Allemagne : Cherche pièces… et poseurs pour les monter !
En 2022, le marché allemand a dû composer avec plusieurs problématiques : d’abord l’inflation, qui devrait s’établir à 10 % sur l’année, et l’explosion du coût de l’énergie.
Le prix des pièces a suivi. « Entre août 2021 et août 2022, les constructeurs automobiles ont augmenté leurs prix de près 8 % en moyenne », déclare Jörg Asmussen, P-DG de l’association générale des assureurs allemands (GDV). Entre 2013 – date de la première étude – et 2022, les constructeurs ont ainsi appliqué des hausses de 55 % en moyenne, lorsque l’indice des prix à la consommation a augmenté de 22 % “seulement”. Résultat : des coûts moyens sinistre en hausse, passant de 2400 € en 2013 à 3375 € cette année…
Alternatives
« Les tensions sont toujours vives sur l’approvisionnement des pièces de rechange [N.D.L.R. : tout autant dues au conflit russo-ukrainien qu’à la politique zéro-Covid en Chine] », note également Sebastian Heitfeld, directeur de GiPA Allemagne. Si cela ne concerne en général que des références isolées, ces dernières ont parfois mis des mois avant d’arriver à destination ! Certains distributeurs ont pu anticiper en surstockant. Pour tous les acteurs de la distribution, il a fallu multiplier les recherches pour trouver des alternatives, en Allemagne ou ailleurs. Pour pouvoir répondre aux clients automobilistes, les ateliers ont également activé les pistes de la pièce d’occasion, l’échange standard et l’échange-réparation. C’est d’ailleurs « une voie empruntée par toute la filière, à l’heure où l’objectif prioritaire est à la décarbonation », note Sebastian Heitfled. À cela s’ajoute enfin « un manque de main-d’œuvre dans l’industrie automobile en général, et tout particulièrement dans les ateliers, qui devient problématique », souligne le directeur de GiPA Allemagne.
Reste que la rechange maintient un haut niveau d’activité, le parc atteignant plus de 47,1 millions de véhicules, dépassant les 10 ans d’âge moyen et avec des ventes de véhicules neufs qui reculent de 2,4 % sur les onze premiers mois.
Vente PR : les constructeurs visent de nouveaux canaux
La pièce de rechange s’avère d’autant plus lucrative pour les constructeurs que les ventes de véhicules neufs dévissent. Cependant, la réduction du maillage des réseaux agréés fait que, pour maintenir le business à flot, les constructeurs ciblent aujourd’hui les ateliers indépendants comme nouveaux débouchés pour leurs pièces « OE »… Le cabinet de conseil en gestion de Cologne BBE s’est penché sur ce nouveau phénomène en interrogeant une centaine de MRA. Premier enseignement : 75 % des ateliers interrogés voient des efforts des constructeurs pour les convaincre de devenir clients. Volkswagen apparaît comme le plus actif, selon plus de la moitié des MRA interrogés. Vient ensuite Mercedes, qui a déjà approché 40 % des professionnels sondés, puis BMW (30 % des répondants). Les importateurs semblent encore relativement prudents ici. La recherche de nouveaux débouchés en termes de pièces touche également les concessionnaires, toujours selon le cabinet BBE : 42 % de ces derniers ont en effet déclaré qu’ils essayaient activement de vendre des pièces de rechange à des ateliers indépendants.
AAG gonfle ses positions
La filiale européenne de GPC poursuit ses achats en Allemagne. AAG vient ainsi d’acquérir Knoll en Transport et Logistik Schleiz. Avec 18 sites de distribution, l’entreprise familiale, dont le siège est à Bayreuth, est présente en Bavière, Berlin, Brandebourg, Saxe et Thuringe. Avec une équipe de 560 personnes, le distributeur annonce pour 2021 un CA de 107 M€. Encore soumise à l’autorisation des autorités de la concurrence, cette acquisition vient renforcer les positions d’AAG Germany qui annonçait fin 2021 un CA de 400 M€ pour 71 implantations. C’est aussi l’opportunité d’étendre son empreinte géographique historiquement située à l’ouest vers l’est du pays. Pour rappel, l’entité allemande du groupe créée en 2015 et pilotée par Fabian Roberg regroupe les sociétés propriétés d’AAG : Coler, Busch et Henning.
Carat rejoint par Birner
Début 2023, le leader autrichien de la distribution de pièces de rechange, Birner GmbH, rejoindra le groupe Carat en tant qu’actionnaire. Entreprise familiale fondée il y a plus de 90 ans, Birner compte 26 succursales sur son marché domestique et emploie 560 personnes. Le distributeur s’appuie sur un entrepôt central de 600 000 articles et pourra désormais compléter son offre pièces et services avec celle de Carat, disponible à travers ses deux entrepôts : l’entrepôt central ad-CARGO à Castrop-Rauxel et le nouveau site logistique ad-CARGO entrepôt régional Sud à Nürnberg, qui débutera au début de 2023. Avec l’entrée de Birner, le groupe Carat franchit une nouvelle étape dans sa stratégie d’expansion dans d’autres pays européens, étendant son empreinte au marché autrichien. À noter également que le groupe devrait lancer début 2023 un nouveau concept d’atelier baptisé Moon, et destiné à permettre aux réparateurs de s’adapter tout autant aux mutations technologiques – et aux investissements en matériel et formation que cela impose – qu’aux changements de comportement des consommateurs (numérisation, mobilité partagée, etc.).
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