Mobilians-ZDK : un front commun franco-allemand pour porter la voix à Bruxelles

Caroline Ridet
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ZDK -MOBILIANS Bruxelles 2024

Le 9 avril dernier, les deux organisations automobiles ont officialisé leur rapprochement d’actions à l’échelle européenne. Objectif : être partie prenante aux discussions entre les instances européennes et les constructeurs automobiles sur le sujet hyper-stratégique de la mise en musique de la mutation technologique. 

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En septembre dernier, Mobilians claquait la porte de l’organisme fédérateur européen, le Cecra, pour regagner sa liberté « d’infuenceur ». Un risque d’invisibilité que Xavier Horent, délégué général de Mobilians, balayait alors d’un revers de la main, annonçant déjà son rapprochement de conviction avec la puissante organisation allemande, la ZDK, elle-même en rupture de ban avec le Cecra. Il aura fallu moins de six mois aux deux organisations du commerce et de la réparation automobile pour élaborer leur programme commun d’actions, sous forme d’un livre « programme ». « Les sujets de la décarbonation mais aussi de l’accès à la data avec la demande d’une déclinaison automobile du Data Act vont être centraux pour la prochaine mandature de l’Europe. Notre nouvelle approche commune avec la ZDK sera très opérationnelle, pragmatique, avec de nombreuses rencontres et actions communes », décrit Dorothée Dayraut-Jullian, directrice des Affaires publiques et de la Communication de Mobilians, lors de la conférence de presse commune avec la ZDK qui s'est tenue à Bruxelles le 9 avril.

Nouveau lobbying pour nouvelle mandature européenne

Un "just in time" pour ce lobbying franco-allemand, à quelques semaines de l’échéance des élections au Parlement européen (6-9 juin) qui ouvrira un nouveau cycle propice à se faire entendre des nouveaux élus. Car l’objectif est simple : faire entendre la voix du commerce et de la réparation automobile pour cette nouvelle mandature, en complément indispensable de celle des industriels, omnipotente sur la mandature européenne qui se ferme. « La décarbonation doit être un effort collectif. Le secteur auto doit marcher sur ses deux jambes – industrielle et commerce et réparation – pour que cette mutation soit un succès », insiste Xavier Horent. Et s’il s’agit aussi de contribuer par des actions communes à remettre « du pragmatisme et de la stabilité normative », il n’est pas question de remettre en cause l’échéance de 2035 pour la fin de la production des véhicules thermiques. « Il reste encore dix ans pour y parvenir. Un délai qui doit permettre de résoudre les problèmes d’autonomie, d’infrastructures de recharge et d’écart de prix avec les produits des constructeurs asiatiques liés à l’électrification des parcs. Cependant, ce n’est pas nous qui résolverons ces problèmes, mais les politiciens. Si nous ne nous coordonnons pas avec les constructeurs pour mettre en place des programmes sensés, cela ne fonctionnera pas. Nous devons aussi en penser un peu plus loin qu'au niveau national », complète Arne Joswig, président de la ZDK

Agilité coopérative

Un nouveau « couple » franco-allemand à l’échelle de la filière aval qui veut donc parler d’une seule voix « pour plus d’efficacité » sur les sujets cruciaux comme la décarbonation, « bâtir des coopérations plus fortes entre la France et l’Allemagne »… et communiquer vers les jeunes via des campagnes communes. Réfléchir, communiquer de façon partager, « privilégier l’axe franco-allemand (le deux plus gros acteurs automobiles en Europe) pour être plus percutant ». Mais pas question « de construire une nouvelle organisation européenne, le paysage auto européen est déjà suffisamment doté d’acteurs de ce type de structure », confirme Xavier Horent qui, en septembre dernier, promettait déjà que ce lobbying européen repensé ne devait pas déboucher sur un nouveau  « machin » peut agile face à la puissance de conviction des ONG et autres influenceurs. 

« New Green deal, mais avec nous »

En revanche, les deux « alliés » appellent de leur vœux la mise en place d’un Forum de l’automobile à l’échelle européenne, sur le modèle de l’initiative du commissaire européen Thierry Breton qui avait mis en place le « Road 35 », mais qui avait omis d’y associer la filière aval ! « Le commerce est le plus grand accélérateur d’innovations. L’ignorer, c’est ignorer les millions d’automobilistes. » Un rendez-vous qui serait le moyen de corriger le problème de concertation « pour aller de l’avant ». Locution qui est d’ailleurs le titre du document commun que viennent de sortir Mobilians et ZDK pour sceller leur feuille de route (lire encadré). 

Une nouvelle double voie donc pour « un nouveau pacte, un new deal qui doit être green. Auquel nous nous rallions à la condition que l’ensemble des acteurs soient entendus et sans assister à la fracture entre l’Europe des producteurs et l’Europe des consommateurs », verbalise Xavier Horent. Car Mobilians comme la ZDK  sont convaincues de l’impérieuse nécessité d’accélérer « pour que l’Europe, qui a des atouts, ne décroche pas par rapport aux USA et à la Chine. Cette transition est compliquée mais passionnante. »

« Aller de l’avant » : la feuille de route de l’axe franco-allemand

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MOBILIANS ZDK Joswig Horent guide
Arne Joswig, président du ZDK (à gauche) et Xavier Horent, directeur général de Mobilians.

Mobilians et la ZDK ont mutualisé sept pistes de travail dans un livret destiné aux députés qui siègeront au Parlement européen après les prochaines élections de juin prochain. 
En trente pages, le document décline les sept défis majeur pour atteindre l’objectif de véhicule zéro émission à l’horizon 2035 et continue avec une série de propositions concrètes : 
• Décarboner le parc par des politiques soutenant  la trajectoire d’électrification du parc mais également en intégrant les carburants alternatifs. Principe de la neutralité technologique oblige !
• Favoriser la gestion durable du parc roulant, prenant en compte le retrofit mais également l’éco-entretien, l’économie circulaire…
• Favoriser la compétitivité des entreprises auto passant par « la création de "zones franches" pour l’industrie et les services, visant à l’implantation et /ou la réimplantation d’activités économiques liées à nos mobilités ». 
• Préservation du maillage européen de proximité intégrant les essentiels de l’électro-mobilité.
• Former à la transformation du parc en concevant « une véritable stratégie européenne de l'évolution des compétences ».
• Favoriser l’innovation au profit des consommateurs, avec un partage des initiatives de mobilité sobres et connectées, des données «  au sein de la filière »…
• Faire évoluer la méthode de travail dans l’élaboration des réglementations vers plus de collaboratif, d’inclusivité (de l’ensemble des acteurs) dans le schéma de réflexion et plus de transparence.

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Caroline Ridet
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