APF Autoparts : la pièce d’origine à bon compte

Romain Thirion
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Jürgen Sonck, CEO d'APF Autoparts

Fondé en 1999 et opérant depuis Zottegem (Flandre Orientale), le distributeur de pièces de robe d'origine a sextuplé son CA en quatre ans à peine.

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Sur un marché européen qui attend de voir la clause de réparation s’imposer à l’ensemble des pays de l’Union européenne, la pièce d’origine ne semble jamais s’être aussi bien portée. APF Autoparts en est la preuve vivante. Son CA est passé de de 20M€ en 2018 à 120 M€, qu’elle est certaine d’atteindre en 2022. Un boom qui doit d’abord son succès à son positionnement malin sur les pièces de marques japonaises, son CEO Jürgen Sonck ayant été longtemps concessionnaire Toyota. Si ces dernière restent n° 1 en volume, les marques de Volkswagen Automotive Group suivent juste derrière, avant Renault-Nissan-Mitsubishi. Stellantis est aussi un acteur qui commence à peser dans l’activité d’APF.

Aujourd’hui, même des marques premium – Lamborghini, Maserati, Jaguar, Land Rover – lui confient une part de leur distribution de pièces, vendues à la commande, mais APF n’oublie pas l’Asie puisqu’il référence les constructeurs chinois BYD, Maxus et le désormais sino-britannique MG. Son essor, le distributeur belge le doit notamment à cette volonté de nombreux constructeurs de VL et VU de moins de 3,5 tonnes de déléguer la logistique de leurs pièces de carrosserie aux grossistes et de s’affranchir des coûts de stockage.

Un nouveau magasin déjà trop étroit

Or, en la matière, les arguments d’APF sont séduisants, avec ses filiales au Royaume-Uni – son deuxième marché –, en Espagne, en Lituanie d’où elle dessert les trois pays baltes, aux Pays-Bas et en France, son troisième marché en volume. Pour accompagner sa croissance, l’entreprise a installé son vaisseau amiral belge depuis février dernier dans un magasin situé à quinze minutes à peine de son ancien site et à trente minutes à peine de Gand. Ce faisant, elle est passée de 2500 m² à 7000 m² d’espace, bureaux inclus. De quoi aussi stocker les pièces d’équipementiers d’origine qui représentent 10 % de son volume de vente : Valeo ou Hella pour les optiques, Nissens et NRF pour la boucle thermique, ou encore Yuasa pour les batteries. Ainsi que les pièces de vitrage, sourcées chez le fabricant première monte Pilkington ainsi qu’auprès des marques elles-mêmes.

La largeur et la profondeur de son offre de vitrage lui permettent même de fournir Belron, maison-mère du réseau Carglass, depuis des années. « Il aurait été préférable de disposer d’encore plus de surface », regrette Jürgen Sonck, avec un sourire qui trahit sa satisfaction d’avoir fait grimper APF au rang de partenaire fiable pour ses clients distributeurs et réparateurs comme pour ses fournisseurs constructeurs. « En 2019, lorsque nous avons signé le bon de commande du nouveau bâtiment, nous avons sous-estimé notre croissance: nous imaginions tourner autour de 80M€ », ajoute Jürgen Sonck. Résultat : le bâtiment actuel est quasi sous-dimensionné pour tout le stock d’APF.

L’export en plein boom

Cette exiguïté toute relative oblige déjà l’entreprise à louer un entrepôt supplémentaire à Anvers depuis le 15 décembre pour y placer son stock dédié à l’export, toute cette activité étant centralisée en Belgique. Trente-huit pays sont ainsi desservis depuis le Plat Pays, dont les Émirats Arabes Unis, Singapour et la Chine. Mais aussi la Scandinavie et les pays des Balkans.

« En revenant d’Automechanika Dubaï, nous avons eu le sentiment que nous pouvions doubler le chiffre d’affaires en 2023 si seulement nous pouvions constituer des équipes suffisamment structurées pour le marché export. Le problème reste de trouver le personnel car le secteur souffre d’une pénurie », déplore Jürgen Sonck.

Une conjoncture propice

En 2022, la société comptait 105 employés en Belgique et 165 au total, mais il lui en faudrait encore davantage pour exploiter tout le potentiel du marché de la pièce d’origine, sur lequel elle s’est taillé une position de poids lourd européen. Malgré l’inflation très forte que connaissent les pièces de carrosserie des constructeurs sur tous les marchés, la conjoncture est plus propice que jamais au développement de l’activité des distributeurs qui, comme APF Autoparts, ont choisi d’en faire leur principal business. D’une part parce que toujours plus de marques automobiles se déchargent du travail de stockage. Et d’autre part, parce que l’augmentation des prix alimente mécaniquement la hausse du chiffre d’affaires. Le nombre d’accidents reste pourtant stable, comme le confirme Jürgen Sonck.

« Les chocs sont certes moins violents, mais la valeur des pièces augmentant, le chiffre d’affaires progresse fort. » Les ADAS – capteurs, caméras qu’APF vend également dès qu’ils entrent au catalogue des marques – n’y sont pas étrangers. Et le taux de service légèrement en retrait par rapport à la période précédant la pandémie de Covid-19 ne pose aucun problème. « Les années 2020 et 2021 ont fait tomber le taux de service en dessous de 90%, mais il est depuis revenu à ce niveau. Le marché considère désormais acceptable un tel taux, alors qu’il fallait 93 ou 94% minimum avant 2019 pour satisfaire le client », confesse le CEO d’APF.

Romain Thirion
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