Quand Mercedes innove, la rechange craint le coup de frein

Stuttgart, novembre 2024. Le régional de l’étape, Mercedes, dévoile ses dernières innovations, dont un système de freinage pour véhicules électriques tout bonnement révolutionnaire. Baptisé « in-drive brakes », il repose sur le principe du freinage par induction. Il est implanté non plus sur les moyeux de roue, mais directement en sortie d’arbre du moteur. Un anneau stationnaire (ou disque fixe), refroidi par eau pour optimiser la dissipation de chaleur, est accouplé à une plaquette de frein circulaire.

Et en la matière, le système « in-drive brakes » fait très fort ! D’abord, parce qu’il autorise une réduction sensible du poids, un système de freinage traditionnel comptant pour 90 kg dans le poids total d’un véhicule. La consommation d’énergie s’en trouve abaissée d’autant. En outre, « in-drive » diminue les masses non suspendues, améliorant de fait le comportement dynamique du véhicule. Et l’absence de système de freinage au niveau des roues bénéficie à l’aérodynamique globale du véhicule, abaissant là encore la consommation d’énergie.

Autre avantage – et non des moindres – proposé par ce système : le freinage est plus performant et plus durable en usage intensif (pas de “fading“). La chaleur dissipée peut en outre être réutilisée dans la boucle thermique du véhicule pour alimenter d’autres composants (batteries, électronique de puissance ou autres), avec un gain d’efficacité énergétique globale du véhicule de 10 % selon Mercedes-Benz.

Cette innovation se veut aussi plus respectueuse de l’environnement. Le système est totalement fermé, éliminant purement et simplement les émissions de particules,  récupérées dans un compartiment interne scellé. Un point important avec l’arrivée de la norme Euro 7 en 2026, qui prend en compte les émissions de particules issues des systèmes de freinage et des pneumatiques…
Le constructeur allemand enfonce le clou en promettant une durabilité exceptionnelle du système, annoncé pour durer 20 ans ou 300 000 km, soit peu ou prou la durée de vie du véhicule… De fait, la marque à l’étoile projette une économie de 30 % sur la facture globale d’entretien du véhicule car cette technologie éliminerait dix interventions sur le système de freinage sur cette même période par rapport à un système traditionnel nécessitant le remplacement plaquettes-disques-liquide de frein. Autant de composants en moins consommés dans une logique d’écoresponsabilité.

À ce stade, des interrogations demeurent : à quelle date « in-drive brakes » sera-t-il intégré sur des modèles en série ? Quid de sa réparabilité et du coût d’intervention lors d’une éventuelle défaillance ? On entrerait là dans une prestation autrement plus technique qu’un banal remplacement du couple disque-plaquette !

Reste que cette durabilité des composants interpelle : si un tel système venait à se démocratiser, l’impact sur le business PR des équipementiers comme des distributeurs ne serait pas neutre. « Pas de commentaires », « trop peu d’éléments pour répondre »… Qu’il s’agisse des différents équipementiers OE contactés, restés muets, ou de la distribution, dans l’expectative, difficile de quantifier l’inévitable impact qu’un tel système peut générer sur le terrain de la rechange. Le silence est une réponse en soit… On l’imagine en tout cas plus que significatif, d’autant que la fonction freinage représente encore une part importante du business dans l’entretien d’un véhicule, et donc du business des distributeurs comme des réparateurs.

Les professionnels de la rechange peuvent cependant relativiser. D’abord, parce que le système n’en est qu’au stade de prototype ; ensuite, parce qu’il est développé par un constructeur premium. Avant qu’il ne se généralise sur des modèles de grande série…