[Atlas] BorgWarner - Delphi : « Le marché de la pièce de rechange va devoir se réinventer »

Jérémie Morvan
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2020 aura été un exercice « hors normes » selon Jean-François Bouveyron, vice-président et directeur général Aftermarket EMEA de Delphi Technologies. « Le chiffre d’affaires a significativement baissé dès la troisième semaine de mars, avec des commandes à l’arrêt et une distribution européenne qui a vécu sur ses stocks. »

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Une double peine pour les équipementiers, qui s’est vite muée en problématique à plusieurs inconnues lorsqu’au mois de juin la demande est repartie tambour battant. « Il a fallu gérer la reconstitution des stocks des distributeurs face à la demande très forte des automobilistes qui n’avaient pas pu entretenir leur véhicule durant le premier confinement », confesse-t-il. Et 2021 aura également été un exercice d’équilibriste, avec cette fois la nécessité de gérer successivement une crise des containers (débutée fin 2020), une inflation galopante des prix des matières premières et une crise capacitaire sur certains produits. La hausse de l’acier a par exemple directement impacté le prix des disques de frein. 2021 restera cependant synonyme de « rebond très positif du marché européen par rapport à 2020, un exercice encore meilleur que 2019 », résume J.-F. Bouveyron.

Le futur est déjà là

En matière de transition énergétique, le groupe BorgWarner - Delphi Technologies n’entend pas rester spectateur : il développe activement son portefeuille produits pour les applications sur les véhicules hybrides et électriques, avec la ferme intention de voir leur part progresser. Et la consommation moindre d’après-vente pour un futur parc toujours plus électrisé n’effraie pas le patron Aftermarket de Delphi. « Le futur est déjà là : prenez une pièce de rechange pour la direction d’un véhicule. Une fois montée, elle nécessite son passage au banc de géométrie, et maintenant il faut en plus recalibrer le système ADAS », analyse-t-il.

Et si le nombre d’interventions devrait mécaniquement baisser sur le parc électrifié, il s’agira d’opérations de maintenance plus complexes, donc onéreuses : intervenir sur un système délivrant 400V, ce n’est pas changer un filtre ! Et la place de la rechange indépendante dans tout ça ? « Il faudra être préparé et très certainement réfléchir aux solutions apportées aux automobilistes pour les accompagner dans leur mobilité en tenant compte de la valeur résiduelle de leur véhicule. À cet égard, je crois beaucoup au remanufacturing : comment envisager de leur faire payer une batterie neuve lorsque leur véhicule aura 6 ou 8 ans ? Larechange indépendante va devoir se réinventer, et les équipementiers y ont un rôle à jouer », estime le vice-président de Delphi. Qu’il s’agisse du futur avec l’émergence des véhicules électriques, ou du parc roulant à entretenir aujourd’hui, « le diagnostic et la formation sont capitaux dans notre stratégie.

Les pièces ne sont in fine que périphériques. Et ce sont les deux seuls budgets qui n’ont pas été réduits durant la crise ! », conclut J.-F. Bouveyron. l

Jérémie Morvan
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