Amélie Paviet, NTN-SNR : « Il faut rester agile si l’on veut rester pérenne »
L’exercice 2023 aura été de bonne tenue pour l’équipementier. Certes, l’inflation enregistrée dans certains pays (Turquie, Argentine) a pu créer un appel d’air sur le marché pour des pièces low cost, mais le premium garde la cote...
« NTN-SNR progresse sur tous ses marchés: les performances sont globalement bonnes en Europe, où l’aftermarket, qui représente 21 % du CA dans cette zone, enregistre une hausse de 13 %. Mais la dynamique aura été plus forte encore en Turquie, en Afrique et au Moyen-Orient (91 % de croissance!) ou encore en Amérique latine – Brésil principalement – où nous enregistrons une croissance de 40% cette année ! », déclare Amélie Paviet, directrice marketing et communication EMEA. Moyen-Orient et Brésil sont d’ailleurs les deux zones où NTN-SNR entend accélérer à court terme.
Portefeuille produits significativement élargi
Le groupe franco-japonais vient d’annoncer un partenariat industriel avec LTM (groupe Mecatech), fabricant d’amortisseurs, en vue d’intégrer une offre de 800 références dans son catalogue dédié à la liaison au sol. « NTN-SNR complète son offre suspension en associant le savoir-faire d’un acteur spécialiste de l’aftermarket avec notre expertise OE. Nous disposons ainsi d’une offre complète pour intervenir sur le “corner module” », détaille Amélie Paviet. Ce dernier lancement fait suite à une importante extension de gamme CVJ (constant-velocity joint) pour porter l’offre à 1300 références (et 2000 annoncées à l’horizon 2025). L’équipementier a aussi lancé cette année une gamme d’outillage (130 références) co-développée en partenariat avec Clas. Quant à 2024, le mois de janvier verra l’apparition d’une nouvelle offre PL de 30 références de moyeu complet avec roulements intégrés pour tracteur et semi. Si le groupe est depuis longtemps présent en OE sur le segment des poids lourds, il ne l’est que depuis trois ans en rechange (roulements de roue et de transmission). Avec l’objectif de développer son offre, le PL représente un autre levier de croissance dans le futur pour le groupe.
« En matière de supply chain, l’inflation des matières premières ou de la logistique n’explique pas tout : les équipementiers, comme l’ensemble de la chaîne de valeur, sont également confrontés à des problèmes de main-d’œuvre ! »
S’appuyer sur des gammes pérennes
Dans le contexte d’électrification du parc, l’équipementier va maintenir sa stratégie d’enrichissement de gamme et se concentrer notamment sur les produits pérennes. Dont typiquement toutes ses gammes liées au “corner module”, une offre répondant tout autant aux véhicules thermiques qu’électriques, avec pour ces derniers des fréquences de remplacement à venir plus élevées du fait d’un poids plus conséquent des véhicules… Reste que les constructeurs semblent vouloir reprendre la main sur le terrain de la rechange : « Il va falloir préparer les réparateurs indépendants à intervenir sur ces véhicules ! Au-delà, on assiste à une tendance à la verticalisation chez les constructeurs : certains investissent le terrain de la pièce d’occasion, le digital, voire dans des start-up spécialisées dans le retrofit des véhicules », analyse la directrice marketing et communication. Rien n’est donc gagné pour autant : « Si le vieillissement du parc demeure un atout pour les acteurs de la rechange, le contexte géopolitique et économique crée de l’instabilité. La pandémie nous a appris une chose : il faut rester agile si l’on veut rester pérenne. Aujourd’hui encore plus qu’hier. »