« Il faut être à Bruxelles, où l’avenir des services de l’auto se joue »
La filière des services de l'auto veut s’inviter aux débats du Dialogue stratégique sur l'avenir de l'industrie automobile européenne initié par la Commission européenne et qui va démarrer le 30 janvier. Quatre organisations professionnelles européennes ont interpellé sa présidente, Ursula von der Leyen, via une lettre ouverte cosignée.
Couperet thermique en 2035, clause de revoyure en 2026, amendes corsées de la loi CAFE ! Toutes les inquiétudes semblent converger vers les constructeurs automobiles européens largement ébranlés par l’injonction bruxelloise de mutation écologique. Face à cette crise, la Commission a promis d'accompagner le secteur automobile qui emploie 13 millions de personnes au sein de l'UE et représente environ 7 % de son PIB. On parle de mesures de soutien à l’achat de véhicules électriques pour les flottes d’entreprises, ou de sécurisation de la chaîne d’approvisionnement en matières premières. Mais les constructeurs, eux, demandent de la "flexibilité" sur les règles environnementales européennes. Pas question de freiner pour prendre encore plus de retard sur les industriels chinois en matière d’électrification de l’offre automobile, s’entête-t-on à Bruxelles.
La voix des services auto à Bruxelles
Si les représentants de la branche « services » de l’auto sont solidaires des industriels de leur secteur, ils entendent aussi faire raisonner leur voix dans ce débat qui doit s’ouvrir dans le cadre d’un « dialogue stratégique sur l’avenir de l’industrie automobile européenne » qui devrait être très prochainement lancé. Et c’est le nouvel attelage constitué initialement voici plusieurs mois de l’Allemand ZDK, du Français Mobilians et récemment rejoint par le Belge Traxio et le Néerlandais Bovag, qui a décidé de s’inviter (poliment !) à la table des négociations. Dans un courrier envoyé à la présidente de la Commission européenne, ils présentent leur "candidature officielle au Dialogue stratégique sur l'avenir de l'industrie automobile européenne que vous lancerez le 30 janvier 2025". Ils plaident ainsi pour une approche à 360° des enjeux de l’écosystème automobile et notamment les entreprises des services qui pèsent "4,5 millions d'emplois dans l'UE". Fort de ce rapprochement « entre quatre organisations leaders dans leur pays », ils entendent faire entendre leur voix et « que ne soient pas oubliés de cette transition écologique les dizaines de milliers d'entreprises, de PME, de gros distributeurs ou de petits artisans que nous représentons », explique Xavier Horent, délégué général de Mobilians. Ils n’oublient pas le client-automobiliste « qui a été absent de toutes les décisions prises par la Commission européenne au cours la première mandature de Mme von der Leyen. Que la réalité du terrain, soit au cœur des débats, c'est ce qui motive notre ligne. »
Un moment clé que cette nouvelle mandature. « Notre priorité est de démarrer avec la Commission européenne des relations nouvelles dans ce début de mandature. Nous ne devons pas laisser aux seules organisations institutionnelles (ACEA, Figiefa, Clepa…) qui représentent les industriels le soin de préempter tous les sujets automobiles. Nous allons travailler de façon indépendante et en parallèle et sans être prisonniers de politique d’appareil », milite Xavier Horent.
Priorité à l’état des lieux
Et si la première étape est bien d’être invité à la table des négociations du grand « Dialogue », ces représentants des services européens de l’auto appellent de leurs vœux et au préalable de tout plan « la production d’un diagnostic précis de la situation économique et sociale au plan européen pour être en mesure de construire une politique sur le long terme, sans en permanence changer de pied en fonction des conditions budgétaires ». Car, rappelle le délégué général de Mobilians : « On ne va pas continuer à s'envoyer des rapports contradictoires, comme cela a été le cas pendant la précédente mandature de la Commission européenne. L’écosystème automobile a besoin de rationalité, de stabilité et de prévisibilité. Nois avons également besoin de transparence dans les débats, compte tenu de l'enquête actuellement déclenchée à Bruxelles sur les relations de la Commission européenne avec un certain nombre de lobby.»
Et il y a urgence à se mettre en route, bouger vite être agile, « dans un environnement où tout s'accélère ». Reste à voir comment leur démarche sera accueillie à Bruxelles « Nous verrons ce que la Commission prévoit de mettre dans le contenu à l'ordre du jour de ce dialogue stratégique et la manière dont elle va l'animer. » Affaire à suivre.