« Mobilians quitte le Cecra pour gagner en liberté d’actions »

Caroline Ridet
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HORENT Xavier

Le 1er janvier 2024, l’organisation française des services automobiles et des nouvelles mobilités aux 170 000 adhérents sera sortie des rangs du Conseil Européen des Distributeurs et des Réparateurs Automobile, dont la mission est de défendre les intérêts des professionnels de la distribution VN à Bruxelles. Ambition : se faire influenceur plus agile et efficace. 

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Décidément les organisations européennes ne font plus totalement l’unanimité dans l’écosystème automobile. Après Stellantis qui claquait la porte de l’ACEA en juin 2022, c’est au tour de Mobilians de quitter les instances du Cecra, qu’il avait pourtant co-fondé aux côtés de ses partenaires européens. Une « décision difficile » mais qui est devenue évidente au fil des discussions avec l’organisation européenne destinée « à définir et partager un projet robuste et ambitieux pour la promotion des intérêts du secteur à Bruxelles », qui n’ont pas pu aboutir. Clairement, Mobilians ne considérait plus le Cecra comme étant à même de défendre efficacement ses entreprises adhérentes dans un environnement qui a changé, y compris au sein de instances européennes. Le vieux monde piloté par des organisations sclérosées est sclérosantes n’est plus !  

« C’est une exigence d’efficacité qui a déclenché cette décision. Le filtre du Cecra trop institutionnalisé n’est plus suffisant pour répondre aux attentes du terrain de nos métiers auxquels Mobilians reste très connecté », explique Xavier Horent, délégué général de Mobilians. Avec la démission de l’organisation française qui tire les conséquences de cet immobilisme ressenti, c’est le deuxième principal contributeur que perd le Cecra. En effet, fin 2018, l’organisation allemande, la ZDK, claquait la porte au même motif.

Mobilians reprend donc son destin européen en main. Enfin, être acteur et pas uniquement commentateur !

Pour quoi faire ?

Gagner en expertise et en agilité pour coopérer activement avec les instances institutionnelles et de décision européennes, « et s’attacher à nouer un dialogue direct et constructif avec les constructeurs, les équipementiers, les assureurs, mais aussi les ONG et acteurs associatifs qui bénéficient d’une audience bien supérieure aux acteurs de la filière auto ». Xavier Horent est persuadé qu’en reprenant leur liberté, les pros pourront mieux faire entendre leurs voix et « s’alléger pour gagner en vitesse d’exécution »

L’organisation ne prend-elle pas le risque d’invisibilité dans le tentaculaire labyrinthe des instances européennes ?

« Ce n’est pas une crainte. De toute façon, nous l’assumons car notre but est d’influer, d'être concret, de promouvoir notre secteur. Depuis deux ans, Mobilians est un acteur référencé sur la place de Bruxelles », précise le délégué général. Le syndicat va donc se mettre en ordre de bataille en  "musclant" l’équipe de lobbying pilotée par Dorothé Dayraut-Jullian, qui a déjà prouvé son efficacité sur le terrain hexagonale. « Il n’est pas de bonne influence européenne sans un bon lobbying national. Les deux sont intimement liés. »

Reste que le pari passe aussi par un renforcement d’un front commun déjà dans l’Hexagone en regroupant les forces des représentants des groupements de concessionnaires et d’agents… et idéalement en élargissant aux syndicats de l’après-vente. Des résistances seront là encore à dépasser !

Vers une coordination représentative européenne réinventée

« Nous souhaitons coordonner le plus largement possible et aiguiser les actions de l’ensemble des organisations professionnelles françaises. Sans volonté d’annexion, mais au contraire avec l’ambition de co-construire la démarche. Les batailles de chapelles sont dépassées. Nos entreprises adhérentes n’en veulent plus. Nous devons changer d’attitude. Car il faut être lucide, au niveau européen si nous ne faisons pas front, des acteurs très puissants continueront de parler à notre place », plaide très militant Xavier Horent.

En parallèle de ce front "français", « Mobilians va privilégier des dialogues bilatéraux avec les associations européennes professionnelles et groupements du secteur. Nous rencontrons d’ailleurs nos collègues de la ZDK allemande en novembre »

Un nouveau « machin » ?

« Certainement pas. Mobilians ne cherche ni à créer ni à faire partie d’une nouvelle chapelle, mais à représenter les professionnels français et l’ensemble de nos métiers et travailler avec tout le monde. » Ouvrir largement les portes mais pas se perdre dans les méandres des discussions. Une gageure pour l’organisation hexagonale qui veut inventer un nouveau modèle. Et c’est le bon moment, car la crise sanitaire a ouvert « une ligne de partage des eaux » entre "anciens et nouveaux" et une nouvelle séquence où les revendications par nation se font plus entendre, avec l’émergence de nouveaux enjeux et donc d’un nouveau monde, « et nous voulons en être ».

C’est aussi le bon moment parce que se profilent les élections au Parlement européen (6-9 juin 2024) qui ouvriront un nouveau cycle propice à se faire connaître des nouveaux députés et en faire des porte-voix de la profession. « Nous voulons que les futurs élus français au Parlement européen parlent et agissent pour nous. Mobilians va clairement activer aussi ce levier », promet X. Horent.  

Il va falloir faire vite car se discutent à Bruxelles des enjeux vitaux pour la filière. Les dossiers en tête de liste : la préservation de l’emploi dans un contexte de recherche de souveraineté et de réindustrialisation, le green deal… et le digital avec le dossier chaud de la data.

Mutation de l’influenceur à suivre. 

Caroline Ridet
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