Argentine : l’inflation met le marché sous pression

Jérémie Morvan
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Bosch Car Service Argentine

À une inflation galopante d’environ 150 % sur un an, le marché argentin doit aussi composer avec une politique monétaire freinant considérablement les importations (interdiction du dollar).

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Et cela concerne les véhicules comme les pièces de rechange : « Entre 2019 et 2023, les ventes de VN sont passées d’un million à 400 000 unités. Les seuls véhicules vendus, dont plus de 30% sont des pick-up, sont fabriqués sur place. L’âge moyen, de 10 ans aujourd’hui, devrait passer à 12 ans dans trois ou quatre ans, tandis que 60% du parc roulant (10,5millions de véhicules) sera très bientôt sur la tranche d’âge comprise entre 10 et 20 ans », déclare Florencia Delucchi, directrice Argentine de GiPA. L’IAM, qui représente plus de 80% du marché de l’aftermarket, dispose donc d’un atout sérieux pour remporter la partie. Le problème, c’est de trouver la pièce ! « Celui qui a, c’est celui qui vend ! », résume la directrice pour l’Argentine. Cette pénurie associée à l’inflation donne une dimension particulière à Internet : « Si les Argentins sont assez traditionnels pour l’entretien de leur véhicule, en déléguant aux professionnels, ils sont de plus en plus nombreux à utiliser MercadoLibre, l’équivalent d’eBay en Amérique du Sud. Toutefois, la plateforme sert davantage de référentiels de prix qui bougent d’un mois sur l’autre que de réel sourcing pour les pièces », note Florencia Delucchi !

Des réseaux encore embryonnaires

Le pays compte très peu de réparateurs sous enseigne. Hormis Bosch Car Service, qui compte 250 points de service, les réseaux multimarques n’en sont qu’à leurs balbutiements : « Stellantis a racheté 12 centres Norauto l’été dernier et, en parallèle, développe le réseau Eurorepar Car Service avec actuellement 20 à 25 points de vente. Pirelli a de son côté développé un petit réseau d’environ 25 pneumaticiens implantés près des centres commerciaux. Les initiatives s’arrêtent là… », explique Florencia Delucchi. Nombreuses sont les très petites structures (50 % des garages compte deux employés seulement), peu enclines à se plier aux standards d’un réseau d’entretien, lorsqu’il ne s’agit pas de petits entrepreneurs réalisant des prestations d’entretien « de la main à la main », passant sous les radars de l’administration fiscale et tirant de facto les prix vers le bas… La priorité pour un réparateur argentin est de gérer l’urgence du quotidien : où trouver ses pièces alors que les approvisionnements sont erratiques ? Comment financer l’acquisition ou le renouvellement de l’équipement de garage dans un contexte ultra-inflationniste ? Sans même évoquer les formations indispensables pour suivre l’évolution technologique… « Ce dont l’Argentine a besoin aujourd’hui, c’est de visibilité », conclut la directrice GiPA pour l’Argentine.

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Jérémie Morvan
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