de 2008, Christelle cherche (et trouve) des solutions. Souvent, d’ailleurs, en puisant l’inspiration lors des réunions de secteur de la FNA. Aujourd’hui, le carnet de rendez-vous est plein. Le secret ? Prendre des décisions d’avant-garde, voire révolutionnaires ! Comme la semaine de 4 jours… Une initiative OVNI dans le domaine de la réparation automobile.
Pouvez-vous nous présenter votre activité en quelques mots ?
Nous avons créé un premier garage à notre nom, sous enseigne Précisium, il y a 27 ans sur la commune de Rives-de-L’Yon en Vendée (85) dans lequel nous faisons principalement de la mécanique, de la location ainsi que de la vente de VN et VO récents. Nous avons également un deuxième site sur la commune de Thorigny qui est plus spécifiquement dédié à la carrosserie.
Vous avez mis en place au sein de votre site de Thorigny la semaine de 4 jours, une initiative peu commune dans votre milieu. D’où vous est-elle venue ?
Lorsque nous avons ouvert Thorigny, nous avions une amplitude horaire de 8h à 19h. Or, le but était évidemment de couvrir l’ensemble de cette plage horaire. Et le moyen le plus évident d’y arriver, c’était que le personnel soit présent un maximum de temps sur la journée. Et pour cela, la meilleure solution était de faire travailler les employés sur 4 jours. Ils faisaient ainsi leurs 35h de travail, mais sur un temps plus court. Lorsque nous avons mis en place la semaine de 4 jours, nous étions 9. Mais la crise de 2008 nous a obligé à restructurer l’entreprise et à licencier du personnel, y compris moi-même d’ailleurs ! Aujourd’hui, nous avons sur le site un seul productif, Laurent, mais nous avons conservé la semaine de 4 jours et nous cherchons à recruter un productif supplémentaire, et nous n’en trouvons pas…
Justement cette fameuse semaine de 4 jours n’est-elle pas un argument supplémentaire ?
Pour vous donner un ordre d’idée, en Vendée, il y a plus de 80 mécanos recherchés et personne n’arrive à recruter ! Alors, bien sûr, cette semaine de 4 jours est un super argument pour embaucher : les week-ends sont plus longs, les frais de route pour venir travailler sont réduits… En réalité, le problème, ce n’est pas le manque de CV, c’est plutôt le manque d’expérience qui représente une véritable difficulté. Nous sommes des artisans. Ici, nous faisons tout de A à Z contrairement à une concession où chacun a un rôle bien défini. Du coup, de la main d’œuvre qualifiée, autonome, capable de faire à la fois de l’accueil client, de la recherche de panne, de la commande de pièces, de la mécanique, de la carrosserie… c’est complexe à trouver. Alors bien sûr nous pourrions toujours aller la chercher du côté de nos concurrents, mais ce n’est pas trop dans nos principes. Quant à payer des salaires exorbitants, cela ne peut durer qu’un temps.
Comment cette initiative a-t-elle été accueillie par vos salariés, sachant qu’en 2008, ça n’était pas très courant ?
En réalité, à l’époque, nous ne leur avons pas vraiment demandé leur avis ! Nous y avons vu surtout les avantages que cela pouvait représenter pour l’entreprise. Et ils sont nombreux. Dans le désordre, nous avons pu constater par exemple une vraie diminution d’immobilisation du véhicule pour le client en carrosserie. Car en faisant 35h sur 4 jours et non 5, les temps de travail sont plus longs donc vous pouvez mieux vous concentrer sur votre tâche, gagner du temps dans la préparation de votre outil de travail, et donc, gagner en efficacité. Les véhicules étant immobilisés moins longtemps, nous mettons à disposition moins de véhicules de courtoisie, notre espace de travail se libère plus vite. Quant aux économies d’énergie, à l’époque déjà, nous avions constaté une vraie baisse de consommation : moins d’éclairage, moins de consommation des machines, moins de chauffage des vestiaires, moins de chauffage du bureau…forcément tout cela diminue toutes les charges annexes.
Vous êtes adhérents de la FNA, comment vous aide-t-elle dans votre quotidien quand vous avez les mains dans le moteur ?
Moi j’ai un côté Vieille France et donc j’appelle plutôt que d’aller sur le site Internet… et j’ai toujours quelqu’un au téléphone pour m’indiquer quoi faire, pour répondre à mes problématiques. Ensuite, les réunions de secteur organisées régulièrement par la Fédération nous permettent d’aborder plein de sujets et d’échanger avec nos collègues artisans réparateurs. Ces échanges sont toujours hyper enrichissants. Par exemple, c’est lors de l’un de ces rendez-vous que j’ai eu connaissance des groupements d’employeurs qui permettent de partager son personnel. C’est un système que je ne connaissais pas et qui m’a permis de trouver notre secrétaire à mi-temps. La FNA nous apporte des informations que nous n’avons ni le réflexe, ni le temps d’aller chercher nous-mêmes. Et puis c’est un fait : aujourd’hui on ne peut pas travailler seul. Appartenir à la FNA c’est ne pas être isolé, échanger, s’informer et se sentir encouragé, encadré. Je trouve tout cela finalement très inspirant…
C’est-à-dire ?
C’est-à-dire que je suis plutôt bon public et que les conseils que la Fédération nous donne sont de véritables moteurs dans la gestion de notre entreprise. Moralité, nous avons souvent mis en place des choses un peu avant tout le monde et la semaine de 4 jours est loin d’être un cas isolé. Par exemple, il y a longtemps déjà, nous avons mis en place des PEI ( Plan d’Epargne Interentreprise) et des PERCOI (Plan d'Épargne Retraite Collectif Interentreprises) pour nos salariés… à la suite d’une réunion de secteur de la FNA sur le sujet. Idem pour les tickets restaurant ou les chèques cadeaux. Lorsque la Chambre des Métiers nous a parlé des 35h à l’époque, nous sommes allés tout de suite faire la formation parce que nous étions convaincus qu’il ne fallait pas louper le coche pour nos salariés. Bon, avec le recul, nous avons peut-être fait ce passage un peu trop vite (rires) car la trésorerie en a souffert, mais cela ça nous a permis de garder nos salariés ! Bref, les conseils et l’accompagnement de la FNA sont souvent des manières pour nous de faire évoluer la gestion de notre activité et celle de nos salariés.
Vous êtes un peu avant-gardiste donc ?
Sans doute un peu. D’ailleurs nous n’avons pas attendu que la diversification des activités soit à la mode pour s’emparer du sujet. Ainsi, depuis 15 ans, nous faisons de la location. D’une part, nous achetons nos propres véhicules et nous les louons en LLD de 3 ou 5 ans. Nous en avons aujourd’hui une petite quarantaine ce qui représente une bonne partie de notre chiffre d’affaires, d’autant que dans nos contrats, l’entretien du véhicule est compris ce qui nous garantit des entrées atelier. Et le tout sans agrément ! C’est un choix : nous préférons avoir un peu moins de réparation, mais les facturer normalement. Enfin, d’autre part, nous mettons quelques véhicules en location courte durée, à raison de 8 euros par jour, pour palier les immobilisations pendant les travaux de mécanique pour les clients qui n’ont pas pris de rendez-vous.
Du coup, quelle sera votre prochaine révolution ?
La vente du garage ! Nous avons atteint un bon rythme de croisière et tous les voyants sont au vert pour que nous puissions désormais transmettre notre activité. Evidemment, cela ne va pas se faire demain, mais la FNA et ses conseils avisés nous suggèrent de ne pas attendre la dernière minute pour nous en occuper. Donc nous suivons de nouveau le conseil : nous sommes dans les démarches afin de vendre d’ici 4 ans.